The Goon is back ! Après de longs mois d’absence pendant lesquels Eric Powell, le créateur de la série s’est attelé à divers autres projets (The Buzzard, Chimichanga, le film d’animation The Goon…), voici enfin le retour de notre brute au béret préférée avec The Goon #34. Pas de reboot, relaunch ou autres ici, on reprend les choses où on les avait laissées.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore cette série, elle pourrait être résumée ainsi : The Goon et son acolyte déjanté Frankie y démolissent divers monstres dans des aventures entre polar noir, horreur et loufoquerie. Oui, c’est aussi simple que ça. Depuis sa création, The Goon a toujours revendiqué son statut de série simple et jubilatoire. Mais au fil des numéros Powell avait aussi su créer un univers riche, avec des personnages plus fouillés qu’il n’y paraissait à première vue et des scenarii réservant de grands moments d’émotion (l’arc Chinatown est un excellent exemple). Et il avait réussi à faire tout cela sans jamais trahir son credo de départ.
Mais assez parlé du passé, intéressons nous maintenant plus en détail à ce numéro. Dès la couverture, le ton est donné : le Goon est toujours fidèle à lui-même et ce coup-ci ce sont les vampires emo étincelants de Twilight qui vont en prendre pour leur grade. La séquence est aussi drôle et efficace qu’on pouvait s’y attendre. Mais dès la cinquième page, Eric Powell prend ces attentes à contre pied justement, via un aparté brisant le quatrième mur que Deadpool ne renierait pas. L’auteur nous annonce à travers son personnage qu’il n’a pas envie de succomber à la facilité en nous offrant 22 pages de tabassage des sosies de Robert Pattinson. La véritable histoire peut alors commencer. Et c’est là que les choses se gâtent un peu.
Finalement The Goon sera opposé à une fillette se transformant en monstre. On retrouve avec plaisir la bande d’orphelins psychopathes servant de sidekicks occasionnels, une bonne bagarre bien bourrine et des répliques et autres idées complètement barrées à presque toutes les pages. De la façon dont les orphelins s’y prennent pour que le Goon aille s’occuper du monstre aux dialogues pendant la bagarre, pas de doute, on est bien en présence de tout ce qui fait l’attrait de la série. Alors pourquoi cette légère réticence de ma part ? Et bien justement parce qu’on est face à une aventure qui fait un peu déjà vue. Le Goon démolit un monstre. Point final. Il lui manque le petit je ne sais quoi qui fait la différence entre simple et simpliste, la fraîcheur des premiers jours. En fin de compte, Eric Powell a tout de même opté pour la facilité en nous livrant une histoire archétypale, un vade-mecum du Goon. Alors ça reste très bien fait et même assez efficace, mais l’auteur a prouvé qu’il était capable de tellement plus qu’on ne peut s’en satisfaire.
Par contre au niveau du dessin rien à redire. Comme toujours Eric Powell s’occupe de tout, des crayonnés aux couleurs, et c’est magnifique. Des personnages au look quasi-réaliste côtoient avec bonheur d’autres qui semblent tout droit sortis d’un cartoon. Le monstre est répugnant à souhait. Les visages sont expressifs, les mises en page soignées et claires. L’action est impeccablement rendue. Les arrières plans sont superbes. Les couleurs, fidèles à la palette caractéristique de la série, ont toujours leur sublime côté aquarelle. Bref c’est du grand art.
The Goon signe donc un retour gagnant en faisant du The Goon. Univers barré, action décomplexée, répliques cultes et dessins magnifiques, tout y est. Hélas il y a ce petit côté déjà-vu qui vient un peu gâcher la fête. Si ce numéro avait été le premier de la série, il aurait eu un demi-point de plus. Mais Eric Powell nous a déjà montré ce tour, et la magie opère moins la seconde fois. Gageons cependant que ce n’est là qu’un tour de (ré)chauffe pour le talentueux auteur, et qu’il saura nous enchanter à nouveau dans les mois à venir.
Les plus : The Goon est bien de retour
Le dessin est toujours aussi superbe
Sparkly vampires ?! Are you fucking shitting me ?!
Les moins : Une histoire qui joue la carte de la facilité
Les notes
Scénario : 3/5
Dessin : 5/5
Globale : 4/5