Sorti depuis le 22 Juillet dernier aux Etats-Unis et projeté
uniquement dans 2 longues semaines et demi en France, Captain America :
The First Avenger est la dernière production Hollywoodienne majeure adaptée de Comics en 2011.
Après un Thor qui divise (encore) énormément, X-Men : First Class qui dresse
peu ou proue le même bilan en mieux et Green Lantern qui frise la
correctionnelle, le premier Vengeur était appelé au front pour ne pas faire
sombrer l’année 2011 dans le carcan de celles que l’on ne retiendra que pour
leur bilan moyen pour ne pas dire plutôt médiocre…
De Brooklyn aux tranchées Françaises, Steve Rogers a donc eu l’occasion de
parcourir le monde en saveur le temps de 2 heures, de pur bonheur ?
Nous, lecteurs de Comics, ne le savons que trop bien :
les blockbusters Hollywoodiens, qu’ils soient adaptés d’une maison d’édition ou
d’une autre, font rarement la part belle aux fans de la première heure. La
triste réalité est que c’est le grand public, et seulement lui, qui fait le
succès commercial d’un film à l’heure où le succès critique n’est plus
nécessairement une fin en soi pour la plupart des studios.
Habitués aux adaptations brutales, pour ne pas dire barbarisées, nous avons su
nous faire une raison au fil du temps et nous contenter des 3-4 caméos laissés
ça et là par la production pour ne pas se fâcher avec ceux qui ont fait des
héros en collant le succès qu’ils sont aujourd’hui.
Et si Captain America changeait enfin la donne ? Certes, le film ne présente à aucun moment
une transposition de Bande Dessinée à l’écran, mais celui-ci distille tout au
long des 2 heures suffisamment de clins d’oeils aux lecteurs pour se les mettre
dans la poche (que nous ne vous révèlerons évidemment qu’au Podcast du 18 Août
pour ne gâcher aucune surprise) : premier bon point.
L’autre chose qui appuie là où ça fait du bien, c’est le respect du King Kirby.
De la reprise trait pour trait de sa couverture historique de Captain America
Comics #1 ou des codes graphiques qui ont façonnés le super-soldat, Jack Kirby
est présent tout au long de l’aventure aux côtés de la sentinelle de la liberté
pour le plus grand bonheur des aficionados en mal de reconnaissance envers les
auteurs légendaires au cinéma.
Pour aborder les points concrets maintenant, et commencer par ce qui fait de
Captain America un bon film, il faut noter l’auto-respect
(congratulation ?) du réalisateur Joe Johnston (Rocketeer, Jumanji…)
envers sa carrière et ses aînés, puisque c’est une avalanche de clins d’oeils à
Star Wars (franchise pour laquelle il a été en charge des effets visuels et
créateur de nombreux personnages tels que les Ewoks) et à Indiana Jones que le
natif du Texas propose à son audience, que ne manqueront pas de noter les
amateurs de l’épisode 6 de la saga de George Lucas en particulier…
A l’heure où Super 8 s’évertue à en faire un cheval de bataille, Captain
America est alors un réel hommage aux films de notre enfance et est construit
comme les meilleurs épisodes des franchises respectives de Steven Spielberg et
George Lucas, trouvant une légitimité toute particulière à son titre
« d’Indiana Jones super-héroïque » !
S’il est construit avec un classicisme aussi déconcertant qu’efficace, le film
peut également compter sur un casting parfaitement choisi, du très pro’ Chris
Evans qui se fond dans son rôle avec passion à la très belle Hayley Atwell (Peggy
Carter) et son accent « so british » en passant par un Hugo Weaving impressionnant de charisme dans la peau de Crâne Rouge .
Dernier bon point à mettre au crédit du film : son introduction et sa
conclusion, faisant le lien avec LA production de 2012 (The Avengers) à
merveille, sans trop vouloir brusquer les choses. En ce qui concerne la scène
post-générique, vous l’avez probablement déjà tous vus aujourd’hui, mais ne
vous la passez pas en boucle et gardez un minimum de surprise pour la découvrir
en excellente qualité en salles le 17 Août, elle en vaut la peine !
Si le film plait et semble trouver son public en jouant
parfaitement la carte de la nostalgie et en mêlant avec habileté le genre
super-héroïque et le film de guerre (en se permettant d’ailleurs de glisser un
joli message politique en caricaturant la propagande de l’US Army), il n’est
pourtant pas exempt de défauts…
Ainsi, d’un manichéisme poussé à l’extrême (et son tableau faisant des gentils
les gentils les plus gentils et des méchants de vrais gros vilains fascistes)
ou d’une 3D purement et simplement insupportable (en considérant le fait que
vous pourrez retirer vos lunettes et profiter du magnifique soin apporté aux
couleurs « seconde guerre
mondiale » travaillées par les équipes post-production), le film ne fait
pas figure de sauveur d’une année 2011 qui aura décidément peiner à livrer un
chef d’œuvre. Rassurez-vous, le film fait bel et bien office de meilleure
adaptation de l’année sans coup férir, mais des effets spéciaux inégaux et des
scènes combats écourtés pour laisser la place à quelques très légères longueurs
auront tendance à éveiller les soupçons de spectateurs aguerris après 3
antécédents ces 6 derniers mois !
Enfin, question scénario, la fin peut sembler abrupte (bien
moins que celle de Thor si le temps est aux comparaisons) et le cube cosmique,
convoitise absolue de l’Hydra au cours du film, pose finalement plus de
questions qu’il n’en résout et prépare un retour franchement mystérieux pour lecrossover événement de l’année
prochaine…
Autre petit détail pinailleur : Howard Stark (si bien campé par Dominic
Cooper qu’il est) trentenaire en 1939 père d’un Tony Stark à peine plus vieux
en 2008 ? Oui, mieux vaut appliquer la même politique que dans les Comics
et compresser le temps à loisir pour justifier cet écart…
Les premières
aventures de Steve Rogers sont donc de l’acabit de celles qui font le bonheur
des marchands de Coca-Cola et de Pop-corn, tout en parvenant à se mettre les
lecteurs de Comics dans la poche.
Classique et généreux dans le fond comme dans la forme, le film ne déçoit pas
et déroule à merveilles le tapis rouge pour The Avengers, bien aidés par un
casting 5 étoiles et sérieux du début à la fin, à l’image des combattifs
Howling Commandos et du « patron » Tommy Lee Jones.
Mieux que Thor, au coude-à-coude avec X-Men : First Class et des années
lumières devant Green Lantern, le film introduit donc à merveilles un autre personnage
moins connu du grand public et a le mérite de rendre une copie presque
admirable tant le combat n’était pas gagné d’avance. A l’instar d’un
Spider-man, le film offre une belle tranche de manichéisme, de romance et
d’héroïsme sans tergiverser, de quoi finir l’été en beauté aux côtés du Super
Soldat !
A voir en salles et en 2D le 17 Août.