Ces dernières années, le genre Western a vécu un retour en grâce indéniable. 3:10 to Yuma, True Grit, L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, et j'en passe. Chacun de ces films a su attirer son lot de têtes d'affiche et réinterpréter les codes qui ont fait le succès du genre à la belle époque. Ainsi, parier sur l'adaptation de l'obscur graphic novel Cowboys & Aliens n'est pas un choix si incongru qu'il y paraît au premier abord. Après un très mauvais Iron Man 2 qui a valu à Jon Favreau son départ de la franchise, le choix du réalisateur lui a-t-il permis de rattraper le tire ?
Jon
Favreau est capable du meilleur comme du pire. L'équipe derrière
lui aussi. On y retrouve les bons potes de J.J.
Abrams
que sont Alex
Kurtzman
(Mission
Impossible : III, Fringe), Damon
Lidelof (Lost, Star
Trek)
et Roberto
Orci
(Alias, Transformers)
à la production et au scénario. Geeks absolus s'il en est, ces
derniers ont malheureusement eux aussi connu de très bons et de tout
aussi mauvais jours dans la production audiovisuelle (quoique Damon
s'en tire plutôt bien à ce jour...). Niveau casting, même constat. Daniel
Craig
est
sympa mais n'est pas non plus un prodige. Harrison
Ford
est
un acteur de légende mais est capable de grosses erreurs (le dernier Indiana
Jones...).
Quant à Olivia
Wilde, elle
a
beau être séduisante et être capable de citer Meryl
Streep
et Sigourney
Weaver
comme
ses sources d'inspiration, elle est encore loin de leur niveau.
N'empêche
que voir tout ce beau monde réuni sur un projet aussi délirant, on
a envie d'y croire.
Quelque part le problème est aussi là . Ce qui sonne comme un film particulièrement déjanté au titre a l'air de se prendre un peu trop au sérieux. La communication autour du film semble pointer du doigt le fait qu'en mettant les pieds dans la salle, on n'est pas prêt d'assister au moment cinématographique le plus fun de l'été. En ce sens, les propos de Favreau qui dit avoir choisi Craig et Ford afin que le film ne soit pas perçu comme une comédie n'aident pas à se rassurer. Aussi, qui peut avoir envie d'acheter une place pour un film nommé Cowboys & Envahisseurs si ce n'est pas pour déconner un bon coup ?
C'est avec toutes ces inquiétudes au ventre que je me suis rendu à la projection. Résultat ? Un bon moment de divertissement ! L'intrigue est des plus légères mais sait totalement l'assumer. Daniel Craig a toujours son James Bond dans la peau et il n'en fallait pas plus. Il bondit comme un cabri sur tout ce qui bouge, distribue des baignes comme ce n'est pas permis, exhibe ses muscles à outrance et incarne à lui seul toute la violence décontractée de l'époque telle qu'on aime à se la représenter. Quant à Harrison Ford, son jeu est précis. Le bonhomme est vraiment bon. Son interprétation d'un Caïd local craint par toute une région, marqué par la guerre et profondément humain ne saurait avoir trouvé meilleur interprète. Jon Favreau l'avait choisi pour son côté John Wayne. A la sortie du film, s'empêcher de comparer les deux légendes relève du tour de force.
Visuellement, on n'est pas déçu. Le réalisateur sort tout juste d'Iron Man et ça se sent. En témoigne le bracelet très « Ironmanesque » que porte Daniel Craig tout le long du film et qui lui permet de casser de l'extra-terrestre. Ces derniers font d'ailleurs monter la tension juste ce qu'il faut avant de se décider à apparaître à l'écran. Si la production n'a laissé filtrer aucun visuel des envahisseurs, ce n'est pas sans raison. Ils sont bien pensés et juste assez effrayant pour réussir à faire sursauter ma voisine de siège par moments.
Acteurs qui font bien leur boulot, effets spéciaux à la hauteur, mais surtout une ambiance Western qui n'a pas besoin de tomber dans le sépia pour être crédible. L'intrigue a beau tenir sur un ticket de métro, le film est rythmé par tous ces petits éléments d'époque qui nous rappellent au Far West sans aucune réserve. Rivalités blancs/peaux rouges, ruée vers l'or, shérif et hors-la-loi dénués de sens moral. Le côté Science-fiction sait se faire oublier quand il le faut et les cowboys sont loin d'être un simple prétexte aux fusillades décomplexées qui sont tout de même présentes au rendez-vous.
Le trio principal est soutenu par une panoplie de seconds couteaux de taille. Sam Rockwell (Frost/Nixon, l'heure de vérité,Moon), Keith Carradine (Dexter,Dollhouse) et Clancy Brown (Carnivà le,The Informant !) apportent, chacun à sa façon, une dimension supplémentaire à ce que pouvait impliquer le fait de vivre à cette époque. Pour les fans, l'apparition de Walton Goggins (The Shield,Justified) n'est quant à elle pas à la hauteur de ce à quoi le comédien nous a habitué sur petit écran. Au-delà de cette déception toute personnelle à côté de laquelle beaucoup passeront, il reste important de souligner les longueurs dont le film peut être victime. Elles existent, mais représentent le seul vrai point noir de cette histoire. Une histoire qui aura su éviter l'écueil de la romance à l'eau de rose entre les deux protagonistes de sexes opposés.