Il y a quelques mois nous vous présentions le premier numéro de la mini-série Gates Of Gotham co-écrite par Scott Snyder (Detective Comics, American Vampire) et Kyle Higgins, avec des dessins de Trevor McCarthy (Nightwing). Alors que le tant attendu rebaunch DC est enfin arrivé, jetons donc un ultime regard en arrière afin de savoir si cette mini au début si enthousiasmant a tenu toutes ses promesses.
Autant ne pas faire durer un suspens artificiel (après tout vous avez vu la note en haut de la page), la réponse est oui. Et de quelle manière ! Parce que cette série a clairement dû composer avec les impératifs du calendrier éditorial pour être terminée à temps pour le rebaunch. C’est du moins ce que laissent supposer l’arrivée du débutant Ryan Parrott en tant que co-scénariste à partir du troisième numéro ou encore la division du travail quasi fordiste au dessin (on y reviendra).
La répartition des taches entre Snyder et Higgins (et Parrott donc) était simple : le premier s’occupait de la trame de l’histoire, les deux autres du script et des dialogues. Et Scott Snyder nous a sorti le grand jeu. Comme on l’a vu dès le premier numéro, Gates Of Gotham, c’est l’histoire secrète de Gotham. En alternant entre passé et présent, on y apprend comment la sombre cité est devenue cette métropole gothique où les gratte ciels percent les cieux. De nos jours, le mystérieux vilain The Architect poursuit une vendetta meurtrière contre les familles à l’origine de la naissance de la Gotham actuelle : les Wayne, les Elliot et les Cobblepot. Des noms familiers pour les habitués de l’univers de Batman. Dans le passé on suit la destinée de Nicholas et Bradley Gates (et oui, le titre de la série est un jeu de mot bien trouvé et brillamment amené). Les deux demi-frères sont les architectes qui ont bâti Gotham sous le parrainage d’Alan Wayne, Edward Elliot et Theodore Cobblepot. Entre rêves d’enfant, ambition démesurée, trahison, tragédie et vengeance, l’histoire est rondement menée. Riche en rebondissement jusqu’à sa conclusion satisfaisante, elle est un régal de bout en bout. Les séquences au passé et au présent s’entremêlent selon un rythme impeccable. De même l’alternance entre scènes d’action et révélations est parfaite. Bref, pour une histoire réalisée à quatre (puis six) mains, elle fait preuve d’une belle cohérence.
Le second point fort en termes d’écriture, c’est le traitement des personnages. Alors que c’était l’un des rares bémols à apporter au premier numéro, les auteurs corrigent brillamment le tir. Dick Grayson (qui joue les Batman à la place de Bruce Wayne dans cette histoire) redevient lui-même, passant moins pour un inculte et découvrant quand même les secrets de Gotham avec les lecteurs. Le reste de la Bat-family (Red Robin, Black Bat, Robin) est très bien traitée. On voit la maturité de Tim Drake (ex-Robin) et sa complicité avec Dick. Damian (le nouveau Robin) est délicieusement sale gosse mais sans verser dans la caricature. Et Black Bat (Alias Cassandra Caine, ex-Batgirl) est un ajout bienvenu. Son côté « outsider mais pas vraiment » rend ses interactions avec le reste de la bande intéressantes. Surtout avec Damian. Les vilains intervenants sont aussi bien faits, qu’il s’agisse du Pingouin ou de Hush. Seul The Architect ne marquera pas forcément les esprits par lui-même. Il incarne bien la vengeance des Gates, mais pas plus. Enfin, on soulignera la qualité de la narration par Kyle Higgins. Discret lors du premier numéro, l’auteur s’affirme et les « voix » qu’il trouve pour Nicholas Gates et Dick Grayson sont des plus réussies. Et ses dialogues sont efficaces.
Au dessin on a dû avoir droit au même chaos éditorial que pour le scénario. D’où l’intervention de Graham Nolan (Detective comics, X-Men Forever) qui assure tous les découpages à partir du numéro 3. Et il s’en tire bien. De même Dustin Nguyen (Detective Comics) joue les fill-ins de luxe au numéro 4. Et malgré tout ça, la mini reste visuellement cohérente. Et très belle. Trevor McCarthy confirme tout le bien qu’on pensait de lui au premier numéro. Sa Gotham est superbe et ses personnages très réussis. The Architect a un look steampunk génial et le Pingouin un style cartoony qui lui sied bien. Nguyen s’intègre parfaitement (logique quand on voit les similitudes entre son style et celui de McCarthy, qu’il a sûrement influencé). Les couleurs de Guy Major, très réussies (avec des palettes différentes selon qu’on soit dans le passé ou le présent), achèvent de donner du liant à l’ensemble.
Bref Gates Of Gotham est une réussite exemplaire. Très bien écrite et dessinée malgré une multitude d’intervenants et des contraintes calendaires, cette mini-série mérite qu’on s’y attarde avant de jeter un œil aux New 52. Du grand Snyder (et Higgins, et McCarthy, et Parrott et Nguyen, et…)
Les plus : L’intrigue
Le traitement des personnages
Les dessins (notamment les couleurs)
Les moins : The Architect, joli mais pas inoubliable
Qui est-ce qu’on crédite pour dire que c’est génial ?
Notes
Scénario : 4,5/5
Dessins : 4/5
Globale : 4,5/5