Les lecteurs les plus assidus de Comicsblog le savent : nous accordons une importance toute particulière à ceux que l'on appelle "les travailleurs de l'ombre". Ces gens qui n'apparaissent que trop rarement dans les crédits de couvertures et dont les noms sont certainement moins vendeurs que ceux des scénaristes et des dessinateurs stars. Bien sûr, il arrive que cela change, on a par exemple récemment vu Scott Williams crédité sur la couverture de Justice League #1 aux côtés des plus vendeurs Geoff Johns et Jim Lee, mais c'est une fois de plus l'exception qui confirme qui la règle, malheureusement.
Ayant développé les aspects techniques et les évolutions des pratiques de chacun, des lettreurs aux encreurs en passant par les coloristes et les différences entre éditeurs V.O et éditeurs V.F, dans le Podcast que nous avons consacré à ces hommes sans qui rien ne serait possible, nous revenons ici sur ce qui fait le sel de leur profession au fil de définitions, tout en ne manquant pas au passage de choisir ceux qui, selon nous, sont les meilleurs dans leur partie :
Coloriste : Le travail du coloriste consiste, comme son nom l'indique, à la mise en couleur soit de la couverture d'un comic-book, soit des pages, soit dans la plupart des cas, des deux.
Il doit ajouter de la couleur suivant une palette déjà définie au préalable sur des pages en noir & blanc et respecter l'ambiance de l'histoire. De ce fait, il ne devra pas utiliser de couleurs vives et lumineuses si l'atmosphère doit être sombre et pesante, par exemple. Encore jusqu'au milieu des années 90, cette opération se faisait à la main et au pinceau directement sur les planches originales du dessinateur sur lesquelles était déjà passé l'encreur. Mais depuis, l'outil informatique a fait son apparition et la colorisation se fait désormais par ordinateur. Ce qui permet un plus grand choix au niveau de la variation des couleurs et de rajouter, aussi, certains effets graphiques qui étaient alors impossibles (ou presque) à réaliser avant sur les pages encrées, rendant plus de profondeur au dessin. Il faut savoir que depuis l'émergence de l'informatique, le statut de coloriste a permis d'élever certains d'entre eux au rangs de stars tout comme le sont devenus certains scénaristes ou dessinateurs.
Quelques excellents coloristes : Laura Martin, Peter Steigerwald, Alex Sinclair.
Éditeur V.F. : Contrairement à l'éditeur VO, il doit plutôt chercher et déterminer quels titres VO publier puis, les coordonner les uns avec les autres et enfin, faire en sorte que les dates de sortie n'aient pas trop de décalage avec la VO ainsi que garder un certain ordre de publication entre chacun de leurs titres. Là où son travail rejoint celui de l'éditeur VO, c'est quand il doit, lui aussi, trouver des équipes pour les étapes qui viennent se greffer en plus des autres dans l'élaboration d'un comic-book (traduction, lettrage, etc...).
Quelques éditeurs marquants : Thierry Mornet, Olivier Jalabert
Éditeur V.O. : Il doit permettre une certaine concordance dans toutes les étapes de la création d'un comic-book (du simple synopsis jusqu'à l'impression tout en passant par la colorisation et le lettrage). En effet, l'éditeur devra garder en vue ce bon déroulement pour que les délais soient respectés et qu'il n'y ait pas de retard dans les dates de publication. De plus, il devra faire très attention pour garder une certaine cohérence entre les titres d'un même groupe dont il s'occupe dans un souci de bonne continuité d'ensemble entre chacun d'eux.
Quelques éditeurs marquants : Stephen Wacker, Tom Brevoort, Eddie Berganza.
Encreur : Étape intermédiaire qui se situe juste entre celle du dessin et celle de la colorisation, l'encrage consiste à reprendre les crayonnés du dessinateur et à les appliqués en noir & blanc. Il existe plusieurs façon d'encrer : soit traditionnellement à la main, soit par ordinateur. La première permettait à l'encreur de pouvoir y ajouter son propre style sur celui du dessinateur. Quand l'opération était bien faite, il était tout à fait possible de différencier chacun des deux artistes sur le rendu final des pages d'un même comic-book. Aujourd'hui, l'encrage à la main a tendance à être de moins en moins présent et commence à laisser la place à l'outil informatique. L'avantage d'informatiser cette étape permet de garder intactes les planches originales des dessinateurs. En effet, il s'est déjà vu par le passé que le travail de l'artiste se trouve diminué suite à un encrage pas toujours du plus bel effet. De plus, après avoir scanné le travail du dessinateur, l'encreur a la possibilité de pouvoir faire des agrandissements et de respecter parfaitement son trait tout en ayant une palette d'outil, via les logiciels adéquats, toujours plus variée. Enfin, il arrive que l'étape de l'encrage soit remplacée par le renforcement par ordinateur purement et simplement des crayonnés du dessinateur.
Quelques excellents encreurs : Scott Williams, Jason Gorder, Jimmy Palmiotti.
Lettreur : Le travail du lettreur consiste à intégrer les dialogues et autres types de texte sur les planches d'un comic-book sans que cela vienne altérer la mise en page définie par le dessinateur. C'est l'une des étapes les plus importantes dans son élaboration. Soit, le lettrage doit rester neutre et passer inaperçu, soit, il devient un réel élément graphique. D'ailleurs, dans ce dernier cas, beaucoup d'éléments rentrent en compte dans cette étape comme la taille de la police de caractère, le style utilisé ou encore, où placer le texte qui sont autant de choses nécessaires à son élaboration. En effet, le style de la police utilisée doit correspondre et se fondre avec l'atmosphère de l'histoire racontée. Elle devient de plus en plus un élément graphique venant agrémenter l'aspect final d'un comic-book. Et puis, le lettreur acquiert une certaine importance dans la création d'un comic-book. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'au même titre qu'un dessinateur, un encreur ou un coloriste, le travail d'un bon lettreur est reconnaissable au premier coup d'oeil.
Quelques excellents lettreurs : Josh Reed, Troy Peteri, Joe Caramagna.
Traducteurs : Pour lire nos chers comics en version française, une étape supplémentaire est nécessaire. Hé bien oui, pour lire des comics dans la langue de Molière, on doit passer par la case traduction. Le travail d'un traducteur ne se contente pas d'être une pure et simple retranscription littérale du texte d'origine, loin de là. Il doit savoir l'adapter, voire même dans certains cas l'interpréter sans en perdre l'essence même de l'histoire. Pourquoi ? La réponse est on ne peu plus simple. Une phrase écrite en anglais sera plus courte que la même écrite en français. Mais, le texte dans la VF d'un comic-book doit utiliser la même place que celle du texte en VO. Alors voilà pourquoi, le traducteur doit savoir s'adapter tout en gardant l'esprit et sans dénaturer l'histoire de départ.
Quelques traducteurs marquants : Jérémy Manesse, Edmond Tourriol, Alex Nikolavitch.
Après avoir évoqué ces postes tous intimement liés aux Comics en bonne et due forme, nous reviendrons plus tard sur les différents grades que l'on peut trouver chez Marvel et DC et tout ces termes barbares tels que "CCO", "E-i-C" et j'en passe !