Enfin ! A un numéro de la fin, Schism prend tout son sens et la fracture s'ouvre. Après trois épisodes passés à mettre chaque élément en place, à faire monter la sauce, Jason Aaron nous livre enfin la rupture que l'on attendait tant. Le quatrième chapitre de l'évènement mutant nous est arrivé sous la forme de X-Men Schism #4 et Generation Hope #11 et comme pour le troisième nous vous proposons une review groupée. Vous l'aurez compris, l'histoire mutante est en marche !
Une Sentinelle géante se dirige vers Utopia pour
raser l'île mutante. Cyclope veut défendre son petit royaume et
rassemble ce qui lui reste de son armée, une bande de gosses, afin
de faire face. Wolverine, lui, veut évacuer l'île et éviter de
sacrifier l'innocence de la jeune génération. Le dernier numéro
était rythmé par une tension omniprésente qui annonçait du lourd
pour la suite. Celui-ci est possédé par la rage. La rage de Cyclope
de s'être fait berné, de se rendre compte qu'il existe plus fin
stratège que lui et qu'il n'a été qu'un pion. La rage de son
impuissance face à la créature d'acier se dressant face à lui. La
rage de Wolverine qui lui aussi fait face à son impuissance, son
incapacité à préserver l'innocence des plus jeunes.
Cette
rage, l'incompréhension la nourrit, la fait grossir jusqu'à
l'explosion. L'urgence de la situation, le désaccord sur l'avenir du
peuple mutant et la résurgence de rancoeurs personnelles sont les
combustibles de ce feu qui consume chacun des deux protagonistes.
Au fil de ce numéro le lecteur réalise que (presque) rien
de ce que Aaron a posé sur la table n'a été inutile. Chaque page
rappelle au génie de l'architecte de la Maison des Idées et
témoigne du savoir-faire de Alan Davis. L'artiste rend le désespoir
palpable, fait vivre la colère et donne la preuve qu'il était celui
qu'il fallait pour ouvrir à Adam Kubert la porte du grand final à
travers les 6 dernières pages qui signent la fin d'une époque.
Les affreux chérubins à l'origine de la machination
diabolique qui coûte aux mutants leur stabilité se sont même
effacés du tableau et ça fait plaisir. Bien entendu, à n'en pas
douter nous les retrouveront. Mais pour l'heure, Aaron et Davis
signent un sans faute. Le seul point noir de l'histoire ne vient
d'ailleurs pas des auteurs eux-mêmes. En effet, une fois la
conclusion lancée sur les rails, il devient clair que le Prelude
n'aura été rien d'autre qu'une réflexion poussée sur chacun des
personnages et que la fameuse scène dont nous avons été témoin à
quatre reprises n'a aura jamais lieu.
Plus
que jamais X-Men
Schism ne fait de la place pour personne d'autre que Scott et Logan.
Heureusement, Generation Hope est là pour rattraper le tir et nous
éclairer sur le futur. Ainsi, quand le titre central de l'event
parle de frustration, de rage et de déception, cet épisode nous
parle d'avenir. Un avenir qui ne s'annonce pas des plus radieux.
Le
dernier numéro poussait à s'interroger sur la suite des événements
pour la jeune Idie. Celui-ci renvoie à l'avenir du reste du groupe.
Les retombées de Schism vont frapper de plein fouet l'univers mutant
dans son ensemble. Cet épisode de Generation Hope donne un
avant-goût de la violence du conflit idéologique qui va parcourir
les différents titre X.
La question fondamentale à
l'origine de l'existence des X-Men et qui a par moments été perdu
de vue revient en force : Comment répondre à la haine du
monde ? De façon très naturelle, sans avoir à se cacher
derrière l'un ou l'autre des deux protagonistes de X-Men Schism, les
cinq lumières et leur leader en viennent aux mains tant les mots ne
parviennent pas à recouvrir le gouffre qui sépare leurs points de
vue.
Ce
numéro achève donc ce que le précédent avait commencé. Idie ne
sera pas la seule mutante sur laquelle il faudra garder un œil.Laurie et Kenji ont beau ravaler leur fierté et se ranger du côté
de Hope pour affronter la menace qui se dresse face à eux, chacun
laisse transparaître ses plans pour l'avenir. Deux fortes
personnalités émergent et laissent présager un avenir sombre pour
l'équipe.
Kieron Gillen poursuit donc ici son récit chargé
d'émotion. Tributaire de l'histoire contée par Aaron, il sait s'en
démarquer et offrir bien plus qu'un complément d'informations. De
son côté Tim Seeley offre des dessins honnêtes mais pas
éblouissant non plus. Les diverses émotions affichées sur les jeunes
visages sont bien rendues, mais même s'il n'en faut pas forcément
plus, on n'aurait tout de même pas craché sur un peu plus de
finesse.
Comme annoncé, deux points de vue fondamentalement opposés se percutent de plein fouet à l'approche de la fin de l'événement. Comme annoncé, chaque point de vue se tient. Les deux titres développent autant d'arguments en faveur de l'un et l'autre des partis. Comme les mutants, le lectorat va irrémédiablement se trouver diviser en deux camps. Une nouvelle fois la lecture des deux numéros est nécessaire à la totale compréhension des enjeux et des dynamiques qui émergeront à la sortie de l'event. Les deux récits sont plein d'émotions et valent le détour rien que pour tous ces plans de Sentinelle géante traversant l'océan en silence comme si de rien n'était pendant que nos héros se mettent sur la gueule. Vivement la suite.