Deux
jours que Superman #1 est sorti et en coulisse l'ensemble de la
rédaction lui crache dessus sans aucune retenue. Manu aurait su vous
venter les mérites soporifiques de cette « daube » comme Alfro aime à l'appeler. Malheureusement pour eux, c'est à moi
qu'est revenu l'honneur de critiquer ce premier épisode. En ces
temps troubles, j'ai donc pris la décision de risquer de me mettre
mes chers collègues à dos et de défendre ce titre. Mon premier
dilemme était de savoir quelle note attribuer à cet épisode. Parce que le
défendre d'accord, mais pas au prix de ma place de rédacteur. Un
4/5 était donc inenvisageable. Un 3/5 n'aurait cependant pas été
une prise de position assez forte. J'ai donc coupé la poire en deux.
3.5/5 pour un comic-book auquel beaucoup n'auraient pas attribué
plus de 2/5. Pourquoi ? Explications.
Cinq
années se sont écoulée depuis notre première rencontre avec ce
nouvel homme d'acier. Indéniablement ce titre est aux antipodes de
ce que Action Comics #1 nous a offert. Très peu d'action, beaucoup à
lire, et aux dires de certains, rien d'intéressant. Et pourtant. Cet
épisode nous propose donc un nouveau départ. Symboliquement, il s'ouvre sur la démolition du bâtiment historique du Daily Planet. Le quotidien a été racheté par un grand groupe
médiatique semblable à l'empire de Rupert Murdock. Un nouvel
immeuble est donc dressé pour servir de siège au journal qui menace
de perdre son âme. Le Daily Planet est au coeur
des aventures de Superman. Parler d'avenir du journalisme, d'importance de la
diversité des médias, ou encore de monopole fait donc sens.
L'action est donc moins décomplexée que Action Comics. Le
nouveau Clark n'en a pas pour autant perdu de sa superbe. Révolté
du rachat du Planet, le journaliste n'est pas effarouché quand il
s'agit d'afficher sa colère. En collant, le personnage reste dans la
lignée de ce que Morrison initie dans son titre. Impétueux et
présomptueux. Apparemment ses pouvoirs poursuivent toujours leur
évolution. La ville semble enfin s'être faite à l'idée qu'elle a
besoin de Superman. En soi, on en apprend peu sur le super-héros
mais beaucoup sur le reste du casting. Surtout sur la nouvelle Loïs
à laquelle le nouveau statu quo fait le plus grand bien. Célibataire
et pleine de répondant, elle fait tourner la tête d'un Clark dépité
pour lequel l'avenir ne s'annonce pas des plus radieux.
La narration ponctuée par le récit rétrospectif des évènements rédigé par Clark Kent pour le Daily Planet offre une certaine profondeur à l'histoire. Le tout est
rendu par un Jesus Merino en forme qui par moments tend vers
McGuiness au niveau des visages. Sous ses traits le nouveau costume
est beau et nous fait oublier sans regret le slip désormais mort et
enterré.
Ce standalone ne cède pas à la facilité. Pas de gros cliffhanger. Pas d'action à outrance. Une histoire qui se suffit à elle-même, qui pose les bases du nouveau statu quo et prend le temps de prendre le temps. Ce choix, loin d'être une mauvaise idée permettra certainement à la série d'évoluer à partir de bases solides posées dans ce premier numéro.