Schism
touche à sa fin et un constat indéniable s'impose. Jason Aaron a
rempli son contrat. Quatre épisodes durant il a fait monter la
sauce, parfois maladroitement, le plus souvent avec brio. A la fin du dernier épisode tout était en place. En soi ce dernier chapitre ne
nous réserve aucune surprise. Tout le monde en connaissait la fin
depuis des mois déjà. Il se contente de nous offrir un final
ahurissant. Aaron pose ici les bases de l'avenir mutant avec une
aisance et une précision déconcertante. Retour sur un numéro
historique.
A la sortie de ce final on ne peut s'empêcher de
peser le pour et le contre. On nous avait promis que tout ne serait
pas tout blanc ou tout noir et le pari est tenu. A l'heure où je
tape ces lignes, je ne sais toujours pas à qui donner raison. Le
pragmatisme de Scott ? L'idéalisme de Logan ? Même
l'arrogance incroyable de Cyclope ne saurait lui donner tort. Aaron
est définitivement devenu l'auteur le plus à l'aise du XXIeme
sur le personnage de Wolverine. Il parvient à faire de lui un
personnage tellement humain en l'espace de quelques plans bien
pensés. Le temps d'une conversation choque avec Idie et d'une
traversée des couloirs d'Utopia, on ne peut s'empêcher d'en vouloir
à Cyclope et de croire au rêve du griffu.
Les X-Men tels qu'ils ont existé sous Charles Xavier ne sont plus. La
grande famille a laissé place à une armée. L'innocence a disparu.
On a envie de revoir les beaux jours d'insouciance revenir et c'est
la promesse que nous fait Logan. Mais voilà, Scott a le meilleur des
arguments en sa faveur. Les X-Men ont changé parce que le monde a
changé. Les mutants sont un peuple en voie de disparition. Pour
combien de temps ? C'est une autre histoire.
Paradoxalement,
ce numéro pousse à la réflexion sans pour autant offrir grand
chose à lire. La moitié des pages de l'épisode offrent au lecteur
un spectacle qu'il a attendu plusieurs mois sans l'embarrasser d'une
quelconque narration. L'affrontement physique entre les deux protagonistes est
jouissif. Il est juste regrettable qu'il ait été publié dans son
intégralité à travers les previews diffusées par Marvel avant la
sortie du numéro. Heureusement l'action de ne s'arrête pas à ce
combat fratricide.
Encore
une fois, l'auteur se concentre sur le conflit opposant les deux
hommes forts de cette histoire et laisse de nombreuses questions en
suspend au sujet des autres mutants. Néanmoins, la maestria avec la
quelle Jason Aaron mène cette conclusion nous fait très vite
oublier les autres acteurs. Le one-shot X-Men : Regenesis
disponible la semaine prochaine expliquera les choix des différents
partis et achèvera d'ouvrir la porte au nouveau statu quo mutant. A
mon grand regret la nouvelle mouture du Hellfire Club sera
certainement de la partie. Pour le peu qu'on aperçoive les
instigateurs du plan ayant mené à la rupture entre Wolverine et
Cyclope dans ce numéro, je n'ai pu m'empêcher de me remémorer
leurs précédentes apparitions et de me demander très fort :
Pourquoi ? Allez savoir.
Jason Aaron nous a offert du
grand spectacle certes, mais tout le mérite ne lui revient pas.
L'autre artiste opérant sur le titre achève de lui donner toute sa
grandeur. Adam Kubert sait dessiner Wolverine et Cyclope. Ca tombe
bien, on ne voit presque qu'eux. Il était l'auteur qu'il fallait
pour mettre en image leur affrontement et illustrer la conclusion de
ce dernier chapitre. L'anatomie des autres personnages est parfois
discutable mais ce n'est pas ce détail qui déçoit. Le gros point
noir de X-Men Schism #5 repose entièrement dans le choix de
l'encrage numérique. Autant à certains moments la chose passe
inaperçue, à d'autres c'est grossier. Sur de trop nombreux plans
justice n'est pas rendue au trait de Kubert et c'est bien dommage
pour un épisode de cette envergure. Peut-être qu'à l'image des
deux premiers numéros ce cinquième chapitre a été victime de
délais serrés.
Dans
l'ensemble X-Men Schism #5 est à la hauteur de ce que la Maison des
Idées nous a fait miroiter. L'Histoire est en marche et aucun retour
en arrière n'est envisageable. A la fin de ce numéro les X-Men sont
divisés et les deux camps sont crédibles. On a envie de suivre au
moins deux des huit titres X qui émergent des retombées de l'event.
Pour les fans d'histoires mutantes, faire l'impasse sur les six
autres après la lecture de Schism témoignera ou d'un travail sur
soi ou d'un compte en banque dans le rouge...