ATTENTION ! Cette review contient des
spoilers majeurs sur les évènements du film ! Ne la lisez que si vous êtes
sûr de vouloir connaître le déroulement de celui-ci, jusque dans son coup de
théâtre le plus génial.
En revanche, si vous souhaitez connaître notre avis sans la
moindre révélation sur le film de Shane Black, rendez-vous par ici : Iron Man 3, la critique sans spoilers !
Sorti avant même que le public ait le temps de
l’attendre, Iron Man 3 débarque en catimini dans toutes les salles obscures de
France et de Navarre dans deux jours. Sur ses épaules de blockbuster de
printemps repose pourtant une charge on-ne-peut-plus-lourde : Premier film
« Triple A » de l’année 2013, première adaptation de Comics de
l’année, premier film post-Avengers, premier film de la Phase 2 de Marvel,
premier Iron Man sans Jon Favreau derrière la caméra et j’en passe…
C’est pourtant en terrain miné que Tony Stark
a choisi de revenir, fort de sa Mark 42, de son Audi R3 et de sa bien-aimée,
face à un Mandarin réduit au rôle de marionnette d’un Aldrich Killian (campé
par le génial Guy Pearce) qui offre enfin à la série un méchant à sa hauteur.
Parlons peu, parlons bien : le retour de Tête-de-fer est-il à la
hauteur de nos attentes ? C’est le moins que l’on puisse dire…
Changé à jamais depuis les « évènements
de New-York », c’est un Robert Downey Jr en proie aux crises d’angoisse et
reclus dans sa villa Californienne qui se présente au spectateur, pour mieux
signaler à celui-ci qu’il s’agit ici de « l’après-Avengers », ce que
Marvel Studios appelle la Phase 2.
Construit comme un polar Super-Héroïque, le film s’ouvre un monologue poignant
du héros, épris de doute et prêt à partager son histoire. L’histoire d’un duel
avec un adversaire invisible, qui remonte jusqu’à 1999 et la première rencontre
entre le playboy-milliardiaire-philantrope et Maya Hansen puis Aldrich
Killian, alors jeunes chercheurs à
l’aube de changer la face du monde, respectivement grâce à EXTREMIS et à l’AIM.
Après des mois de communication finement menée, le doute n’est plus
permis : Guy Pearce est un antagoniste majeur d’Iron Man 3. C’est
également très tôt que le Mandarin fait son apparition au cœur du film de Shane
Black, terrifiant de cruauté, campé par un Ben Kingsley impérial et concerné
par son rôle d’ennemi public numéro 1.
Si les clins d’oeils aux fans ne sont d’ailleurs clairement pas le leitmotiv du
film, les amoureux du vilain classique auront tôt fait de reconnaître de ses
« 10 anneaux », avant chacune de ses effrayantes prises de parole
publiques à la Télévision.
Plus concerné par « l’attaque
imminente » de la Terre par les races aliens conscientes que la Terre est
prête pour une « forme de guerre supérieure » depuis l’apparition de
Thor, Tony Stark vit tel un ermite dans sa tour d’ivoire, détruisant son couple
avec la magnifique Pepper Potts (Gwyneth Paltrow) à mesure qu’il développe des
armures toutes plus folles les unes que les autres. Il n’en fallait d’ailleurs
pas plus à Aldrich Killian pour tenter de conquérir la belle, d’abord avec ses
trouvailles scientifiques majeures, puis avec la menace latente qu’il développe
dans l’ombre.
Pour la petite histoire, notons que Happy Hogan (Jon Favreau, réalisateur des
deux premiers films) campe dans Iron Man 3 un rôle plus important que
d’ordinaire, devenant l’étincelle de la rebellion de Tony Stark après une
attaque terroriste en plein cœur de Los Angeles faisant de nombreuses victimes.
C’est à ce moment que le film prendra l’allure du « film de
détective » cher au cœur de Shane Black., au sortir de la scène de
l’attaque de la villa du héros, qui demeure à mes yeux comme la plus aboutie
techniquement, visuellement et scénaristiquement pour le film.
Esthétiquement aux antipodes de ces deux itérations précédentes, ce troisième
opus est l’incarnation même du talent de Shane Black. Entre l’humour proche des
meilleures punchlines de l’Arme Fatale
au traitement touchant du couple Tony/Pepper et en passant par des scènes
d’action jamais colossales mais toujours efficaces (souvent malines d’ailleurs,
ce que je vous laisse découvrir en salle), le réalisateur offre à Marvel
Studios la chance de passer la seconde et de faire entrer son héros principal
dans l’ère des adaptations de Comics plus matures.
N’allez pas voir dans Iron Man 3 le pendant Marvel de Chris Nolan non plus,
tant les concessions faites au détriment du grand spectacle sont nombreuses, à
l’instar du manque de prise de risques par rapport au destin de certains
personnages. Nulle raison d’en vouloir à l’équipe toutefois, le canon de telles
productions est désormais connu de tous et il s’agit ici d’avantage d’un petit
pas en avant plutôt que d’un véritable bond.
Pourtant, derrière ses allures de blockbuster boosté à grands coups de
millions, le premier film de la Phase 2 de Marvel parvient à glisser de réelles
bonnes idées en son sein, telle que l’identité véritable du Mandarin (Ben
Kingsley). Présenté comme « le seul personnage pouvant faire de l’ombre à
Tony Stark » depuis des mois, celui-ci n’est qu’un misérable acteur,
cantonné au rôle de marionnette au service d’un Guy Pearce diaboliquement
malfaisant, offrant d’ailleurs une scène à l’aspect grand-guignol qui frôle
aussi bien le génie que le malaise lorsque celui-ci s’égosille d’un but pour les
reds de Liverpool face à un Robert Downey Jr désabusé.
Là où les fans du monde entier pensaient que les trailers et les différents tv
spots d’ores et déjà dévoilés ne laissaient plus la moindre place à la surprise,
Shane Black, son casting et le département communication de Marvel ont réussi
un tour de force incroyable à l’ère d’Internet, qu’il faut préserver au maximum
dans notre rôle de spectateur.
Et puisque ce n’est pas Ben Kingsley qui est le méchant prédominant d’Iron Man
3, c’est toute la stratégie de Tony Stark qui doit s’adapter face à une menace
beaucoup plus pernicieuse. Si la scène de son exil ne restera pas comme la plus
forte du long-métrage, sa complicité avec l’enfant qu’il trouvera au fin fond
du Tennessee offre un ressort comique efficace, jusqu’à ce que ce dernier offre
une leçon de morale à son nouvel ami brisé, dépassant le 4ème mur en
ce qui concerne les facéties de Robert Downey Jr lui-même.
Une fois le contexte véritablement installé, le film se contente ensuite de se
dérouler de manière aussi conventionnelle qu’efficace, ponctuant de nombreuses
fois la tension dramatique lentement installée par un gag digne du « petit
guide du buddy-movie en 10 leçons », jusqu’à un final explosif, dont la
légende dit que Joss Whedon en serait jaloux.
Une fois de plus, l’utilisation de Pepper Potts est maline et malgré le Deus Ex
Machina qui lui rendra sa condition normale (au même titre que son super-héros
de mari qui se débarrasse de son éclat de shrapnel au cœur comme on irait
regonfler les pneus de sa voiture), les quelques scènes de la belle Gwyneth
Paltrow boostée à grands renforts d’EXTREMIS feront date dans l’univers Marvel,
ouvrant à celui-ci un champ des possibles bien plus débridé qu’il n’a pu
l’être, à l’instar de la grosse vingtaine d’armures utilisée par Tony
Stark face à un Aldrich Killian
(crachant du feu !) sur l’épave appartenant autrefois à ROXXON Industries…
Iron Man 3 est un (excellent) film de transition. Bien moins grandiloquent qu’Avengers, plus intimiste que ses deux prédécesseurs, fort pour la première fois d’un véritable antagoniste, le film de Shane Black est une très belle réussite. Si l’humour omniprésent aura tendance à agacer une partie de son public, il faut voir celui-ci comme le passage obligé entre Avengers et Avengers 2 pour le personnage de Tony Stark. D’abord angoissé, quasi-tétanisé par ce qu’il a vécu à New-York, celui-ci opère une profonde remise en question au travers de son combat face à Aldrich Killian, ouvrant un nouveau statu quo pour le héros, qui ne fait désormais plus qu’un avec son alter ego en armure et qui est prêt à faire face à ses démons… et à Thanos ?!