ATTENTION ! Cette critique ne contient absolument aucun spoiler et vous pouvez la lire sans le moindre risque de vous gâcher la surprise en salles dans 2 jours. Si, en revanche, vous voulez en savoir plus sur les rebondissements du film de Shane Black, rendez-vous par ici : Iron Man 3, la critique qui déborde de spoilers.
Sorti avant même que le public ait le temps de
l’attendre, Iron Man 3 débarque en catimini dans toutes les salles obscures de
France et de Navarre dans deux jours. Sur ses épaules de blockbuster de
printemps repose pourtant une charge on-ne-peut-plus-lourde : Premier film
« Triple A » de l’année 2013, première adaptation de Comics de
l’année, premier film post-Avengers, premier film de la Phase 2 de Marvel,
premier Iron Man sans Jon Favreau derrière la caméra et j’en passe…
C'est fort de toutes ces casquettes que Tony Stark a décidé de s'offrir le temps d'un film une respiration, servant parfaitement de transition entre le gargantuesque Avengers et le titanesque Avengers 2, oubliant peut-être en chemin de s'accorder une ambition suffisante pour exister en tant que véritable film.
Jeff Robinov, patron de Warner Bros, disait il y a quelques jours que Chris Nolan a un défaut : celui de vouloir mettre trop de choses dans un seul film et de faire en sorte que chacune de ses productions puisse être vue séparément, comme pour mieux contrecarrer l'idée d'un univers cinématographique partagé, malgré le fait que ses trois Batman forment bel et bien une trilogie.
Iron Man 3 est en un sens l'exact opposé de la politique du réalisateur d'Inception. Plus décompressé qu'un scénario de Brian M. Bendis, le film ne s'offre qu'une seule envie : celle de retrouver Tony Stark seul face à ses démons, sans vouloir chercher sa finalité plus haut, comme écrasé par un Avengers tout puissant.
Et pourtant, le film de Shane Black a des armes suffisamment tranchantes pour parvenir à nous convaincre de l'utilité d'une telle respiration. Si Thanos, les Chitauri et leur Leviathan(s) semblent bien loin, la menace reste bel et bien palpable pour celui qui ne dort plus depuis "les évènements de New York". Bien aidé par un humour omniprésent, une photo plutôt réussie et le désir d'oublier un Iron Man 2 apathique, ce troisième opus offre ce que le spectateur est en droit d'attendre, pop-corn et coca à la main : du fun.
Il serait pourtant injuste de résumer le film à ce simple constat, puisqu'il a bien d'autres choses à offrir, d'autant plus si l'on se plonge en arrière de quelques mois pour mieux savourer une communication savamment huilée. Evidemment, il m'est impossible de vous évoquer cet aspect "génial à l'ère d'Internet et des réseaux sociaux" sans vous spoiler, mais je n'ai aucun doute sur le fait que beaucoup d'entre vous resteront bouche-bée devant une scène connue de la production depuis plusieurs années maintenant, qu'aucun d'entre nous n'a vu venir et qui reste malheureusement affaiblie par un trop-plein d'humour indigne d'un Shane Black que l'on a connu (bien) meilleur.
Mais puisque les films Marvel Studios ont rarement été des ambassadeurs de l'humour le plus efficace ou du teasing le plus réussi depuis leurs débuts en 2008 avec Iron Man, il faut regarder un instant vers ce qui fait leur force : leur intensité. En deux heures et vingt minutes de film, Iron Man 3 n'ennuie jamais son spectateur, à défaut de l'agacer par moment. Et si presque aucune scène d'action n'a été gardée secrète au sein des deux bandes-annonces et de la légion de Spots TV, celles-ci restent aussi forte que visuellement réussies, en témoigne la destruction de la villa de Tony Stark.
Mention spéciale également à la scène de fin qui, si elle ne brille pas par sa réalisation, s'en sort bien grâce à de vraies bonnes idées et, là aussi, grâce à l'humour de son réalisateur.
Puis s'approche la conclusion du film en forme de Deus Ex Machina, qui vient balayer les avancées développées par Shane Black deux heures durant pour mieux ouvrir la porte au futur de tête-de-fer au cinéma. Si celui-ci a fondamentalement changé (au sens littéral comme au figuré), on ne peut s'empêcher de regretter que tout soit fait dans la précipitation et la confusion, alors que c'est précisément ce qui permet de rattacher ce premier long-métrage de la Phase 2 avec le reste de l'univers Marvel Studios. Evidemment, restez cloués à vos sièges pour la scène post-générique mais, entre nous, n'en attendez pas trop...
Iron Man 3 est l'apologie du fun et du grand spectacle que veut véhiculer Marvel Studios. Véritable goutte d'eau sur la longue frise chronologique des Vengeurs au cinéma, le film parvient à séduire son public à grands renforts de dialogues bien sentis, de scènes d'action véritablement réussies et grâce, enfin, à un véritable antagoniste pour Tony Stark. Le public et les fans doivent se contenter ici d'un simple film de transition, mais il serait dommage de passer à côté d'un (très) bon moment de cinéma en compagnie d'un Robert Downey Jr qui ne fait toujours qu'un avec son alter ego...