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Édito #10 : Chris Evans est-il le plus grand héros Marvel ?

Édito #10 : Chris Evans est-il le plus grand héros Marvel ?

chronique

Si ce dernier n'en a probablement rien à secouer (quoi qu'on aurait dû lui en parler en coup de vent sur le Tapis Rouge de Captain America - The Winter Soldier il y a une semaine tout pile), Chris Evans a une relation très particulière avec COMICSBLOG.fr. Plutôt l'inverse d'ailleurs, nous avons une relation très particulière avec le natif du Massachusetts. 

29 Septembre 2010, nous naissons dans l'indifférence quasi-totale, avec des ambitions sur la toile semblables à celles de jeunes garçons qui viennent de St Mars du Désert et de Varades pour vaguement explorer les pistes que propose la culture Comics sur Internet. Nous étions d'ailleurs bien loin de penser que nous serions assis derrière un bureau pour écrire un tel billet trois ans plus tard, mais laissons vivre cette histoire autour d'une bière plutôt que sur papier numérique.

Puisque c'est le lot de tous les sites, nous passons donc par la case du tout premier article et là, la magie s'opère. Quelques minutes après notre ouverture officieuse, Marvel Studios dévoile la toute première photo de Chris Evans dans la peau de Steve Rogers. Les réactions sont timides (et proportionnées à notre audience d'alors), mais je me souviens très bien du lynchage subi par l'acteur, raillé pour son "air débile", son "CV de merde" et son "interprétation minable de la Torche" (là-dessus, je n'aurai pas de mal à vous appuyer, surtout après avoir revu l'horrible film de Tim Story la semaine passée). Le lot de tous les acteurs castés dans un comic-book movie en somme, peuvent en témoigner le regretté Heath Ledger et la magnifique Gal Gadot (et bien d'autres encore, puisque les fans se sont souvent approprié le rôle et la mission des gardiens du temple aigris).

Il faut bien dire qu'à l'exception des 4 Fantastiques, l'acteur n'est pas connu du grand public, et difficile de reprocher à ce dernier d'être frileux quant au casting de ce qui paraît être un minet propret et pas particulièrement doué, supposé camper l'un des rôles les plus chers aux coeurs des lecteurs de Comics, celui particulièrement piégeux (à plusieurs niveaux) de Captain America. Pourtant, lorsqu'il vient de quitter le plateau de tournage du film de Joe Johnston, Chris Evans est déjà réhabilité aux yeux des plus attentifs. En 2007, l'acteur sort d'une prestation CO-LO-SSALE dans le magistral Sunshine du non moins génial Danny Boyle, et dans un registre plus léger, prête sa voix au cultissime Casey Jones dans la dernière série animée des Tortues Ninja. Un pedigree geeky qu'il va étoffer avec l'adaptation de The Losers d'Andy Diggle et Jock, et bien entendu Scott Pilgrim d'Edgar Writght (Ant-Man).

Suffisant pour convaincre ? Sûrement pas aux yeux d'une grande partie du public le plus hardcore, qui va apprendre à tourner sa langue une petite centaine de fois dans sa bouche avant de s'en prendre de nouveau au premier Vengeur, qui livre une performance hors du commun dans le sous-estimé premier opus de Captain America, sorti à l'été 2011. Tout en douceur, en finesse et en non-dits, Chris Evans devient Steve Rogers et incarne toute sa fragilité, toute son intégrité et le véritable message que représente le héros bannière. Point d'américanisme dégoulinant, point d'impérialisme étoilé, just another kid from Brooklyn. En dehors comme à la scène, le rôle de Steve Rogers est lesté d'un poids inhérent à sa stature de personnage primordial et se trouve être bien plus compliqué à jouer qu'il n'y paraît.

Là où quelqu'un de désintéressé par le sujet ne manquera pas de pouffer à l'évocation du nom de "Capitaine Amérique" (il serait difficile de lui reprocher un tel sarcasme), l'acteur parvient à rallier, à fédérer. Il n'est pas l'Amérique de Mac Donald's, de Nike et de la guerre en Irak, il est le rêve Américain dans tout ce qu'il a de plus noble, celui qui sent bon la tarte aux pommes et les jours meilleurs. De plus, Captain America n'est pas aidé face à son rival "d'en face", le vaillant Superman, qui n'a pas à se soucier d'un costume intégral et d'un bouclier comme meilleur compagnon. Et pourtant...

Central dans les Comics grâce à sa création pré-Marvel (alors que la maison des idées s'appelait encore Timely Comics, comme vous le raconte Alfro dans son très bon Portrait de Légende), Cap est le catalyseur de la création des Vengeurs. Il le sera également au cinéma, où Kevin Feige et les siens ont très bien compris l'utilité d'un héros loin des sommets de puissance développés par Hulk, Iron Man et Thor. C'est là aussi que Chris Evans prend son envol, malgré un costume qui vaudrait un mauvais point à Joss Whedon et son équipe, lorsqu'il devient le leader naturel d'une équipe hors-norme, supposée être trop large pour ses épaules mais bien moins effrayante que la perspective d'une liberté prise de force. C'est toute cette finesse qui passe dans l'acting de l'acteur qui est, à mes yeux, le plus concerné par son rôle au sein de Marvel Studios.

On notera aussi l'EXCELLENT travail de Christopher Markus et Stephen McFeely, les scénaristes de The First Avenger et du Winter Soldier. Les deux hommes servent leur propos par des dialogues fabuleux, parmi lesquels "I Don't like Bullies" pour le premier, "This isn't freedom, this is fear" pour le second, et parviennent à créer une mythologie au sein même des films solo du premier Vengeur. L'évolution du personnage s'y fait intelligemment et naturellement, les deux époques sont traitées d'une superbe manière et le second film nous offre également une bien belle réflexion sur l'accomplissement et le fait de vivre en dehors de son époque. Comme vous le verrez, le tout est une fois de plus interprété avec brio par un Chris Evans qui sort du lot, et qui pourrait bien devenir le meilleur alter-ego d'un super-héros au cinéma, sans jamais faire de vagues. 



Et puisque l'histoire reste à écrire, le beau Chris passera bientôt derrière la caméra pour embrasser une carrière de réalisateur, bien loin des spotlights parfois trop lumineux de Marvel Studios. Tout ce qu'on lui demande, c'est de continuer à nous faire rêver tant qu'il en a envie, et de continuer à camper cette perfection (sûrement trompeuse), à l'écran comme au quotidien.

♥  

N.B : Nous pourrions parler encore des heures du fait que Chris Evans est un immense fan de Comics et de culture de l'imaginaire, qu'il est beaucoup plus profond que son physique ne peut le laisser supposer, que c'est quelqu'un d'intègre et discret, bien loin des pages les plus putassières de la Gutter Press, qu'il faut absolument voir Snowpiercer, qu'il réalise presque toujours ses propres cascades et j'en passe. Pour l'instant, contentons-nous juste de lui déclarer notre amour. 

Sullivan
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