Alors que DC Comics lance plusieurs nouvelles séries en ce mois de juin, la plupart de leurs héros rentrent en même temps dans un nouveau status quo. Ainsi, pendant que Batman prend un virage assez inattendu avec un nouveau justicier qui porte le symbole de la chauve-souris, Wonder Woman aussi se lance dans un tout nouvel arc.
L'équipe créative composée de David Finch et son épouse Meredith Finch au scénario est en place depuis le trente-sixième numéro de cette série. Pourtant, jusque-là, ils n'avaient pas vraiment proposé leur propre histoire, puisqu'ils étaient encore sur les conséquences du run de Brian Azzarrello et Cliff Chiang qu'ils digéraient. Maintenant, le cas Donna Troy est réglé, Diana est devenue officiellement la nouvelle déesse de la guerre en lieu et place d'Arès et Zola s'occupe tranquillement de son bébé sur l'île des Amazones (qui semble équipée d'une piscine directement inspirée d'un palace cossu de la côte californienne). Un status quo que l'on nous expose encore de façon très claire dans les premières pages de ce nouveau numéro, où on semble nous faire une check-list de ce qu'il faut retenir.
Pratique, en terme de continuité et histoire de bien nous faire comprendre que l'on va rentrer dans un nouvel arc. Un peu lourd par contre sur l'exposition, pas du tout organique et même complétement rigide dans l'écriture. Le discours d'entrée avec Donna Troy dans sa prison est un enchaînement de poncifs qui ne nous rassurent pas vraiment sur la profondeur qu'il va nous être offerte dans cette nouvelle storyline. Cela ne va pas mieux quand Diana parle avec Héra, une conversation sensée installer la tension dramatique qui pèse sur les épaules de notre héroïne, mais qui est plombé par des dialogues pesants et un manque flagrant de subtilité.
On va enfin rentrer dans le vif du sujet quand on arrive à l'argument de cet épisode, à savoir la fameuse armure. Ce nouveau costume qui a tant fait parler et que Wonder Woman va obtenir de façon totalement dénuée d'impact dramatique ou émotionnel en allant le chercher auprès d'Hephaistos. D'ailleurs, cette scène chez le dieu-forgeron est la seule où l'on sent que David Finch s'amuse au dessin, créant une vraie ambiance, avec un peu plus d'inventivité dans l'environnement. Il est très dommage de conclure cette scène sur ce fameux costume qui, on peut le dire maintenant qu'on l'a vu évoluer dans ces pages, ne fonctionne pas du tout. Trop éloigné de l'esprit de Wonder Woman, pas marquant pour un sou, en un mot : raté.
Et puisque l'on est dans une écriture des plus mécaniques, où l'académisme de la construction est tellement poussé qu'on voit le fil du scénario se dérouler devant nous, il fallait bien finir par introduire un nouveau vilain. Là encore, le prétexte pour arriver à sa rencontre est totalement artificiel. En plus de cela, il mène sur des pages qui montrent toute la désinvolture, presque la flemme, de David Finch : les ombres chinoises parce qu'on a la glue de dessiner, ce n'est jamais une bonne idée (d'ailleurs, on notera que pour du Finch, les environnements sont particulièrement vides). Et le vilain donc. Classique, sans charisme, une motivation au raz des pâquerettes. En gros, ce n'est pas avec lui qu'on trouvera le salut de cette série.
On savait après le départ de Brian Azzarrello qu'il faudrait faire des concessions sur la profondeur du propos de Wonder Woman. Mais on espérait au moins que Meredith et David Finch nous proposent un récit mainstream des plus épiques (ce qui est facile avec l'Amazone), mais c'est un chapelet de poncifs qu'ils nous alignent. Du cliché à la pelle et il va falloir beaucoup de motivation pour trouver un intérêt dans cette série désormais.