Décidément, le Batverse bouge beaucoup ces derniers temps. Outre l'arrivée d'un nouveau Batman récemment, on pouvait déjà noter la réinvention de Barbara Gordon en Batgirl ou celle de Nightwing dans Grayson, tandis que Detective Comics met dorénavant en scène des flics. Pas étonnant donc, de voir l'une des pièces du puzzle, Robin, bouger à l'aube de DC You, sous la plume du scénariste et dessinateur Lee Bermejo (Batman Noël, Suiciders) et les dessins de Jorge Corona (Teen Titans Go), à ne pas confondre avec la boisson préférée de Dom' Toretto.
Avec We Are Robin, Lee Bermejo entend lui aussi dépoussiérer un mythe, celui du plus célèbre des sidekicks, en imaginant une belle bande de jeunes super-héros, que nous ne verrons pas encore tout à fait en action ici, bien que l'idée soit très vite présentée par le scénariste. Un peu à la manière de Batman Incorporated, mais dans une approche plus adolescente - dans le bon sens du terme attention - et urbaine, Lee Bermejo va donc s'emparer de cette figure mythique de l'univers Batman pour lui donner un tout nouveau sens.
Ce qui est plutôt bienvenu après les multiples modifications apportées aux anciens Robin, Dick étant devenu un agent secret et Damian un super-héros solitaire, tandis que Tim Drake endosse désormais le rôle de Batman Beyond. A l'opposé de ces développements scénaristiques, Lee Bermejo reste à Gotham, ville qu'il semble toujours aussi bien comprendre tant sa narration est envoûtante. Et il choisit comme personnage principal un certain Duke, un "jeune des banlieues" qui a malheureusement été séparé de ses parents lors des événements de Batman : Endgame et ses zombies Joker. Résultat, notre héros tente de retrouver sa famille dans les bas-fonds et les quartiers sales de Gotham, où survivent encore des victimes de l'attaque qui n'ont pas tout à fait expurgé la toxine du clown prince du crime de leur organisme.
A cette quête, Bermejo vient lier une belle histoire d'intégration sociale, qu'il traite sur un ton plutôt juste, sans paternalisme ou défaitisme, et avec une certaine nostalgie des héros enfants ou adolescents. On retrouve en effet dans ce premier numéro de We Are Robin ce thème classique des marmots abandonnés par les adultes et qui finissent par se prendre en main. Une idée plutôt répandue dans les univers de fiction que Lee Bermejo parvient à conjuguer avec l'univers de Gotham et une ambiance assez noire, pour un résultat très étonnant, et conduit par un excellent monologue intérieur.
Heureusement, cette noirceur est subtilement nuancée par le trait simple et élégant de Jorge Corona, qui donne beaucoup de charme à tous les personnages présentés, et livre de chouettes designs, amenés à devenir toujours plus nombreux étant donné le thème de la série. La composition est claire, dynamique, et somme toute très efficace. Tout ce qu'il fallait pour donner à We Are Robin une bonne dose d'action et de cool, qui rend le concept et la promesse très excitants.
Seul est à déplorer un cliffhanger dans la veine de celui affiché par Batman #41. S'il est moins explicite et putassier que ce dernier, il pourrait tout même impliquer de très belles choses pour la série comme un faux pas colossal qui d'un coup et d'un seul la rendrait très anecdotique. Mais sachant que ce premier numéro est intimement lié aux événements de Batman : Endgame, on peut imaginer que DC se soit attaché au concept de Lee Bermejo pour un beau tour de piste.
Très agréable à lire, immédiatement accrocheur et tout à fait prometteur, We Are Robin est l'une des nouvelles séries, aux côtés de Black Canary, les plus intéressantes fournies par la vague DC You. En espérant que la pièce lancée par Lee Bermejo tombe du bon côté, car pour le moment, les dessins comme le scénario nous font terriblement envie. A suivre de près !