Il n'en est pas à son premier coup d'essai, mais celui-ci risque de rester dans les mémoires : Alan Moore, en décembre dernier, avait fustigé la culture des super-héros, largement mise en avant sur la scène culturelle, dans une interview donnée à Slovobooks. Des déclarations que le Guardian a décidé de remettre en avant ajourd'hui.
En pleine écriture de son prochain roman, Jerusalem, dont vous parlait Alfro, l'auteur de Watchmen et de The Killing Joke a pris le temps de dénoncer la popularité des super-héros :
"Selon moi, l'amour pour ces personnages sans ambigüité et créés pour des enfants au milieu du XXème siècle indique une désertion de la complexité avérée de nos vies modernes. Pour moi, cela veut dire qu'une grande partie de la population, qui a décidé de ne plus comprendre la réalité dans laquelle elle vit, estime qu'elle est au moins capable de comprendre les univers avachis et vide de sens, mais au moins délimités présentés par DC ou Marvel. Je dirais également que voir les canons éphémères du siècle dernier envahir si violemment le devant de la scène, et donc refuser à ce rayonnement culturel sans précédent ses propres codes, nécessaires et pertinents, est une vraie catastrophe."
L'auteur a également ajouté :
"Quand je vois que l'audience des films de super-héros se compose essentiellement d'adultes, d'hommes et de femmes d'une trentaine, une quarantaine ou une cinquantaine d'années, en train de faire la queue pour voir des personnages et des situations expressément créés à il y a cinquante années de cela pour des garçons de douze ans, je trouve ça inquiétant."
Autant vous dire que notre ami Alan n'est pas près de remettre le nez dans l'univers des super-héros, et qu'il s'est enfoncé dans des "bails noirs, très noirs". Et si personnellement, je ne partage pas tout à fait son avis, il est vrai que l'omniprésence de la culture super-héroïque prive de place une culture qui pourrait être plus fraîche et en accord complet avec son temps.
