« Seulement notre second numéro 1 pour le moment cette année ». Dès sa couverture, The Unbeatable Squirrel Girl annonce la couleur de son autodérision. Car si Spider-Gwen, Silk, Spider-Woman et autres ont été également relaunchées après seulement une poignée de numéros, suite à Secret Wars, c’est le titre le plus improbable de la gamme Marvel qui assume le plus cette situation. Et faute de nous convaincre par son intégration dans les New Avengers, Doreen a au moins le mérite de nous faire rire en solo.
Comme il ne sert à rien de changer une équipe qui gagne, c’est Ryan North et Erica Henderson qui continuent à faire vivre notre héroïne, désormais en seconde année d’études en informatique, et accessoirement membre des New Avengers. Une situation improbable avec laquelle North s’amuse, se permettant d’envoyer Doreen et ses amis au restaurant de l’Avengers Island, alors que son héroïne ne semble même pas prendre au sérieux ce nouveau statut. Mention spéciale à la vision bien personnelle de Doreen quant à la signification de nom des New Avengers.
La série reste tellement dans l’esprit du volume précédent qu’il est difficile d’en discuter au-delà , mais pour ceux qui n’ont pas lu les aventures récentes de Squirrel Girl, on y trouve un personnage à la situation à la fois très terre-à -terre et très absurde. Absurde de par ses pouvoirs et ceux de son sidekick, ainsi que par un côté ultra-méta assumé. North joue sur les notes de bas de page, comme le volume précédent (ou comme le faisait Kieron Gillen sur ses Young Avengers), pour jouer avec le lecteur et avec sa lecture, allant nous mettre des musiques en tête, nous rappeler à des situations il y a bien des numéros, ou en commentant de façon toujours très fine les événements de la page qu’on vient de lire. Il transforme ainsi le rythme de lecture, et donne avec peu de choses plus de corps à ce numéro. On notera aussi une petite pique à la situation légale des droits cinématographiques, revenant sur les origines du personnage en précisant qu’elle n’est médicalement, mais surtout légalement, pas une mutante.
Et à côté, la série possède ce côté terre-à -terre des personnages de la vie de tous les jours, alors qu’on croise la mère de Doreen (qui amène beaucoup d'humour à ce numéro), ses amis, des situations bien plus ancrées dans le quotidien que celles que vivent les plus gros héros Marvel. Un titre un brin cartoony, surtout grâce au dessin d’Henderson, qui donne comme d’autres (Howard the Duck, Astonishing Ant-Man, etc), une dimension plus légère à l’univers Marvel. Et même dans son traitement des super-vilains, la série vient apporter une dimension plus humaine et pragmatique, se demandant pourquoi le monde devrait être en noir et blanc.
Dans un marché où on cherche souvent à aller plus loin et à révolutionner le monde via des changements de statu quo sur des personnages clés, la constance et la légèreté de Squirrel Girl apportent un peu de douceur et de bonne humeur. Une pause loin d’être révolutionnaire, mais bien agréable.