Southern Bastards est l'œuvre d'un duo de Jason. Au scénario, c'est Jason 'Thor' Aaron qui s'occupe d'inventer les histoires de nos amis sudistes américains. Du côté des dessins, c'est son collègue et ami Jason LaTour qui se charge de l'apparence si particulière des gueules de ce western moderne.
Southern Bastards est aussi l'une des séries à succès de l'éditeur Image - maison chez qui nombre d'auteurs ont trouvé refuge - et qui compte à l'heure actuelle 13 numéros parus. Une fresque sur la culture du sud des Etats-Unis, qui devrait bientôt voir le jour sur nos (petits) écrans. Mais c'est bien vers le cinéma que nous nous pencherons dans ce nouvel épisode de Please Hollywood !
Vous n'êtes pas sans savoir qu'en qualité de comic book relativement populaire et tout à fait simple à adapter à l'écran, Southern Bastards a déjà fait l'objet de quelques convoitises. D'après Jason Latour lui-même (Angoulême sert aussi à dénicher quelques scoops), Southern Bastards serait ainsi en très bonne voie pour devenir l'une des séries phares de FX, qui s'intéressait déjà à ce genre d'univers dans Sons of Anarchy et dans une moindre mesure, The Shield.
Techniquement, la série est donc déjà en cours d'adaptation, et pas par n'importe qui d'ailleurs, puisque ce n'est autre que Scott Rudin, producteur attitré des frères Coen à qui ont doit des films comme True Grit, mais aussi The Grand Budapest Hotel et The Social Network, qui se penche actuellement sur le cas de la série nommée aux Eisner Awards.
Mais étant davantage cinéphile que sérivore, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer un monde dans lequel Southern Bastards ne se serait pas contenté du petit écran, pour mieux exploser dans un film réalisé par un type lui aussi fasciné par les sudistes américains...
Chapitre suivant >RéalisationCe réalisateur n'est autre que Quentin Tarantino. Et je pense que les fans du réalisateur ayant pu poser leurs yeux sur Southern Bastards ont souvent été renvoyés à sa filmographie lors de la lecture. Il faut dire que comme tout bon Tarantino, la série des deux Jason est en effet remplie de vraies gueules, de dialogues ciselés et de scènes fortes en hémoglobine. A première vue, le style de la bande-dessinée et celui du réalisateur semblent donc mariables.
Mais l'envie de réunir la filmographie de Tarantino et le contenu de Southern Bastards vient bien au-delà d'une simple proximité esthétique. On a pu le voir en tout début d'année, Quentin Tarantino a effectué un vrai virage politique avec The Hateful Eight, qui est sans doute le plus engagé de ses films, bien que le propos qu'il développe soit bien caché derrières des couches de violence graphique et verbale, et s'est lancé dans une théâtralisation toujours plus explicite - souvenez-vous que le bonhomme compte adapter son dernier film sur les planches.
Je vois dans ces deux aspects de vrais piliers pour cette adaptation au cinéma. D'un côté, l'adaptation s'offrirait un Quentin Tarantino plus engagé, et donc en phase avec le propos qui se dessine dans la série de Jason Aaron, dans laquelle un vieil homme est hanté par sa sudiste de ville natale. Il y revient à contre-cœur, ce qui permet au scénariste d'explorer la cruauté de ces fameux rednecks américains, peuple à part entière, qui ont le sait, fascine Tarantino depuis le début de sa filmographie.
Plus tarantinesque encore, la présence, amenée à devenir plus importante, d'une jeune femme noire dans l'intrigue. Liée au personnage principal, elle est un moyen pour Aaron de dénoncer la condition des afro-américains aux Etats-Unis. La question étant exacerbée par le contexte de cette histoire, où le racisme est aussi récurrent que létal. Des problématiques qui ont toujours été chères à Tarantino, à n'en pas douter, mais qui seraient plus que jamais d'actualité, étant donné la maturité dont à fait preuve le réalisateur dans son dernier film.
Quant à l'aspect théâtral des choses, il serait un outil idéal pour caser, au sein d'un film de deux heures et quelques minutes, un maximum de contenu. A première vue, l'intrigue de Southern Bastards correspond d'avantage au rythme télévisuel, mais je suis prêt à parier qu'un découpage de l'histoire en scènes ou en chapitres permettrait à Tarantino d'en dire et d'en montrer énormément. Dès son premier film, Reservoir Dogs, le réalisateur et scénariste nous a habitué à une narration déconstruite, qui nous permettrait ici d'explorer toute la crasse de Southern Bastards, quelque soient l'époque ou le personnage concernés.
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Pour incarner le personnage central de cette histoire, je me suis tourné vers un acteur que Tarantino connaît bien. Puisque le réalisateur aime travailler le plus régulièrement possible avec ses acteurs, il était naturel d'opter pour un interprète qui a déjà traversé sa filmographie, comme Kurt Russel. L'acteur, qu'on retrouvera bientôt dans Guardians of the Galaxy Vol.2, a l'âge et le charisme pour incarner Earl Tubb. Sa proximité avec Tarantino - le bonhomme a déjà travaillé avec lui sur The Hateful Eight et Boulevard de la Mort - fera le reste, et devrait nous offrir un protagoniste aussi charismatique que possible.
Comme tout bon méchant, Boss a de bonnes raisons d'être aussi impitoyable. C'est ce que Jason Aaron et Latour nous ont montré dans des flashback assez durs, mais bien foutus. Pour incarner ce salopard bien marqué par la vie, rien de telle qu'une "gueule" dans le style de Ron Perlman, qui est sans doute le plus luxueux exemple de cette catégorie d'interprètes. Et je serais ravi de voir Perlman sous la direction de Tarantino, qui saurait transcender son image de brute sudiste - qui faisait les belles heures de la série Sons of Anarchy - avec une mise en scène travaillée, dans la lignée de ce qu'il nous avait offert avec Leonardo DiCaprio dans Django Unchained.
Existe-t-il un monde dans lequel le nom de Tarantino n'est pas associé à celui de Samuel L.Jackson ? Inséparables comme deux doigts de la main, les deux hommes ont une nouvelle fois renforcé leur relation avec l'impeccable The Hateful Eight. Pour les besoins de cette adaptation, l'acteur serait un peu plus en retrait, dans le rôle de Coach Big, rôle secondaire amis badass s'il en est. Mentor et père par intérim d'Euless Boss, cette grande gueule semble déjà taillée pour un acteur de la trempe de Jackson, qui n'aurait aucun mal à grogner avec classe et jurons depuis les tribunes d'un stade de foot.
L'association de l'acteur et du personnage n'est pas uniquement phonétique.Walton Goggins étant habitué aux œuvres bronzées par le soleil du sud des Etats-Unis, à commencer par The Shield mais aussi Sons of Anarchy (décidément) il a parfaitement sa place au casting de Southern Bastards. Il est également le plus jeune des acteurs fétiches de Tarantino, qui lui a offert un rôle de vilain dans son Django Unchained et celui d'un anti-héros hilarant et touchant dans The Hateful Eight. Il pourrait incarner Esaw Goings, l'homme de main de Boss, dans la veine de ce rôle, offrant ainsi au film un superbe second couteau.
Pour terminer ce casting, un peu de diversité ne fera pas de mal. En l'occurrence, le personnage de Roberta, que nous ne connaissons pas encore très bien, est amené à devenir important dans l'intrigue de Jason Aaron. Au sein de cette adaptation, elle pourrait ainsi tenir le rôle du protagoniste d'un ou plusieurs chapitres du film. Très en vogue ces derniers temps, l'actrice Gugu Mbatha-Raw a montré un certain potentiel dans toutes ses apparitions, même les plus furtives, comme dans Jupiter Ascending. Assez jeune pour incarner le personnage, et assez charismatique pour endosser sa promise importance, elle serait un ajout parfait pour la distribution.
En somme, un casting à mi-chemin entre la filmographie de Tarantino est les gueules habituées au sud des Etats-Unis est ses coutumes. Cerise sur le gâteau : Gugu Mbatha-Raw, déjà promise à un grand avenir (elle aurait été envisagée pour Star Wars VIII) pourrait profiter de l'expérience d'un bonhomme de la trempe de Tarantino.
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Techniquement, la série est donc déjà en cours d'adaptation, et pas par n'importe qui d'ailleurs, puisque ce n'est autre que Scott Rudin, producteur attitré des frères Coen à qui ont doit des films comme True Grit, mais aussi The Grand Budapest Hotel et The Social Network, qui se penche actuellement sur le cas de la série nommée aux Eisner Awards.
Mais étant davantage cinéphile que sérivore, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer un monde dans lequel Southern Bastards ne se serait pas contenté du petit écran, pour mieux exploser dans un film réalisé par un type lui aussi fasciné par les sudistes américains...
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