Troisième et dernière interview du casting de Daredevil présent la semaine à Paris dans le cadre de la promo' de la série Netflix après Charlie Cox et Jon Bernthal, voici venir la charmante Elodie Yung, une française qui est en train de se bâtir une sacrée carrière et qui crèvera les écrans du monde entier dès demain 9h.
Tout aussi abordable que ses deux collègues, la native du 93 dresse un petit bilan de son parcours et nous parle plus en avant du personnage complexe dont elle a hérité, après une longue vague d'auditions qui aurait pu la voir également... dans la peau de Wonder Woman ! Assumant tout le poids d'un personnage féminin fort et plein de relief, l'actrice vous donne rendez-vous sur Netflix pour découvrir ce qui pourrait être la meilleure représentante de la France dans l'imposant royaume de Marvel Studios !
— Elodie Yung, l'interview —
• Est-ce que vous aviez de la pression à l'idée d'incarner ce personnage iconique d'Elektra ?
Jusqu'à présent non, mais vu que vous n'arrêtez pas de me poser la questions maintenant je commence à me demander "Est-ce que je devrais?" (rires)
• Non, vous êtes très bien !
Oh, Ok. Je veux dire, je réalise que maintenant qu'il y a énormément de fans. Naïvement. Je n'ai pas grandi en lisant des comics. En fait, je me suis pas vraiment posé la question. J'ai eu ce rôle qui m'était offert... Enfin, pas offert, c'était un long processus. J'ai pris le rôle et je suis plutôt parti en courant avec! (rires) J'ai volé le rôle. Et pour moi, il fallait le faire comme n'importe quel autre travail. Donc de la pression... Non, pas de pression.
• En quoi votre Elektra est différente des comics ?
Différente ? Hum, il y a une adaptation du comics, donc évidemment ça ne va pas être le même personnage, il faut l'adapter à un autre média que le dessin. C'est stupide mais on a tourné à New York, en hiver, elle aura peut-être plus de vêtements... (rires) Pardonnez nous les fans ! On est désolé, mais il fait froid à New York, il faut avoir des vêtements... Je rigole, mais différente... Je crois qu'on a essayé de garder l'essence de la BD, l'histoire où Elektra et Matthew se rencontrent jeunes et tombent amoureux. On a gardé cela parce qu'on voulait établir leur relation passée, chargée en émotions.
Elektra, si je parle que d'elle, vient du même endroit que dans les comics. Elle parcouru le monde, c'est la fille d'un diplomate. On a gardé cette idée qu'elle vient d'un milieu riche, qu'elle est très éduquée. J'ai du faire un effort pour avoir un peu moins l'accent français quand j'articule un peu moins. J'ai travaillé sur tout ça pour le garder parce que c'est vraiment ce qu'elle est à l'origine. Elle a définitivement un problème avec la violence. Et la question de sa moralité, c'est vraiment quelque chose que j'ai bosser... Qui est-elle vraiment dans les comics? Elle refoule ses sentiments quand son père meurt, elle ne pleure pas dans les comics c'est ça? Et plus, elle décide de quitter ce monde et son amour, Matt. Eventuellement, dans le comics, lorsqu'elle revient dans sa vie, elle relâche la pression et pleure.
Donc on vraiment essayé de garder l'essence du personnage et de prendre quelques éléments du comics, mais on a voulu aussi la rendre originale. A partir de là, les auteurs ont voulu qu'elle soit une sociopathe, donc j'ai rajouté des éléments, mais elle n'est pas seulement ça. Elle se fait passer pour quelqu'un qui n'a pas de conscience, qui ne ressent pas la culpabilité, mais je pense qu'elle est plus qu'elle ça, elle est capable d'aimer quelqu'un, elle l'a déjà fait. Elle a plusieurs facettes.
• Le thème de la série est la notion de héros, la différence entre un super-héros et un vigilante. Comment Elektra se positionne-t-elle par rapport à ça ?
C'est une bonne question ! Je pense que les scénaristes derrière cette seconde saison ont vraiment voulu traiter de la problématique qu'ils avaient. Il devient un héros : qu'est-ce qu'être un héros ? Comment réagir quand on est confronté à quelqu'un comme le Punisher ? Qui fait le même travail mais avec différentes méthodes. Qui est porté par d'autres motivations que Daredevil.
Pour Elektra, c'est une sorte de mélange. Elle va challenger Matthew émotionnellement. Il sera forcé de se confronter à son idée de comment être un héros, mais également comment gérer quelqu'un que tu aime et qui n'est qu'une wild card sans problème de moralité. Ça marche dans ce sens, mais également dans l'autre. Elle se jette dans ses bras, elle lui manque, elle a besoin de lui pour quelque chose, peu importe. Elle aura un impact sur lui, mais il aura également un impact sur elle. Je trouve que c'est la beauté de la série. Chaque personnage interagit avec les autres. Et ce que fait Elektra aura un impact sur Matthew, mais ce que Matthew fait aura définitivement un impact sur elle. Et c'est le cas pour chaque personnage. Ce sont chacun des entités à part entière et c'est ce qui rend l'histoire intéressante parce qu'ils évoluent tous dans différentes directions. Ce n'est pas un personnage qu'on introduit uniquement pour raconter l'histoire d'un autre personnage, tous s'influencent, comme dans la vie finalement. Je pense que c'est une grande qualité de la série. Voilà again.
• Que peut-on attendre de la relation entre ses deux personnages ?
Vous verrez bien ! Spoilers ! C'est un amour rapide. Dans le comics, c'est une magnifique histoire parce que c'est une histoire d'amour. Et l'amour peut entrainer la haine et tout ce genre de mauvaises choses et de sentiments compliqués entre deux personnes. Donc ce sera plein de "couleurs" et ça impliquera toute sorte d'émotions. Mais je ne peux pas trop en dire.
• Dans une scène de l'épisode 5, c'est effectivement très rapide...
Oui ! Ça dit beaucoup sur leur relation et aussi sur... Euuh... Je veux pas trop en dire (rires).
• Elektra a ce passé compliqué, avec ce conflit dans ses origines, avec beaucoup de mort. Je pense que le long format dramatique de Netflix est parfait pour traiter cela sans pressions des studios ou des networks. Est-ce que ce genre de modèle qui se développe en ce moment, d'un point de vue d'acteur, c'est une bonne nouvelle pour mieux faire certaines choses?
Je dois dire que j'ai eu de la chance sur ce coup, de faire partie d'une série qui n'a presque pas de limite. Ils veulent juste raconter leur histoire de la meilleure des façons, avec des âme si torturées. Ça doit impliquer un peu de violence et de noirceur et ils nous permettent d'y aller. Si je pouvais faire plus de projets comme ça, je serais la plus heureuse. En tant qu'acteur, tu sens que tu peux y aller et te laisser porter par les sentiments et cette violence. Ce n'est pas quelque chose que je fais dans la vie (rires) mais on peut s'exprimer comme ça parfois. Être dans un medium qui permet ça, c'est libérateur.
J'étais inquiète au début, pas à cause de Netflix... Vous abordez le sujet, je pense ça, mais dans la vie de tout les jours, j'y pense pas. Je vais juste aux auditions, je lis les scripts et si j'aime ce personnage, j'essaye de faire quelque chose avec, vous savez. Et quand j'ai eu celui-là, j'étais inquiète de rejoindre dans un environnement contraignant, où Marvel allait me dire exactement quoi faire et quoi mais finalement c'était tout le contraire. C'était plus 'Voilà tes jouets, amuses-toi bien ! On t'a vu 6 fois en audition, on est plutôt content et confient de t'avoir avec nous'. Peut-être que c'est grâce à Netflix, peut-être que c'est un truc de Marvel. Ces mecs sont des geeks qui adorent le personnage. Joe Quesada m'a croisé un jour et m'a dit "Tu es Elektra !" sans avoir que je passais le casting pour Elektra ! Il a vu des éléments qui allait avec le personnage, et ensuite ils permettent de t'exprimer et de créer ensemble. Pour moi, c'est le mieux.
• Quelque chose m'a étonné à propos de vous, c'est votre compte Twitter...
Oui ! J'y vais jamais...
• C'est pas grave ! Ce qui est fou, vous avez l'air vraiment proche de ce qu'Elektra est vraiment ! Sur une photo vous êtes à Venise, celle d'après vous êtes au soleil en train de lire Ainsi parlait Zarathustra de Nietzche. On dirait vraiment elle!
(rires) Peut-être, je ne sais pas, je n'en ai pas vraiment conscience.
• Vous avez ce sentiment que d'un côté elle est vénéneuse, elle empoisonne la vie de Matt, et que de l'autre elle est élégante, aristocrate...
J'aurais aimé venir de l'aristocratie. Je viens du 93, Seine-Saint-Denis, donc je ne viens définitivement pas du même milieu. (rires)
• Mais vous incarnez ce qu'elle représente ! La culture, les voyages...
J'ai le gout des voyages et le luxe de pouvoir le faire ! Je suis chanceuse, mais j'ai pas grandi comme Elektra, on vient pas du même endroit.
• Qu'est-ce qui vous avez aimé chez elle dans le script et dans les comics ?
La chose que je préfère chez elle, c'est qu'elle est à l'aise n'importe où elle se trouve. C'est quelque chose que je n'ai pas moi même, je me sens pas à l'aise partout, en société etc. D'être libéré de ça, c'était génial. C'est un peu une bitch, elle embrasse vraiment ça, elle est chez elle partout et j'aime ça chez elle, c'était rigolo à jouer. Elle arrive chez Matt, vous l'avez vu dans la bande-annonce, elle critique tout, la bière qui n'est pas à son goût. C'était fun d'avoir cet aspect de sa personnalité. C'était marrant, elle le titille, elle a un certain sens de l'humour, j'aime ça.
• Elektra est un personnage féminin puissant, en tant que femme, comment avez vous assumé ce rôle ?
Je me sens chanceuse de faire quelque chose comme ça aujourd'hui. On en parle, de la diversité, des personnages féminins. Je me sens heureuse de pouvoir jouer un tel rôle aujourd'hui, de ne pas devoir attendre 5 ans. Je pense que ça va s'accélérer et qu'on aura de plus en plus de rôles de couleur et de genres différents. Les choses bougent et évoluer dans ce sens. Pour moi, c'est normal.
• Est-ce qu'une série Elektra est quelque chose pour laquelle vous serez partante ?
Si il y avait quelque chose de prévu, je serais d'accord ! C'est un personnage tellement intéressant .
• Est-ce vrai que vous avez passés le casting pour Wonder Woman ?
Oui. Bye bye DC ! (rires) Dans vos dents ! (rires)
Une dernière fois un grand merci à Netflix pour la belle opportunité, Sarah et Marouane en particulier.