Alors que les deux séries sont diffusées sur des networksdifférents aux USA, et représentent deux univers bien distincts dans leurs intrigues, Supergirl (sur CBS) et The Flash (sur la CW) avaient le droit avant-hier soir à leur premier crossover. Une rencontre assez facilement justifiable en utilisant le concept de multivers de DC Comics, déjà abordé dans la série The Flash, et dont le personnage est assez propice à la situation.
Alors que les héros s’affrontent partout, que se soit dans les récents Batman v Superman ou Daredevil saison 2, et le très prochain Captain America : Civil War, ce crossover nous promettait une collaboration dans la joie et la bonne humeur des deux héros les plus lumineux du petit écran. L’épisode met d’ailleurs ce point en exergue lorsque Cat Grant cherche à opposer médiatiquement les deux héros après la découverte de The Flash, et que Kara se fend d’un « Ça n’a pas besoin d’être ne compétition ». Une phrase qui pourrait paraître niaise ou bon enfant, mais qui pose une vraie question dans le climat général actuel.
Si on sait reconnaître des qualités à Supergirl, la série nous a prouvé par ses premiers épisodes qu’elle ne cherchait pas vraiment une cible adulte, et qu’on pouvait avoir de nombreuses choses à dire tant dans le fond que dans la forme, tout droit tirés des années 90. De même, le côté soap opera de Flash a fini par nous lasser malgré de réelles bonnes idées et des risques pris dès sa première saison. C’est pourquoi nous avons décidé de juger ce crossover sur les promesses d’un tel événement, plutôt que sur la forme de la série qui l’accueillait, à savoir Supergirl pour son dix-huitième épisode.
Et ce fut difficile. Non par manque de volonté, mais parce que dès le début de l’épisode, on a envie de crier aux incohérences. Que se soit l’utilisation d’une base secrète comme point de rendez-vous de la moitié des civils de la série, ou la découverte d’une super-vilaine dans sa cellule ultra-sécurisée à travers une porte mal fermée, tout est bon pour fournir de l’exposition au dépend de la logique même. Dès ses premières minutes, l’épisode souffre de ne rester qu’un simple épisode de Supergirl, dans lequel interviendra une guest star. Il faut ainsi pas moins d’une dizaine de minutes d’origines pour une nouvelle vilaine, et de discussions sur les affaires amoureuses de Kara, avant de voir arriver un Barry Allen qui a un peu trop forcé sur ses tests de vitesse. Et l’épisode peut enfin commencer.
La force de cet épisode repose réellement dans l’alchimie indéniable entre Kara Danvers et Barry Allen, et de leurs interprètes Melissa Benoist et Grant Gustin, au-delà de leur statut super-héroïque. C’est clairement dans leurs scènes civiles à l’écran que les deux héros et leur supporting cast s’amusent le plus, geekant chacun sur ce que peut représenter l’existence de l’autre. À défaut de ne pas être les héros qu’ils sont sensés devenir, Barry comme Kara sont très attachants, et on comprend pourquoi ce genre de crossover devait arriver entre les deux personnages, mais aurait bien plus de mal à tenir avec l’insertion d’Oliver Queen et de sa bande. Malheureusement, cette alchimie entraîne également de très lourdes réactions des personnages secondaires, quand on en revient aux éternelles intrigues amoureuses.
En costume, c’est une autre histoire. Déjà parce que CBS ne met pas le même budget que la CW, ce qui génère un grand malaise sur une ou deux scènes, mais aussi parce qu’on est sans cesse rappelé à l’idée que ce n’est qu’un épisode de Supergirl, et que Flash n’est qu’un bref mentor pour faire progresser le personnage dans son statut de héros. On ira jusqu’à dire que dans l’action, Flash n’aura servi à rien, et ce n’est pas forcément de sa faute tant le duo de vilaines constitué artificiellement pour une confrontation en duo ne fonctionne pas, et fonctionne encore moins si on réfléchit un tant soit peu au pourquoi de cette alliance.
C’est là que l’épisode aurait gagné à avoir un vrai format crossover, avec un épisode en deux parties qui aurait pris le temps de développer les choses. Ici tout est rapide, facile, et souvent sans saveur, si ce n’est exaspérant. Quelques répliques, comportements ou même changements de costume font sauter au plafond, et desservent clairement ce qui aurait pu être un vrai bon moment.
Légèrement sauvé par l’alchimie de ses deux acteurs principaux, ce premier crossover de Supergirl avec le CWverse ne parvient pas à suffisamment s’extraire de sa série source pour pouvoir tenir ses promesses. Il serait probablement plus intéressant de voir Kara traverser les dimensions vers la CW, beaucoup plus rodée à ce genre d’exercice, à l’occasion d’une menace importante pour Barry Allen.