Sorti au milieu du mois d'août, le premier numéro de Dark Nights : Metal marque les prémisses d'un nouvel event aux proportions qu'on ne peut encore clairement évaluer du côté de DC Comics. Lors de sa première annonce, et selon les dires mêmes de Scott Snyder, le titre ne devait pas (trop) empiéter sur le reste du "nouvel" univers forgé avec le relaunch Rebirth de Geoff Johns. Quelques mois ont passé, et la liste des tie-ins sous toutes ses formes (one-shots en parallèle, deux crossovers dans les titres Rebirth) s'est grandement allongée, Metal servant aussi de rampe de lancement à une nouvelle ligne de titres appelée Dark Matter. Et au vu de la richesse de Dark Nights : Metal #1, ainsi que des deux one-shots introductifs Dark Days, il ne sera pas évident pour tout le monde de comprendre quels recoins de l'univers DC Snyder est allé chercher.
C'est avec ce dossier que votre rédacteur se propose donc de faire un tour (non exhaustif, mes connaissances dans la continuité et les concepts de DC trouvant elles aussi leurs limites) du premier numéro de Scott Snyder et Greg Capullo. Au delà de la qualité du récit (abordée dans notre review dédiée), il sera question de faire un point sur les rappels à la continuité DC et la ré-introduction de nombreux personnages et concepts ; sur les liens rapportés par Snyder à son propre run et aux éléments de celui de Grant Morrison sur Batman ; et des multiples teasings exercés pour les futurs titres de l'éditeur à deux lettres, qui trouveront leur existence au travers de la ligne Dark Matter mais ailleurs également. On dit souvent que le voyage compte plus que la destination, et à l'heure du Metal, c'est un voyage on ne peut plus chargé qui se présente à nous.
Avec Dark Nights : Metal, Scott Snyder a une idée principale qu'il étayera tout le long du numéro - et qu'il a déjà martelée tout l'été avec Dark Days : une ré-appropriation du Nth Metal repensé pour être bien plus qu'un simple artefact de science-fiction, et qui serait à la base maintenant de tout l'univers DC. Ou du moins, d'une très grande partie de sa richesse. Pour développer ce propos, l'auteur s'appuiera en premier lieu sur une longue ré-introduction de Carter Hall, le Hawkman originel du Golden Age, et d'une vision sur le très long terme du DC Universe par ses yeux. Mais puisqu'il faut bien une introduction légère, passons malgré tout par le fameux début du numéro avec une Justice League aux prises avec Mongul.
La présence de ce personnage n'est pas anodine. Elle permet d'ancrer Metal dans la continuité de Rebirth. En début de numéro, Batman est sidéré que Mongul ait pu rebâtir un Warworld aussi vite "après son affrontement avec Zod". L'affrontement en question a eu lieu, et s'est achevé, dans Action Comics #984 qui est publié trois semaines avant Dark Nights : Metal #1. Une échelle de temps assez courte, et dans notre monde, et aussi au niveau des personnages, mais qui peut fonctionner malgré tout. Il y a peut-être une raison au si prompt rétablissement de Mongul, mais Superman lui-même (par la voix de Snyder) coupe court à la réflexion pour inciter le lecteur à se plonger dans le présent.
Si on peut soupçonner que le "mégazord" de la Justice League présenté à l'issue de la séquence d'intro soit plus qu'un simple délire Snyderien doublé d'une auto-référence à son Bat-robot géant à la fin de son arc "Superheavy", il est possible qu'il soit utilisé plus tard dans l'event. En l'état, l'affrontement dans l'arène permet surtout à Snyder d'implanter sa thématique métallique puisque chaque membre de la Justice League est incapacité par l'utilisation d'alliages et de métaux qui sont accrochés à leurs armures.
L'auteur utilise des éléments connus des personnages (des cristaux de Red Sun pour Superman, un artefact lié à la mythologie grecque pour Wonder Woman, etc...) pour les rattacher à leurs faiblesses et insister sur l'importance que peuvent avoir les métaux chez DC, au delà de leurs propriétés. Ce qui va nous permettre d'aborder ce fameux Nth metal.
Pour nous raconter la venue du Nth metal et de son importance dans l'univers DC, Scott Snyder nous réintroduit Hawkman dès les premières pages du one-shot Dark Days : the Forge #1. Comme pour de nombreux personnages chez DC, il existe plusieurs versions d'un même personnage (Alan Scott ou Hal Jordan pour Green Lantern, Jay Garrick ou Barry Allen pour Flash, et ainsi de suite).
Le Hawkman présent ici est celui qui répond au nom de Carter Hall, version du Golden Age créée en 1940 par Gardner Fox et Dennis Neville.
La version du Silver Age, l'agent de police Thanagarien, est vraisemblablement morte à la fin de la mini-série Death of Hawkman publiée quelques mois plus tôt, et la coïncidence n'en est peut-être pas une, DC ayant pris l'habitude récemment d'éliminer certaines versions de personnages pour en réhabiliter d'autres, plus anciennes (si je vous dis Superman, par exemple). Une simplification d'autant plus logique que Katar Hol, lors du relaunch des New 52, utilisait l'identité de Carter Hall sur Terre.
Quoi qu'il en soit, si on retrouve un Carter Hall à un moment archéologue, son histoire personnelle remonte à bien avant. Tout au long de son journal, qui sert de fil narratif dans les prologues Dark Days, et que Batman retrouvera à la fin de Dark Nights : Metal #1, on apprend que Carter Hall a enquêté sur le nth métal depuis des milliers d'années. Lorsqu'il était encore Khufu, un prince égyptien, l'arrivée d'un vaisseau Thanagarien fait de nth metal va donner lui donner ses pouvoirs, ainsi qu'à sa dulcinée Chay-Ara - et à son ennemi le sorcier Hath-Set. C'est au cours de leur affrontement qu'ils vont entrer dans le cycle de réincarnations qu'on leur connaît classiquement, et qui va nous mener au Carther Hall des années 40.
Là où Snyder voit ensuite plus loin, c'est qu'il modifie ce passé du personnage en lui en créant un qui remonte à bien plus longtemps en arrière, à l'aube de l'humanité. Il se replace à une époque où trois grandes tribus évoluaient : celle des Oiseaux, celle de l'Ours et celle du Loup. Chacun des totems utilisés se rapporte par ailleurs à un personnage immortel. Hawkman fait évidemment partie de la première tribu. Celle de l'Ours est celle de l'Immortal Man (qui fait une apparition dans The Forge) ; celle du loup est liée à Vandal Savage. On reviendra sur ces fameuses tribus et ces personnages immortels plus loin dans le dossier. L'important est de voir ici la longévité du personnage de Carter Hall, d'autant plus que son immortalité lui a donc été conférée par le nth metal, présent depuis la nuit des temps sur Terre.
L'auteur nous présente de plus un ensemble de propriété pour ce métal qui a un effet différent en fonction des personnes qui rentrent en sa possession. Sa capacité à rendre des personnages immortels ou doués de super-pouvoirs est largement mise en avant au travers du run de Batman par Snyder.
On retrouve ainsi la présence du nth metal en lien avec la Cour des Hiboux (qui l'utilise pour ses Talons immortels), avec le dionesium utilisé par Joker dans Endgame (qui lui redonne son visage et lui permet de jouer sur son aspect de croquemitaine/légende urbaine), mais aussi dans des artefacts mystiques qui renvoient à des personnages comme Doctor Fate, Shazam (la dague du sorcier est faite de ce métal), Black Adam ou encore le Psycho Pirate.
Ce dernier est particulièrement intéressant, parce que le personnage est le seul à se souvenir de l'époque pré-Crisis de l'univers DC. Et que le casque en question, qui est dans la Batcave depuis l'arc I am Suicide de Tom King, a également servi a démarré le crossover The Button en lien avec l'intrigue de Rebirth. Tout est lié, on vous dit.
Scott Snyder va même proposer par le biais de Duke Thomas une nouvelle hypothèse (non vérifiée à l'heure de publication du dossier) pour expliquer la présence des super-pouvoirs chez une partie de la population de l'univers DC. Ainsi, si l'on parle de méta-humains, c'est parce que le terme méta renvoie à celui de métal.
Les méta-humains seraient donc ceux qui ont en eux ce fameux nth metal. Une théorie qui redéfinit de façon majeure les personnages DC, et met une place centrale du métal en son coeur, mais vous allez voir qu'on peut encore faire mieux.
Il y a quelques paragraphes, on vous expliquait que la première rencontre entre Carter Hall et le nth metal s'est déroulée à l'aube des temps. Les circonstances restent vagues, et Snyder évoque une sorte de brèche dimensionnelle ("a tear in the fabric of reality") puisque le métal ne provient pas de l'univers - ni même du Multivers DC. C'est là qu'il introduit plus tard le concept du Dark Multiverse, qui serait un nouveau Multivers bien plus vaste que celui alors connu - et méta-représenté par la carte du Multiversity de Grant Morrison.
Et c'est parce qu'il vient de cet endroit vaste et inconnu que personne n'avait pu en découvrir l'origine jusqu'à présent, bien que de nombreuses recherches aient été lancées.
Chapitre suivant >Un ensemble de retrouvaillesAinsi, on en revient à la quête de Carter Hall qui est parti à la recherche du nth metal au cours de ses multiples vies. C'est à sa période Golden Age qu'on s'intéresse puisque c'est l'occasion de mettre en images des équipes plus ou moins disparues dans le paysage éditorial de DC :
• L'équipe des Blackhawks qui a été commandée par Carter Hall et sa compagne, Kendra Saunders, cette dernière prenant aussi l'alias de Lady Blackhawk (personnage originellement créé en 1959 peu de temps après l'acquisition de la bande par DC Comics auprès de Quality Comics en 1957).
L'équipe possède un QG situé sur Blackhawk Island (qui existe depuis 1941), un endroit un peu hors du temps tels que peuvent l'être d'autres endroits mystiques tels Themyscira, Dinosaur Island (vue dans Superman #8) ou Skartaris (dont la dernière apparition remonte à Convergence).
Alors qu'à leur création, les Blackhawks étaient une force aérienne luttant contre les Nazis, leur dessein est maintenant de lutter coûte que coûte contre l'avènement du Dark Multiverse.
• Starman fait également un apparition. Le personne a connu beaucoup d'incarnations et il s'agit ici de la version post-Crisis on Infinite Earths, soit Will Payton, créé en 1988 par Roger Stern et Tom Lyle.
• Nous retrouvons ensuite sur une même photo le Dr. Magnus et ses Metal Men (qui avaient eu droit récemment à une histoire dans la mini-série anthologique Legends of Tomorrow) ainsi que T.O. Morrow, le scientifique reponsable de la création de Red Tornado.
La présence de Red Tornado (créé dans les années 70 à la base) est ici importante puisque le personnage n'était pas ré-apparu depuis les New 52 (période durant laquelle Lois Lane avait repris le rôle dans le titre Earth 2). Il s'agit donc bien d'une réintroduction sous Rebirth mais qui ramène aussi le personnage dans le passé de l'univers DC, puisqu'en plus d'être présent aux côtés des Metal Men, il accompagne également une autre équipe ayant suivi Carter Hall dans sa quête : les Challengers of the Unknown.
• Il s'agit donc des Challengers qui portent leurs costumes violets, tel lors de leur création en 1957 par Jack Kirby, avec notamment la présence dans leurs rangs de June Robbins.
Leur concept trouve ici une vocation littérale puisqu'ils participent à explorer l'inconnu dont Carter soupçonne la provenance du nth metal (on parle donc bien du Dark Multiverse). Snyder ré-introduit également leur QG, la Challengers Mountain, qui disparaît de façon violente dans l'un des flashbacks de Dark Days : The Casting #1.
Curieusement, au début de Dark Nights : Metal, une montage surgit soudainement au milieu de Gotham City, et il s'agit très probablement de la Challengers Moutain, puisqu'on y retrouve le symbole du groupe (le sablier retourné) sur une porte (symbole ou logo qu'on peut retrouver sur de vieilles couvertures des titres consacrés à cette équipe).
Sa présence sur Terre est l'un des signes annonciateurs de l'invasion du Dark Multiverse, où elle s'était certainement "égarée". A noter enfin que la mention des Challengers n'est en loin innocente puisqu'au sein de la nouvelle ligne Dark Matter, un relaunch de l'équipe sera proposé par Scott Snyder et Andy Kubert sous l'appellation New Challengers.
Sans vous refaire l'histoire du numéro, le journal de Carter Hall se conclut avec la disparition des Challengers, et le départ de l'archéologiste vers ce qu'on suppose être le fameux Dark Multiverse. Le fruit de ses investigations est consigné dans le journal qu'il laisse dans le Manoir Wayne, Batman ne faisant de fait que reprendre une enquête menée depuis des millénaires. Et c'est dans cette seconde partie que nous nous attardons sur cette longévité qui se rapporte notamment aux écrits d'un certain Grant Morrison...
< Chapitre précédent(Nth) Metal is the new blackChapitre suivant >A la poursuite de BarbatosDans cette partie, il sera question de faire le point sur ce qui est annoncé comme la menace principale de Dark Nights : Metal. Alors que les investigations de Carter Hall, Batman et des Blackhawks mènent vers le terrifiant et envoûtant Dark Multiverse, c'est une créature qui inquiète le plus grand monde. Elle porte un nom : Barbatos.
Sans vouloir jouer la carte Wikipédia, un peu d'historique sur le "Bat-démon" permet de retracer le parcours de Barbatos. D'abord appelé Barbathos (notez ce h qui fait toute la différence), le démon est apparu la première fois dans le récit Dark Knight, Dark City de Peter Milligan publié en 1990. Dans cette histoire, le démon est présenté comme l'essence noire de Gotham City qu'un groupe occulte, puis le Riddler, essaie de ramener sur Terre via un rituel décomposé en six étapes, nécessitant un sacrifice humain. Le lien du démon à Batman est fort puisqu'il explique qu'il a créé ce dernier dans l'espoir qu'il le libère un jour. Un lien qui sera repris par la suite dans le run de Grant Morrison.
En effet, Morrison s'est inspiré de nombreuses histoires déjà publiées pour construire la sienne, en partant du postulat que tout ce qui avait été écrit avant lui avait bien eu lieu, d'une façon ou d'une autre. Ainsi, Barbatos devient maintenant une entité née des profondeurs d'Apokolips et chargée de poursuivre Batman jusqu'à sa destruction. Elle fusionne avec Thomas Hurt, antagoniste célèbre de l'arc Batman R.I.P., et va traquer Bruce Wayne après Final Crisis lorsque ce dernier est renvoyé dans le temps après avoir été touché par le rayon Oméga de Darkseid. On lui donne aussi alors le nom d'Hyper-Adapter.
Cet élément est repris dans Dark Knights : Metal #1 avec une case directement tirée de Return of Bruce Wayne #1. Elle stipule que c'est la première rencontre entre Barbatos et Bruce Wayne, ce dernier devant à nouveau servir de conduit pour sa venue sur Terre, comme l'avait décrit Peter Milligan. Scott Snyder puise donc dans les idées des deux auteurs pour retconner le démon, un procédé courant dans les comics dont la qualité ne tiendra qu'à l'exécution de son auteur.
La grande différence à présent, même si Barbatos traque bien Batman depuis des milliers d'années, se trouve dans son origine. Il ne vient pas d'Apokolips mais du Dark Multiverse. D'après les prologues Dark Days, il a tenté de venir sur Terre lors de la première manifestation de nth metal, donnant des pouvoirs aux Immortels (on y revient après) - et possiblement donc, à tous les méta-humains du DC Universe au fil du temps. Son arrivée a provoqué l'émergence d'une quatrième tribu, celle de la Chauve-Souris, parmi les trois qui dominaient le monde à cette époque. Il a alors été repoussé mais ne cessera ensuite de vouloir revenir, en utilisant Bruce Wayne comme porte d'entrée.
Le démon est représenté à plusieurs reprises ; une peinture à son effigie est située dans une grotte qui semble être celle dans laquelle Joker est arrivé à la fin de Death of the Family, et qui contient le dionesium qui lui a permis de faire son retour dans Endgame.
Barbatos est également aperçu par Carter Hall lors de la disparition des Challengers of the Unknown et de leur montagne, tel que dépeint dans The Casting.
Enfin il sera intéressant de noter que l'avènement de Barbatos, comme chez Milligan et Morrison, est orchestré par une sombre confrérie qui oeuvre dans l'ombre et semble aussi suivre les précepts d'un rituel.
A noter que pour Metal, l'invasion de Barbatos sera accompagnée de sept versions altérées de Batman, les Dark Knights, qui auront chacun droit à leur one-shot répartis chez DC Comics des mois de septembre à novembre.
On peut les apercevoir à de multiples reprises dans les prologues Dark Days et dans Dark Nights : Metal #1. Ces derniers appellent notamment Barbatos "le vrai père de Batman", ramenant l'existence et le concept même du Chevalier Noir à une échelle toute autre que celle à laquelle nous sommes habitués.
Cette case énigmatique de The Forge renvoie elle aussi au fait que Batman pourrait devenir une entité bien plus malfaisante et puissante que le rôle qu'on lui connaît, mais d'un futur alternatif possible, il restera à voir ce que Snyder en fera.
< Chapitre précédentUn ensemble de retrouvaillesChapitre suivant >Une question d'ImmortelsLe fait de retracer l'histoire de Barbatos jusqu'au début de l'humanité permet de faire un grand point sur une tripotée de personnages dotés d'immortalité et qui font leur apparition dans Dark Days : the Forge.
On peut commencer en premier par l'Immortal Man, de son nom Klarn de la tribu de l'Ours qui a obtenu ses pouvoirs lors d'un affrontement avec Vandar Adg (qui prendra le nom de Vandal Savage) de la tribu du Loup - les deux tribus faisant parties de celles qui seront ensuite rejointes par celle de la Chauve-Souris. Dans The Forge, l'Immortal Man est présenté à notre heure moderne dans un endroit inconnu appelé "The Campus". On y apprend au cours d'une discussion que la mère de Duke Thomas a été approchée par lui pour devenir, elle aussi, une Immortelle.
Lors de cette discussion est directement faite une référence au prochain titre Immortal Men (de James Tynion IV et Jim Lee) qui sera publié à l'automne avec l'initiative Dark Matter.
C'est ensuite dans The Casting qu'on nous présente la rencontre entre Carter Hall et un ensemble de personnages immortels, dénommés indirectement. S'il s'agit surtout d'un énorme enchaînement de name-dropping, il sera intéressant de voir si Snyder ira puiser aussi loin dans les possibilités qu'ils représentent au sein du DC Universe.
Prenons les dans l'ordre : the Rhyming Demon of Camelot est le démon Etrigan, créé en 1972 par Jack Kirby ; les Brothers sont Abel et Cain entre '68 et 69 et qui ont été des personnages récurrents dans l'univers de Sandman (et si je parle de ce personnage, ce n'est pas innocent) ; l'homme aussi vieux que l'Amérique est Uncle Sam, créé en 1940 par Will Eisner ; le grove of ancient humanoid plants se réfère au Parliament of Trees, l'instance qui régit la force du Green, créée en 1986 par Alan Moore, et dont Swamp Thing est l'émissaire. Les termes de sorciers et d'hommes des cavernes peuvent se référer à de nombreux personnages. Pour la première catégorie on pensera notamment à Zatara (le père de Zatanna), Sargon the Sorcerer (sorcier du Golden Age créé en 1941) ou Doctor Fate - qui est certaiement le choix le plus logique compte tenu de son apparence par la suite dans les pages de Metal. Concernant les hommes des cavernes, il s'agit d'une référence à l'Immortal Man et Vandal Savage dont les origines remontent à l'âge de pierre. Viennent enfin le terme de Phantom Stranger qui se réfère au personnage du même nom, créé en 1952 par John Broome et Carmine Infantino, et celui du Shining Knight qui peut s'accorder à Sir Justin de Camelot, créé en 1941 par Creig Flessel - mais qui pourrait être aussi le Sir Ystin de Grant Morrison et Simone Bianchi dans leurs Seven Soldiers of Victory (on aurait envie de pencher de ce côté là) et revu durant les New 52 dans le titre Demon Knights.
On termine avec deux autres personnages ; inutile de présenter le célèbre Ra's Al Ghul (à laquelle on pourrait faire un lien entre les Lazarus Pits et le nth metal) ; à ses côtés il s'agit de Mary Seward, vampire et ancienne amante d'Andrew Bennett du titre I, Vampire des années '80 et relancé lors des New 52. Sur la case de gauche se trouve le sorcier Shazam qui tient la dague mystique, composée de nth metal.
Comme dit précédemment, il n'est pas certain que l'ensemble de ces personnages aient une véritable importance par la suite, mais leur présence souligne la longévité de la quête de Carter Hall tout en légitimant la puissance du nth metal et ses ramifications à toutes les branches du DC Universe. Qu'on ait envie d'y croire ou pas, Scott Snyder l'a maintenant imposé.
< Chapitre précédentA la poursuite de BarbatosChapitre suivant >Easter-eggs en vracA présent que le tour de la question de Metal est faite, il me reste à vous lister par ici quelques easter eggs, apparitions ou références restantes qui ne semblent pas directement en lien avec le reste de l'intrigue - si ce n'est encore, souligner le fait que Snyder ne se cantonne pas à Batman ou la Justice League mais part piocher à droite à gauche ce qu'il peut.
Le retour de Mister Terrific est assez intéressant, non pas pour le personnage en lui-même, qu'on n'avait plus revu depuis les derniers jours d'Earth 2 (on suppose qu'il s'était bien caché pendant le titre Earth 2 : Society), mais parce qu'il fait visiblement des aller-retours avec cette planète. Qui n'attend donc plus grand chose pour avoir sa propre ré-introduction dans la ligne Rebirth, d'autant plus qu'on sait depuis DC Universe : Rebirth #1 qu'une relance de la Justice Society of America est en préparation. Bien que Johnny Thunder soit présent sur la Terre principale, il n'est pas impossible au vu de sa condition mentale qu'il vienne d'Earth 2 (ou qu'il ait perdu son équipe à cause d'une certaine personne qui a volé dix années à l'univers DC).
Autre retour d'un grand absent, celui de Plastic Man qui n'avait plus été revu depuis quelques caméos et une apparition dans Justice League International #1 à l'époque des New 52. Les raisons de son enfermement par Batman sont encore inconnues et certainement le sujet de développement futurs. A noter que le personnage (enfin, son "cocon") ré-apparaît dans les dernières pages de Dark Nights : Metal #1.
Est aussi réaffirmée l'existence des Outsiders, ici ramenée comme une équipe de "black-ops" travaillant pour Batman. On y retrouve l'équipe telle que formée lors de sa création en 1983 par Jim Aparo et Mike W. Barr. Elle est donc composée de Metamorpho, Black Lightning, Katana, Geo-Force et Halo. Ce qui est intéressant à noter c'est que Mister Terrific, Plastic Man et Metamorpho feront partie d'une nouvelle équipe, les Terrifics, dont la série arrivera plus tard dans l'année avec Jeff Lemire aux commandes.
En parlant de titres à venir, on notera plusieurs références ensuite qui se rapportent à des titres annoncés et qui accompagneront de près ou de loin Metal, notamment au sein de la ligne Dark Matter déjà évoquée à plusieurs reprises dans ce dossier.
Ainsi, The Signal est le nouveau nom de code donné à Duke Thomas, visiblement doté de pouvoirs comme le montrent ses facultés lorsqu'il entre en contact avec la dague de Shazam (et donc : le nth metal, pardi !) dans les dernières pages de The Casting.
The Silencer, nommé par Talia Al Ghul, est le nom d'un personnage qui aura droit à son propre titre, écrit par Dan Abnett et profitant des dessins de John Romita Jr.
Le "Damage" droppé par Dubbilex (un personnage qui nous vient directement du run de Jack Kirby sur le titre Jimmy Olsen des années '70, et qui est certainement la référence la plus obscure de Snyder au sein des trois numéros Dark Days/Nights) se réfère à un personnage capable de libérer un monstre pendant une heure. Le titre, au sein de Dark Matter, arrivera cet automne avec Robert Venditti au scénario et Tony S. Daniel aux dessins.
On en vient maintenant à l'une des références les plus excitantes (à mon sens) avec la présence d'une des tours créées par le Monitor pour lutter contre l'Anti-Monitor, et qui est un vestige de Crisis on Infinite Earths, dans la Forteresse de Solitude de Superman. Selon Batman elle agirait comme une boussole pour détecter les vibrations causées par le Dark Multiverse. Son apparition laisse à penser, comme le terme "crisis" mentionné plusieurs fois tout au long des numéros, que Metal pourrait avoir des proportions dignes d'une crisis. Un event cosmique tels qu'on en a plus réellement vu depuis le Final Crisis de Grant Morrison - et il est alors naturel que Snyder y fasse plusieurs fois mentions si son ambition est de faire une nouvelle crise. D'autant plus que, pour l'anecdote, le terme de "Dark Crisis" était envisagé en premier lieu par DC Comics avant que Snyder ne réussisse à imposer Metal.
Les deux images précédentes renvoient elles, mais ce ne sont peut-être que des clins d'oeil, à Watchmen ; avec la symbolique de l'horloge, mais aussi les tâches de sang qui font penser au test de Rorschach. Il s'agit sûrement d'un simple renvoi pour le plaisir à ce que prépare Geoff Johns de son côté avec Doomsday Clock, et de ne pas délier complètement Metal du reste de sa trame principale.
Et on termine enfin avec le cliffhanger du premier numéro qui met Batman face à Dream of the Endless, aka Sandman. Il faut savoir que l'utilisation d'un tel personnage - et de ce qui s'y rapporte - a nécessité au préalable l'accord de Neil Gaiman. Et s'il n'est pas si surprenant de retrouver Dream puisque historiquement, le personnage a toujours été relié à l'univers DC avant d'intégrer le catalogue Vertigo, c'est l'utilisation par Snyder qui va, là aussi, soulever beaucoup de questions quant aux liens à faire entre ces deux univers. Avec l'intégration de Watchmen avec Geoff Johns, il est certain que Metal cherche lui aussi à faire fi des barrières des oeuvres cultes publiées chez DC. Et si on compte l'ajout du Dark Multiverse, le terme d'expansion ne sera pas de trop pour qualifier le processus créatif en marche chez l'éditeur à deux lettres. Qu'on y adhère ou non, ce sera une autre histoire...
< Chapitre précédentUne question d'ImmortelsAvec Dark Nights : Metal, Scott Snyder a une idée principale qu'il étayera tout le long du numéro - et qu'il a déjà martelée tout l'été avec Dark Days : une ré-appropriation du Nth Metal repensé pour être bien plus qu'un simple artefact de science-fiction, et qui serait à la base maintenant de tout l'univers DC. Ou du moins, d'une très grande partie de sa richesse. Pour développer ce propos, l'auteur s'appuiera en premier lieu sur une longue ré-introduction de Carter Hall, le Hawkman originel du Golden Age, et d'une vision sur le très long terme du DC Universe par ses yeux. Mais puisqu'il faut bien une introduction légère, passons malgré tout par le fameux début du numéro avec une Justice League aux prises avec Mongul.
La présence de ce personnage n'est pas anodine. Elle permet d'ancrer Metal dans la continuité de Rebirth. En début de numéro, Batman est sidéré que Mongul ait pu rebâtir un Warworld aussi vite "après son affrontement avec Zod". L'affrontement en question a eu lieu, et s'est achevé, dans Action Comics #984 qui est publié trois semaines avant Dark Nights : Metal #1. Une échelle de temps assez courte, et dans notre monde, et aussi au niveau des personnages, mais qui peut fonctionner malgré tout. Il y a peut-être une raison au si prompt rétablissement de Mongul, mais Superman lui-même (par la voix de Snyder) coupe court à la réflexion pour inciter le lecteur à se plonger dans le présent.
Si on peut soupçonner que le "mégazord" de la Justice League présenté à l'issue de la séquence d'intro soit plus qu'un simple délire Snyderien doublé d'une auto-référence à son Bat-robot géant à la fin de son arc "Superheavy", il est possible qu'il soit utilisé plus tard dans l'event. En l'état, l'affrontement dans l'arène permet surtout à Snyder d'implanter sa thématique métallique puisque chaque membre de la Justice League est incapacité par l'utilisation d'alliages et de métaux qui sont accrochés à leurs armures.
L'auteur utilise des éléments connus des personnages (des cristaux de Red Sun pour Superman, un artefact lié à la mythologie grecque pour Wonder Woman, etc...) pour les rattacher à leurs faiblesses et insister sur l'importance que peuvent avoir les métaux chez DC, au delà de leurs propriétés. Ce qui va nous permettre d'aborder ce fameux Nth metal.
Pour nous raconter la venue du Nth metal et de son importance dans l'univers DC, Scott Snyder nous réintroduit Hawkman dès les premières pages du one-shot Dark Days : the Forge #1. Comme pour de nombreux personnages chez DC, il existe plusieurs versions d'un même personnage (Alan Scott ou Hal Jordan pour Green Lantern, Jay Garrick ou Barry Allen pour Flash, et ainsi de suite).
Le Hawkman présent ici est celui qui répond au nom de Carter Hall, version du Golden Age créée en 1940 par Gardner Fox et Dennis Neville.
La version du Silver Age, l'agent de police Thanagarien, est vraisemblablement morte à la fin de la mini-série Death of Hawkman publiée quelques mois plus tôt, et la coïncidence n'en est peut-être pas une, DC ayant pris l'habitude récemment d'éliminer certaines versions de personnages pour en réhabiliter d'autres, plus anciennes (si je vous dis Superman, par exemple). Une simplification d'autant plus logique que Katar Hol, lors du relaunch des New 52, utilisait l'identité de Carter Hall sur Terre.
Quoi qu'il en soit, si on retrouve un Carter Hall à un moment archéologue, son histoire personnelle remonte à bien avant. Tout au long de son journal, qui sert de fil narratif dans les prologues Dark Days, et que Batman retrouvera à la fin de Dark Nights : Metal #1, on apprend que Carter Hall a enquêté sur le nth métal depuis des milliers d'années. Lorsqu'il était encore Khufu, un prince égyptien, l'arrivée d'un vaisseau Thanagarien fait de nth metal va donner lui donner ses pouvoirs, ainsi qu'à sa dulcinée Chay-Ara - et à son ennemi le sorcier Hath-Set. C'est au cours de leur affrontement qu'ils vont entrer dans le cycle de réincarnations qu'on leur connaît classiquement, et qui va nous mener au Carther Hall des années 40.
Là où Snyder voit ensuite plus loin, c'est qu'il modifie ce passé du personnage en lui en créant un qui remonte à bien plus longtemps en arrière, à l'aube de l'humanité. Il se replace à une époque où trois grandes tribus évoluaient : celle des Oiseaux, celle de l'Ours et celle du Loup. Chacun des totems utilisés se rapporte par ailleurs à un personnage immortel. Hawkman fait évidemment partie de la première tribu. Celle de l'Ours est celle de l'Immortal Man (qui fait une apparition dans The Forge) ; celle du loup est liée à Vandal Savage. On reviendra sur ces fameuses tribus et ces personnages immortels plus loin dans le dossier. L'important est de voir ici la longévité du personnage de Carter Hall, d'autant plus que son immortalité lui a donc été conférée par le nth metal, présent depuis la nuit des temps sur Terre.
L'auteur nous présente de plus un ensemble de propriété pour ce métal qui a un effet différent en fonction des personnes qui rentrent en sa possession. Sa capacité à rendre des personnages immortels ou doués de super-pouvoirs est largement mise en avant au travers du run de Batman par Snyder.
On retrouve ainsi la présence du nth metal en lien avec la Cour des Hiboux (qui l'utilise pour ses Talons immortels), avec le dionesium utilisé par Joker dans Endgame (qui lui redonne son visage et lui permet de jouer sur son aspect de croquemitaine/légende urbaine), mais aussi dans des artefacts mystiques qui renvoient à des personnages comme Doctor Fate, Shazam (la dague du sorcier est faite de ce métal), Black Adam ou encore le Psycho Pirate.
Ce dernier est particulièrement intéressant, parce que le personnage est le seul à se souvenir de l'époque pré-Crisis de l'univers DC. Et que le casque en question, qui est dans la Batcave depuis l'arc I am Suicide de Tom King, a également servi a démarré le crossover The Button en lien avec l'intrigue de Rebirth. Tout est lié, on vous dit.
Scott Snyder va même proposer par le biais de Duke Thomas une nouvelle hypothèse (non vérifiée à l'heure de publication du dossier) pour expliquer la présence des super-pouvoirs chez une partie de la population de l'univers DC. Ainsi, si l'on parle de méta-humains, c'est parce que le terme méta renvoie à celui de métal.
Les méta-humains seraient donc ceux qui ont en eux ce fameux nth metal. Une théorie qui redéfinit de façon majeure les personnages DC, et met une place centrale du métal en son coeur, mais vous allez voir qu'on peut encore faire mieux.
Il y a quelques paragraphes, on vous expliquait que la première rencontre entre Carter Hall et le nth metal s'est déroulée à l'aube des temps. Les circonstances restent vagues, et Snyder évoque une sorte de brèche dimensionnelle ("a tear in the fabric of reality") puisque le métal ne provient pas de l'univers - ni même du Multivers DC. C'est là qu'il introduit plus tard le concept du Dark Multiverse, qui serait un nouveau Multivers bien plus vaste que celui alors connu - et méta-représenté par la carte du Multiversity de Grant Morrison.
Et c'est parce qu'il vient de cet endroit vaste et inconnu que personne n'avait pu en découvrir l'origine jusqu'à présent, bien que de nombreuses recherches aient été lancées.
Chapitre suivant >Un ensemble de retrouvailles