Presque dix ans après la sortie du premier numéro d'Old Man Logan et presque trois ans après Secret Wars, crossover qui permettait à Marvel de revisiter un paquet d'époques et d'univers alternatifs, l'éditeur revient dans le monde post-apocalyptique imaginé par Mark Millar avec Old Man Hawkeye.
Et je vais vous faire une confidence : j'ai toujours trouvé qu'Old Man Logan était surestimé. Comme toutes les histoires de Mark Millar ou presque, elle propose un pitch suffisamment solide pour fasciner tout le monde, mais au fil des pages, la magie s'estompe et ne restent que les irrévérences typiques du scénariste écossais, qui aime beaucoup la Spider-Mobile et sa capacité à rouler à la verticale.
Le western qui monte en flèche
Fun,
Old Man Logan l'est assurément, mais son hommage au Western à la
Clint Eastwood était finalement bien plus vibrant
dans son adaptation cinématographique, sortie l'année dernière sur nos écrans. Cela dit, l'univers imaginé par
Millar reste un joli bac à sable, dans lequel
Ethan Sacks, journaliste au
New York Daily News, s'amuse comme un petit fou. Après le transfert (raté) d'
Evan Narcisse dans
Rise of the Black Panther, l'arrivée du reporter aux commandes du titre paraît même très inspirée.
Il faut dire que
Sacks est accompagné d'un dessinateur particulièrement talentueux,
Marco Checchetto, qui depuis quelques mois, a vraiment musclé son jeu. On le voyait notamment dans les quatre numéros de
Captain Phasma, où, en tandem avec la talentueuse
Kelly Thompson,
il constituait des planches très impressionnantes. Approchant le sommet de son art séquentiel, le dessinateur revient ici très en forme, et pour une fois, les couleurs d'
Andres Mossa sont carrément adaptées au contexte
Mad Maxien du titre.
A lire, même sans Old Man Logan
On en prend donc plein la vue, et l'équipe créative nous propose d'emblée quelques moments de bravoure dans ce premier numéro, que l'on peut apprécier sans avoir lu Old Man Logan. L'expérience de lecture sera différente, c'est certain, mais en ce sens, le titre s'annonce comme une préquelle plutôt réussie, qui proposera une explication satisfaisante aux fans ayant lu l'original de Mark Millar, tout en surprenant les nouveaux lecteurs.
Ajoutez à cela des dialogues plutôt bien foutus qui viennent subvertir les dynamiques familiales que nous connaissons tous, et vous obtenez une lecture au demeurant fort agréable, même si les fans les plus hardcore de Mark Millar regretteront peut-être l'aspect irrévérencieux du comic book original. Qu'on se rassure, il pointe tout de même le bout de son nez, ça et là, dans ce premier opus, qui en tant qu'accroche pour une série en 12 numéros, fonctionne à merveille.
A l'heure où Marvel aligne des titres prétendument complexes ou originaux les uns après les autres, lire un premier numéro aussi simple et bien construit qu'Old Man Hawkeye nous fait beaucoup de bien. D'autant que le monde bâti par Mark Millar et Steve McNieven il y a dix ans de cela n'a rien perdu de sa superbe. Au contraire, Ethan Sacks semble vouloir lui donner une dimension plus humaine, tandis que Marco Checchetto le sublime dans des planches plutôt très agréables. Une recette gagnante pour l'éditeur ? On l'espère ! Mais en l'état, on se réjouit de pouvoir compter sur un titre détaché de "l'actualité" Marvel, qui a du mal à décoller.