On en entend parler régulièrement sans que de réelles avancées ne semblent s'observer : le projet Watchmen de Damon Lindelof pour HBO donnait pour la dernière fois de ses nouvelles en annonçant une réalisatrice pour son éventuel pilote, sans qu'une distribution ou qu'un planning de tournage ne soit venu compléter cette première information.
Le
showrunner paraît pourtant toujours aussi confiant et surtout, toujours au travail. C'est en tout cas ce qu'il affirme à chaque fois qu'un rédacteur en mal de questions à poser ne l'interroge sur l'avancée générale, et comme souvent,
Lindelof explique
que son but n'est pas d'adapter fidèlement l'oeuvre papier.
"Adapter pourrait en fait être le mot juste, en fin de compte. Est-ce que vous regardez Fargo ? Je n'appellerais pas ce que fait Fargo de Noah Hawley une adaptation, parce que le film existe en-dehors de son monde et donc tout ce qui se passe dans la version cinéma précède la version télévisée. Par exemple quand un personnage trouve le sac plein de billets dans la première saison, on se dit 'ah, mais ça vient du film'. Il y a aussi le fait que Noah tire sur d'autres segments de la filmographie des Coen, ça évoque aussi le Big Lebowski, mais c'est aussi capable de tenir debout seul."
Une approche intéressante, comme d'habitude avec le créateur, et qui se concentre sur l'intérêt plus complémentaire que transgressif vis à vis du comics (pour peu qu'on prenne cette comparaison au premier degré). L'autre angle développé par Lindelof se concentrerait sur la correspondance entre notre vision moderne des thématiques politiques et des héros de Watchmen, là où Moore répondait aux problématiques de son temps.
Plus loin dans la même interview, Lindelof rappelle aux fans qui ne voudraient pas du projet que l'auteur barbu avait lui-aussi développé un récit original avec des héros qui ne lui appartenaient pas au départ - en l'occurrence, ceux de Charlton - et que son rejet des adaptations serait à ce titre une forme d'hypocrisie.
Une déclaration qui vaut ce qu'elle vaut, on appréciera en tout cas que que le créateur de The Leftovers ne cherche pas à rendre hommage ou à retrouver le case par case de Zack Snyder. Son approche serait de se réapproprier l'oeuvre de bout en bout, permettant une lecture inédite plus intrigante que des continuations plus polies (voire paralytiques) comme Before Watchmen, ou complètement apocryphes et fanfictionnelles comme Doomsday Clock. Peut-être, en définitive, le meilleur compromis.