Au moment de découvrir la série Chilling Adventures of Sabrina, vous vous êtes peut-être exclamé, comme une bonne partie du public, "fantastique cet effet de flou, une application merveilleuse des théories d'Edgar Morin sur les trucages optiques comme déformation du réel, symbolisant la frontière entre réel et magie de Greendale par la perte de matérialité, l'impalpabilité des fonds au second plan des personnages", et vous aviez raison. Mais, dans un second temps, vous aviez peut-être ajouté "par contre le chat parle pas, c'est tout naze".
Conscient du problème de ce Salem au demeurant muet, à l'exception de quelques mignons miaulements, le créateur Roberto Aguirre-Sacasa défend ce choix comme l'envie de ne pas verser tout de suite dans la comédie. C'est en tout cas en ces termes que l'architecte de la série et de sa version papier décrit le cheminement qui aura réduit le familier au silence.
"On s'est dit que si on se lançait tout de suite dans le chat qui parle, ça passerait tout de suite pour une comédie. Au moment où j'écrivais le comics, j'ai réalisé dans une BD, on se contente de lire les mots. Peu importe que les personnages bougent les lèvres ou pas. A partir de là, bien sur que Salem peut parler, c'est la même chose que quand n'importe qui d'autre parle.
Dans la série, il ne parle pas, en partie pour projeter le ton horrifique que nous avons créé. Ca ne veut pas dire qu'il ne parlera à un moment donné dans le futur."
Vous l'avez entendu (et vous allez l'entendre), Aguirre-Sacasa n'exclut pas la possibilité de rendre ce monde meilleur en mettant des mots sur les lèvres félines du malveillant mage du chaos miauleur, réinterprété ici en esprit protecteur de la jeune Sabrina un rien moins sarcastique. A voir maintenant comment partira la seconde saison, après une longue (et parfois lente) introduction dans cette première année à Greendale.