Ca n'amuse plus personne et plus grand monde n'a encore envie de s'outrager, et pourtant, les studios insistent. A défaut d'être capables de proposer un cinéma suffisamment compétent pour participer à la course aux Oscars, la 20th Century Fox ou Disney ont décidé d'y aller à l'usure. En se disant certainement qu'à force d'insister, un jour, peut-être, l'académie baissera sa garde et laissera filtrer un Sebastian Stan dans la catégorie Meilleur Second Rôle. Personne n'est prêt.
Cette insistance, cette patience déterminée qui n'est pas sans rappeler les méthodes des sectes ou des prédateurs sexuels, devrait peser lourd sur la patience de l'Académie, qui devra supporter
Black Panther,
Avengers Infinity War et aujourd'hui
Deadpool 2 dans la course des meilleures sorties de 2018. Au point de se demander si les grosses franchises n'ont pas décidé de la jouer relou' en réponse à l'annulation
de la catégorie du film populaire (dont le principe était, on le rappelle, de mettre côte à côte le meilleur élève et celui dont les parents ont donné un gros chèque à l'école et de leur dire "vous voyez, pas de jaloux").
La 20th Century Fox vient d'annoncer son intention de pousser la seconde aventure du mercenaire dans pas moins de treize catégories. Allant du classique Meilleur Film à Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Costume, Meilleur Montage, Meilleur Mixage ou même Meilleurs Effets Spéciaux. Une catégorie qui a parfois pu sourire aux films de super-héros - mais même sur cette case très précise, il est rare qu'un produit issu de l'esprit de franchise se soit réellement démarqué.
En réalité le film concoure dans toutes les cases où il pouvait s'installer, quitte à proposer l'intégralité de son
casting dans les catégories Meilleur Second Rôle Féminin et Meilleur Second Rôle Masculin. Y compris
T.J. Miller, qui aux dernières nouvelles
négociait avec le gouvernement fédéral américain pour éviter la prison et allait peut-être aussi se faire dégager de
Silicon Valley dans la foulée.
Sur le papier, ce type de campagne perdue d'avance répondrait surtout aux besoins du moment de faire campagne pour les rebonds dans les ventes de Blu-Ray, pour des équipes marketing grassement payées et qui doivent justifier leurs salaires, et pour réinjecter de l'argent en investissant dans de la pub' afin d'éviter que ce capital ne parte en impôts. A part pour la superbe afro' de Zazie Beetz, il est même assez probable que Deadpool 2 ne soit même pas nommé dans les catégorie maquillages, costumes ou FX au vu de sa production assez minimaliste dans les trois catégories.
Ce qui n'empêche pas, bien entendu, le film d'être agréable à regarder, mais largement insuffisant par rapport à d'autres sorties plus clinquantes, plus écrites ou plus personnelles que l'énième aventure d'un super-héros en trois actes pour espérer concourir à cette vaste compétition. Petite pensée fugace pour
David Ayer, qui a perdu une carrière de cinéaste respectable en indé'
contre une statuette pour le dégradé d'Harley Quinn - parfois, la vie, c'est pas rigolo.