Si les prévisionnistes des résultats financiers ont parfois tort, on aurait envie de leur donner raison à propos de Hellboy, relance de la série pilotée par Lionsgate et le cinéaste Neil Marshall, qui, au-delà de tout jugement qualitatif, peine à faire grand bruit contre les grosses machines de Marvel ou DC. Une transposition de cette réalité, déjà constatée en comics : il ne fait pas bon se caler entre deux événements.
Pris en sandwich entre
Captain Marvel,
Avengers : Endgame et
Shazam,
Hellboy serait destiné à plonger dans les abysses des mauvais calculs de calendrier. Les analystes de
Box Office Pro,
qui ont vu juste au sujet du dernier Marvel Studios en date, prédisent que le
reboot des comics de
Mike Mignola au cinéma ne toperait pas plus de 16 millions pour son premier weekend d'exploitation, sur le sol américain - et pas plus de 34 millions au total sur son exploitation. Un score très loin
de celui rencontré récemment par Captain Marvel, mais finalement assez cohérent avec d'autres données chiffrées.
Le premier volet de Guillermo Del Toro avait à son époque rapporté 23 millions sur ses premiers jours, tandis que le second avait monté la barre à 34 millions. Ces chiffres sont bien entendu proportionnels à l'inflation qui s'est depuis abattue sur le monde du cinéma hollywoodien, avec des scores à neuf chiffres de plus en plus réguliers - un démarrage à 16 millions serait aujourd'hui une plus triste nouvelle, mais pas forcément un facteur d'inquiétude à terme. A l'époque des films de Del Toro, le marché chinois pesait en effet bien moins lourd, et on aura vu des productions plus étranges ou rares se sauver grâce à nos amis de l'Empire du Milieu.
Hellboy ne serait pas non plus à l'abri d'un succès de long-terme : l'année dernière, le film Rampage de Brad Peyton, sorti sur la même période, avait lui aussi démarré à 36 millions pour finir sa course à 428 au box office mondial en fin d'exploitation. On peut donc en déduire que Lionsgate rentrerait dans ses frais, mais que la franchise ne s'installerait pas comme un immanquable ou un produit capable de concurrencer les franchises de super-héros - ce qui n'a de toutes façons jamais été le cas.
A partir de là, on se demanderait pourquoi avoir à nouveau opté pour un angle grand public, à grand renfort de guitares, de monstres et de blagounettes bien senties (?), plutôt que de cibler les fana' d'horreur avec un budget plus réduit. Cela étant, une décision encore plus logique aurait pu être de
ne pas repousser le film pour le caler en cette période creuse. A voir maintenant la réalité des chiffres.