Depuis quelques semaines, les attentes autour du Joker de Todd Phillips se seront démultipliées, passant d'un projet interrogeant la curiosité des fans à l'une des attentes de l'année auprès de certaines communautés cinéphiles des réseaux sociaux. Paradoxalement, d'autres se déclarent déjà écœurés par cet engouement soudain, demeurant méfiants au mieux, ou préférant attendre une version plus habituelle du personnage dans l'environnement conventionnel de Gotham City.
Sous les projecteurs,
Phillips a été interrogé dernièrement par le
LA Times, dans le cadre d'une rencontre centrée sur les intentions et la mise en route du projet. Une préparation logique, où le cinéaste a pu revenir sur ses influences directes, et confirmer ce que beaucoup pensaient avoir déjà reconnu dans les
deux seules bande-annonces disponibles actuellement.
Phillips aurait ainsi eu l'idée du film Joker en sortant du chantier de War Dogs. En comprenant que ce-dernier risquait de ne pas trouver son public, il serait tombé, au hasard du Hollywood Boulevard, sur une affiche grand format du film Suicide Squad qui démarrait en août 2016. L'idée d'appliquer à ces personnages de fiction, les super-héros et leur environnement haut en couleur, une charte réaliste lui serait alors venue, pour capitaliser sur la popularité du genre et proposer une approche plus indépendante à l'imaginaire des comics. Phillips, grand fan du courant artistique né pendant le Nouvel Hollywood, qu'il appelle "les études de personnages", se serait posé la question de proposer un environnement plus réel ou social à la figure du Joker. Serpico, Taxi Driver et La Valse des Pantins passent pour des clins d'oeils évidents.
Arrivera ensuite
Emma Tillinger Koskoff, grande amie et collaboratrice régulière de
Martin Scorsese. Le cinéaste avait bien considéré l'éventualité
de devenir producteur exécutif sur le projet, comme différentes antennes de presse le rapportaient à l'époque. Trop occupé par le tournage de
The Irishman, son prochain film prévu pour les ondes de
Netflix, il n'aurait finalement servi que d'interlocuteur relationnel pour faire venir
Koskoff, qui s'est ensuite chargée du développement. Il est probable que l'arrivée de
Robert De Niro soit intervenue dans cet intervalle.
Après avoir vécu frontalement le grand renouvellement des équipes en interne dans les bureaux de
Warner Bros., suite à la refonte de l'entreprise par
AT&T et
les changements de postes survenus après l'échec de
Justice League,
Phillips aurait aussi été à l'origine du fameux
DC Black, une sorte de "label" pour "développer des films de comics à la taille d'une production de film indépendant". Actuellement, ce projet ne serait encore qu'une simple enclave pour
Joker et n'aurait pas accueilli d'autres développements actés. On imagine que le succès du film de
Phillips devrait aider à susciter une réelle envie pour
Warner Bros. de poursuivre l'entreprise.
Comme le cinéaste l'explique, d'ailleurs, il n'est pas ici question de bâtir une franchise. Joker sera le seul film de Todd Phillips sur le personnage, de même que Joaquin Phoenix ne devrait pas reprendre le rôle à l'issue de cette expérience - contrairement à certaines rumeurs qui voyaient le bébé se connecter au Batman de Matt Reeves. Le metteur en scène ajoute que, si certains fans pourraient être déçus de son interprétation du vilain, le clown tueur de Gotham City serait bien adapté à nouveau dans les années à venir. Aussi, que tout le monde se rassure, même si le film ne plaît pas à tous, il n'est pas prévu de s'imposer dans la durée et s'intéressera surtout à faire quelque chose de différent.
Une conclusion optimiste, qui nous ferait nous demander pourquoi certains s'amusent déjà à imaginer l'échec d'un projet qui, au fond, ne cherche qu'à amener un peu de variété à une offre très homogène ces derniers temps.