L'obsession de DC Comics pour le marché des lecteurs adulescents se matérialise sous des formes relativement inédites. En parallèle des romans graphiques sortis des usines DC Kids, l'éditeur se tourne aussi vers la littérature non-illustrée en s'associant à Random House pour un autre roman, cette fois sans images, consacré au personnage de Black Canary. Baptisé Breaking Silence, celui-ci sera rédigé par l'écrivaine Alexandra Monir, connue aux Etats-Unis pour l'ouvrage The Final Six, en chantier pour une adaptation par les studios Sony Pictures.
Le projet en question emprunte quelques unes des thématiques communes à certaines oeuvres populaires du répertoire "young adult", avec un futur de dystopie installé à Gotham par la Cour des Hiboux. Le groupe mystérieux a imposé sa loi depuis un certain temps sur la ville des gargouilles, en proposant un mode de société patriarcal qui interdit aux femmes l'accès aux arts, au travail, à l'éducation ou à la liberté de manière générale. Âgée de sept ans, Dinah Lance entend pour la toute première fois une chanteuse rebelle, qui brave l'interdit en vigueur, et tombe amoureuse de ce cri de liberté dans un monde coupé en deux. Elle décide alors de se lancer dans la musique à son tour.
Dix ans plus tard, l'héroïne démarre sa croisade, jonglant entre une résistance féministe, un début de romance avec un "étudiant mystérieux" baptisé Oliver Queen, et sa relation avec un père, qui aura toujours tenté de la protéger. Le bouquin semble chercher à combiner un bon nombre d'éléments éparses, avec La Cour des Hiboux de Scott Snyder, la maxi-série Black Canary de Brenden Fletcher et Annie Wu qui s'intéressait à la carrière de l'héroïne dans le monde du rock, et une incarnation adolescente du Green Arrow qui devrait, on l'imagine, passer sous silence la jeunesse d'égoïste privilégié de Queen qui précède généralement son naufrage et son île déserte. Le thème de l'héroïne adolescente dans un monde dystopique évoque également les canons posés par des Hunger Games ou Divergent, dans les clous habituels de la fiction pour jeunes adultes.
Après le volume
Black Canary : Ignite de
Meg Cabot et
Cara McGee (et
la parution en Urban Link de la
Black Canary de
Fletcher et
Wu),
DC se tourne donc vers un public moins attaché aux bande-dessinées pour faire la promotion de ces personnages. En espérant que cette diversification, ou cette quête d'un lectorat plus jeune, ne se fera pas au détriment de projets pour adultes (à l'image de
Wonder Woman : Dead Earth), les super-héroïnes étant largement sous-représentées sur la sphère des séries "matures" à la
Old Man ou
Dark Knight Returns.