L'événementiel fait partie des secteurs les plus durement frappés par la crise sanitaire actuelle, avec énormément de salons en grande difficulté d'un bout à l'autre des zones sinistrées, France ou Etats-Unis. Dans ce contexte, les organisateurs de la San Diego Comic Con ont tout de même décidé de prendre le taureau par les cornes (ou "d'enfourcher le tigre", équivalent local d'un plan de relance pour la culture) avec la Comic-Con@Home, un événement dématérialisé basé sur le principe de vidéoconférences préenregistrées par différentes grandes entreprises en mal de panel dans le coeur de l'été.
L'événement s'est soldé par un échec, au moins sur le plan de l'interactivité : des vidéos préenregistrées
n'autorisant aucune interaction avec le public (sinon pour certaines questions posées en amont des conférences), diffusées en différé et non en direct, ce qui rend caduc toute forme de
livetweet ou autre commentaire de l'instant, et en choisissant aussi de verrouiller les commentaires sous chacune des vidéos une fois celles-ci arrivées sur Youtube. Résultat des courses : personne n'a parlé de la
Comic-Con@Home - peut-être justement parce qu'il n'était pas possible d'en parler.
L'entreprise d'analyse et de compilation statistique des données en provenance des réseaux sociaux
ListenFirst rapporte que l'événement a généré un "bruit social" de 93,681 posts sur la plateforme Twitter (souvent la plus utilisée pour le suivi de ce genre d'événements). En comparaison, la
San Diego Comic Con de l'an dernier avait généré 1,719,000
tweets, ce qui représente donc une chute de 95% pour cette édition en ligne. Sur le plan de l'audimat, le panel
consacré à The New Mutants reste le plus consulté avec ses 212,000 vues en l'espace de cinq jours - il sera intéressant de noter que celui-ci était l'un des rares à avoir fait le choix d'une diffusion "en direct", qui explique peut-être pourquoi le public a fait le choix de se montrer.
Les organisateurs de la Comic-Con ne sont pas les seuls à blâmer pour ce désintérêt général. Marvel Studios et DC Films ont fait le choix de faire bande à part, en trimballant dans leurs propres conventions en ligne les quelques annonces qui auraient pu relever le niveau d'une convention très largement désertée par les grands groupes, en plus d'avoir dû bricoler des panels de dernière minute avec des intervenants mal équipés en matériel compétent pour la prise de vue ou de son. Reste que certaines choses auraient pu être mieux faites, mais on comprendra que les organisateurs aient surtout cherché à répondre présents face à une situation problématique pour l'ensemble du secteur événementiel.
Paradoxalement, plusieurs observateurs spécialisés estiment que l'échec de la Comic-Con@Home n'est, au fond, pas si grave, en prétextant qu'il ne s'agissait que d'une aventure à usage unique. Pourtant, en l'absence de vaccin, rien ne garantit que l'épidémie ne posera pas de problèmes à d'autres salons ou conventions à un intervalle plus lointain (ou, éventuellement, pour d'autres cas d'épidémies probables à l'heure de la circulation rapide des virus autour du monde). Espérons que des leçons soient tirés pour ces professionnels du secteur qui devront peut-être se réinventer dans la durée, et avoir mieux à proposer à un public cherchant justement à fuir l'actualité dans les refuges de l'imaginaire.
