A croire que l'histoire était vouée à se répéter. En 2016, quelques mois après la sortie cinéma du film Batman v Superman : Dawn of Justice, Zack Snyder expliquait à quel point le projet avait été victime d'ingérences du studio Warner Bros., sabrant une demi-heure de scènes pour faciliter l'exploitation en salles. La sortie en blu-ray de l'Ultimate Cut permit de remettre à l'heure quelques pendules (narratives, surtout), pour préciser certains éléments de scénario. L'année suivante, le schéma se répétait - en bien pire. Bataillant contre un studio en train de perdre les pédales, peuplé de producteurs tiraillés entre l'envie d'imiter le travail de Marvel Studios et l'intérêt de cultiver un éventuel critère de différenciation, Zack Snyder quitte la production de Justice League à la suite d'un terrible drame familial. Warner profite de la situation pour lancer un appel d'offre en vue de tourner un autre film à la place du film, poussant plus loin que d'habitude le rapport de force habituel. Joss Whedon, alors considéré comme le faiseur de miracles de la saga Avengers, postule en novembre 2017 et livrera un contre-script conforme aux attentes de Warner Bros.. A ce moment là, l'anomalie passe pour une tentative malheureuse de sauver les meubles compte tenu de son historique de production, mais se matérialise sous la forme d'une oeuvre calibrée, schizophrène, sans âme et tristement inoffensive.
Quatre ans passent. Au sortir d'un feuilleton médiatique aux multiples rebondissements, WarnerMedia fait finalement machine arrière en proposant une solution qui permettait à la fois de corriger le tir, de satisfaire une partie du public, voire de convertir les fidèles de Zack Snyder en consommateurs potentiels pour une plateforme de streaming à la traîne. Si HBO Max n'est pas encore disponible en France, le film Zack Snyder's Justice League, dit "Snyder Cut", concrétise le fantasme d'un système où les studios n'auraient pas systématiquement gain de cause dans le processus créatif, une situation inédite pour les productions de cette taille. De quoi rendre curieux, y compris pour celles et ceux qui n'adhéreraient pas forcément aux idées du metteur en scène sur ses précédents boulots. Cet accomplissement rarissime interroge, à plusieurs niveaux, et alors que le film de Zack Snyder doit sortir partout dans le monde d'ici quelques jours, l'heure est venue, enfin, de faire le bilan.
En quelques lignes, pour aller vite : oui, la Snyder Cut est évidemment un bien meilleur film que le Justice League achevé par Joss Whedon. Selon les standards du registre super-héros, il s'agirait même d'un bon film décorrélé de tout critère de comparaison, quoi qu'il soit forcément impossible de sortir l'oeuvre en dehors de son contexte et du premier jet présenté il y a quatre ans. Le visionnage informe sur de nombreux éléments contextuels, une fois mis en relation avec certaines données du feuilleton de production. A tel point que cette "Snyder Cut" risque bien de ne pas apaiser les fans de longue date - en sortant ce projet, Warner Bros. prend le risque de frustrer, quitte à remettre une pièce dans le cahier de doléances du web. La fameuse Motherbox de Pandore reste ouverte, tout en devenant mécaniquement plus légitime après avoir pu découvrir ce qui était prévu au départ. Faisons le point.
Pendant de longs mois, le débat avait agité les internets : la "Snyder Cut" est-elle le même film que celui de Joss Whedon, avec l'avantage de la cohérence esthétique, ou bien un véritable autre film, complètement différent ? La réponse est toute bête, les deux à la fois, et ni l'un ni l'autre. Sur le fond du film, la trame générale ne va pas changer, et les éléments de la production conduite par Joss Whedon restent placés aux mêmes endroits. Après la mort de Superman (Henry Cavill), Steppenwolf arrive sur Terre dans le but de mettre la main sur trois Mother Boxes, artefacts cosmo-technologiques venus d'ailleurs et utilisables pour conquérir la Terre. Cette menace alien inquiète un Batman en quête de rédemption, qui va se charger d'assembler une équipe avec l'aide de Wonder Woman. Commence le recrutement de The Flash, d'Aquaman et de Cyborg, en vitesse. Sur le papier, donc, Zack Snyder's Justice League raconte donc la même chose à une importante nuance près : d'une part, le film s'inscrit dans un projet plus global et constitue clairement une étape de transition pour la phase suivante. D'autre part, l'exécution, la narration et le temps de développement des personnages n'ont pas grand chose de commun avec la commande besogneuse et blagueuse de Joss Whedon. Cette fois, le projet est mené par un metteur en scène qui croit au bienfondé de son entreprise. Toute la différence est là - une même histoire, racontée par un artiste passionné par son sujet, pas par un employé désinvolte.
Même si de très nombreuses scènes demeureront familières, le temps investi par Zack Snyder, la façon dont les dialogues sont agencés, la manière dont les personnages sont filmés change la donne. Ces moments déjà vus dans le premier montage, même repris à l'identique (au hasard, une chute de Flash) fonctionnent mieux dans cet enrobage sonore et visuel, embarquées dans un grand ensemble qui sonne vrai. Analogie culinaire indispensable : deux cuistots ont pour mission de bosser un jambon fromage, l'un s'en fout et prend ses ingrédients au hasard, l'autre se lève tôt, va au marché, sélectionne la meilleure batavia, fait sa propre mayonnaise, tape la bise au boucher. A vous de deviner qui est qui. Dans l'allégorie, mettons que le résultat dépendra surtout de votre appréciation générale du sandwich au jambon, mais que tout le monde sera d'accord pour dire que le bousin industriel a moins de saveur que le petit produit du boulanger de quartier.
Zack Snyder's Justice comprend évidemment son lot de nouveautés, ou plutôt, de matériel supplémentaire. Une partie de ces surprises a d'ailleurs été gâchée en partie par la campagne de promo' tapageuse organisée par les tacticiens de Warner Bros. dans leur rhétorique de retour au bercail. L'ensemble des promesses s'y retrouve, ce qui devrait faire plaisir aux fans - voir enfin concrétisées ces scènes détaillées par écrit pendant les nombreuses descriptions de script partagées sur le web par les chineurs de données "Snyder Cut". La longueur (affolante) du film permet de développer la caractérisation des personnages principaux, matérialisant l'affreux décalage de ce genre de projets fleuves en comparaison des commandes de studio et de l'obsession pour les films de 120 minutes. Ce Justice League part tout de même d'une envie de faire du Avengers avec des héros à peine aperçus dans le film précédent, là où Zack Snyder avait bien compris l'intérêt de passer un plus long moment avec Victor Stone, Barry Allen et Arthur Curry, pour les présenter, les connaître ou les comprendre. Quelque part, un critère qui aura toujours poursuivi le cinéaste le long de sa carrière : l'envie de durer, l'envie de versions longues ou de versions encore plus longues, comme une passion pour l'installation de ces univers denses contre la réalité des durées standardisées.
Bien entendu, le fait d'avoir eu droit à un film Aquaman entre le premier Justice League et cette "Snyder Cut" aide à la bonne connaissance de ce personnage en particulier. Pour Flash ou Cyborg, en revanche, le film passe pour une première vraie introduction : Victor Stone y prend une place centrale, rendant la comparaison avec le montage de Joss Whedon particulièrement gênante. Au-delà des polémiques sur les comportements privés des officiels de Warner Bros. envers l'acteur Ray Fisher, la colère du jeune homme se comprend mieux dans ce contraste, où 80% de ses scènes importantes avaient été coupées dans la version cinéma. Le comédien reste toutefois assez monolithique dans son rôle de robot, les effets spéciaux relatifs à son "costume" ne sont toujours pas aussi bons que prévus, mais Cyborg est enfin un véritable personnage, et plus juste un motif à l'avancée de l'intrigue.
Ses capacités sont comprises et expliquées, quelques moments de bravoure individuels s'insèrent dans le scénario, et son passé est enfin exploré. En ce qui concerne The Flash, le constat est malheureusement sans appel : Ezra Miller passe une fois de plus pour une erreur de casting, à la fois en tant qu'incarnation du Barry Allen des comics, et en tant que membre blagueur de cette Justice League. Plombé par une écriture qui reste gênante en cherchant à être drôle, des répliques qui sonnent creux (la blague du brunch devient une blague de hot-dogs), et certains gags que l'on pensait pouvoir imputer à Joss Whedon ("I'm rich"), le Flash est le personnage qui change le moins d'une version à l'autre. Dommage, puisque comme pour Cyborg, le héros est tout de même bien mieux exploité sur le plan des pouvoirs et des scènes d'action, notamment en ce qui concerne la Speed Force, centrale pendant certaines séquences.
Aquaman a également droit à un semblant de développement pour amorcer une meilleure caractérisation. L'endroit où la Motherbox subaquatique est rangé est clairement identifié comme une zone en dehors d'Atlantis, ce qui permet d'expliquer la pauvreté du décor. La fresque peinte dans le village de pêcheurs disparaît, et quelques autres mauvaises idées passent à la trappe à son sujet. Sans tomber dans le jeu des sept différences, il sera intéressant de noter que la tension sexuelle entre Batman et Wonder Woman saute elle-aussi, des gags besogneux foutent le camp et la famille est-européenne dans sa maison entourée de Paradémons n'est plus là non plus. Plus important, Superman n'est plus gêné par sa moustache gommée aux effets spéciaux. Zack Snyder poursuit son allégorie de sanctification avec sa subtilité habituelle sur les figures christiques - ni surprenant ni désagréable, ce pan particulier du film rappelle douloureusement l'absence d'un Man of Steel 2, comme un syndrome de douleur fantôme appliqué aux productions DC Films.
En ce qui concerne Batman, le jugement est moins évident. Ben Affleck reste relativement charismatique, mais paraît le plus souffrir du projet Justice League (caractérisation amorcée par un dialogue précis avec Alfred). Cette version usée du Chevalier Noir n'a pas été pensée comme un leader naturel, dans sa parure de solitaire, tortionnaire des malfrats de Gotham City et au crépuscule d'une carrière de justicier expéditif. Que Warner Bros. ait poussé Zack Snyder à en faire le meneur pour répondre au format milliardaire de Tony Stark reste une possibilité. En comparaison de la scène magistrale du combat dans l'entrepôt de Batman v Superman, cette itération du héros est cette fois à la traîne pendant une grande partie du film. Secoué de mouvements lourdauds, n'obtenant ses gallons de bravoure que dans le dernier acte, Bruce Wayne essaie tout de même d'être plus souriant, parfois plus rigolard. Le résultat ne fonctionne pas et passe pour un accent forcé de la part de Zack Snyder (pour rappel, avant la mise en route du tournage de Justice League, le studio avait déjà commandé au réalisateur un script plus léger avec quelques occurrences humoristiques). Une envie de légèreté et d'optimisme qui passera alors beaucoup par Wonder Woman, rayon de soleil par défaut (bien que le film évite de s'attarder sur les dégâts collatéraux qu'elle occasionne - comme d'hab' dans la filmo' du bonhomme).
D'ailleurs le résultat est là : la "Snyder Cut" est bel et bien plus légère en tant qu'objet de scénario que n'ont pu l'être les Man of Steel ou Batman V Superman qui l'avaient précédée. Ce décalage de tonalité ne colle pas à l'esprit pesant et lourd du cinéma de Snyder. Dans le deuxième tiers, cette impression de bizarre se matérialise surtout par la voix du personnage de The Flash, et conforte l'idée que même ce montage définitif paye encore le prix des ingérences de studio. Le film retombe heureusement sur ses pattes, dans sa volonté de développer au mieux ses personnages, quitte à atténuer les propositions les plus radicales pour mieux laisser respirer l'intrigue. Si Snyder n'imaginait peut-être pas une alliance de Superman et Batman, le film obéit à l'exercice, pour ouvrir sur une perspective de suite cohérente. Puisque si Kal-El est l'équivalent local du Christ, seul le Diable serait à la hauteur de ce qui aurait pu être la bataille finale. Enfin, et sans en dire plus pour laisser le plaisir de découverte, rajoutons que le temps supplémentaire permet de faire vivre une multitude de personnages secondaires (et pour beaucoup, issus de minorités) dont la présence devrait plaire aux fans de DC, sur le papier comme à l'écran.
Steppenwolf a lui aussi droit à plus d'exposition, pour pousser les motifs du personnage au-delà d'une simple envie de conquête. Le vilain n'en est pas plus réussi pour autant - vendu plus honnêtement comme un authentique sous-fifre, ce-dernier s'efface dans l'ombre de Darkseid, en ne transcendant jamais sa condition de méchant interstitiel. Côté design, si son allure n'est pas aussi catastrophique que dans le Justice League original, Steppenwolf reste tout de même raté sur le plan visuel. Peu d'émotions sur un faciès de synthèse, une voix transformée désagréable à l'oreille, une sorte de constat uniforme pour les autres personnages d'Apokolips présentés en images, avec la même paresse de timbres rauques et très caricaturaux. En revanche, ce Steppenwolf est effectivement plus brutal, dans l'ensemble d'un film plus violent. Pas au point de se positionner dans l'escarcelle des productions les plus sales du classement "R" (le film reste sage), mais, tout de même, ces quelques éclaboussures de sang permettent de marquer une différence avec les productions Marvel Studios.
Sur un plan plus général, sur tout ce qui relève de l'esthétique, les fans de Snyder et ses détracteurs seront en terrain connu. Couleurs saturées, ambiance sombre, quitte à donner un aspect curieux à certaines scènes de jour, et des ralentis omniprésents. Comme une marque de fabrique transformée en automatisme, parfois mis là pour mettre de l'emphase sur les séquences d'action, parfois placés logiquement parce que le scénario l'exige, dans le cas de Flash, on les retrouve aussi sur d'autres moments plus anecdotiques. En résumé, rien de surprenant : Zack Snyder tartine, pour la joie de ses fans et la crispation des autres. Le réalisateur se fait plaisir. C'est déjà ça.
En ce qui concerne l'accompagnement sonore, le bilan est globalement positif. La partition de Junkie XL est bien plus dans les tons du cinéma de Zack Snyder que ce qu'avait proposé Danny Elfman, et plus agréable, plus épique, sans être particulièrement mémorable. La musique est aussi plombée par quelques lourdeurs habituelles, sans adresse ou subtilité (l'école "poin poin poin"). Chaque personnage a son thème, les sonorités prêtées au Flash sont assez agréables, tandis que les chants anciens associés Wonder Woman ont quelque chose d'usant. Batman et Aquaman paraissent avoir été associées à la guitare électrique (parce que ), dans la continuité de ce que le compositeur avait démarré avec Batman v Superman. La bande-son comprend aussi des chansons préexistantes, dont les paroles évoquent (très) précisément le sujet de leurs scènes - vous visualisez un gars qui vous explique en vous gueulant dans l'oreille le sous-texte de telle ou telle scène à tel ou tel moment ? C'est pareil, mais en musique.
Comprenant que Zack Snyder a eu carte blanche sur le moindre détail de la production, le format 1.33:1, éventuellement fonctionnel pour les projections Imax, s'épanouit mal sur un écran de télévision en 1.78:1. Ce caprice de réalisateur passe pour une envie de se démarquer de la masse des grosses productions et de leur diktat du cinémascope en 2.39:1, sans forcément trouver de résonnance utile en terme de mise en scène. Cette Justice League manque de place dans ce cadre inhabituel, quitte à occulter l'intérêt des quelques décors naturels, susceptibles de mieux s'épanouir dans un champ panoramique. Là dessus, si certains environnements sont mieux matérialisés, l'omniprésence des fonds verts et l'absence de grandeur spatiale pose problème. Au hasard, la séquence "Darkseid" avec les armées d'Amazones et de Green Lantern, déjà présente sur le montage de Joss Whedon, aurait gagné à envahir l'espace.
En résumé, la recette générale n'a pas changé, mais est seulement mieux élaborée. Cette "Snyder Cut" de Justice League n'est évidemment pas le chef d'oeuvre définitif qui enterrera le cinéma de super-héros, ni la pierre philosophale du cinéma de Zack Snyder - comparativement aux plans prévus pour les deux autres films, le metteur en scène n'en était alors qu'à la mise en bouche. Projet issu d'une logique accélérationniste, né d'un troisième acte manqué dans Batman v Superman, qui cassait sa proposition initiale pour ramener l'univers du réalisateur vers la commune mesure du genre super-héros pensé par des studios voraces, la "Snyder Cut" a surtout l'intérêt de démontrer la validité du projet originel, littéralement saboté comme d'autres aventures ambitieuses du même genre par des producteurs sans scrupules. Le hasard veut que les griefs de Ray Fisher, additionnés à la colère des fans, auront aussi mis en lumière le comportement de Joss Whedon avant ou pendant le tournage de Justice League, comme une plus lourde pierre ajoutée à un dossier déjà pesant. Pourtant, le bonhomme se sera cantonné à un rôle d'exécutant, pendant que la plupart des vrais coupables opéraient à des niveaux supérieurs de hiérarchie. Ces mêmes coupables qui vous demandent aujourd'hui de payer plusieurs dizaines d'euros pour le film qu'ils n'avaient pas voulu terminer à l'époque. Avouez que le monde est bien fait.
La "Snyder Cut" de Justice League n'est évidemment qu'un point de passage dans un ensemble plus vaste. Plusieurs éléments ne seront pas évoqués ici, pour éviter de gâcher les surprises, mais il est clair que ce Justice League n'est qu'un entre deux pour aller vers le vrai grand film de super-héros que Zack Snyder évoquait dès la fin de Batman V Superman avec la cloche de Luthor. A celles et ceux qui ont lu les plans en deux films de Justice League 2, certains détails sautent aux yeux, certains choix de scénario criards s'expliquent dans cette dynamique en pentalogie. Reste à débattre de l'intelligence ou de la pertinence de ces idées, ou à reconnaître que le bonhomme, avec sa vision d'auteur, avait bien tenté quelque chose sans nécessairement singer les méthodes de la maison d'en face.
A préciser tout de même : le film ne s'achève pas sur un cliffhanger brutal. Quelques ouvertures multiples sont posées, au terme d'un épilogue chargé qui se passe de scènes post-génériques, pour des projets plus vraiment d'actualité ou d'autres encore en gestation. La sensation d'inachevé ne prédomine pas en sortie de séance : la "Snyder Cut" demeure une expérience agréable et qui sonne comme la réparation d'un problème dans la mécanique de production initiale. Un réalisateur a pu aller au bout de son idée. Même si la suite ne devait jamais arriver, sur le papier, le projet aurait au moins cette valeur d'exemple - sans dépasser les clivages, le film permettra à chacun de se faire un avis sur la base d'un oeuvre plus sincère.
Reste encore à voir si la logique de routine des studios saura tirer une (petite) leçon de l'entreprise "Snyder Cut", dans une jungle hollywoodienne où les projets de commande n'attirent plus les réalisatrices et réalisateurs de talent et où les films de super-héros paraissent avoir du mal à se réinventer. Proportionnellement à l'argent gâché pour tourner la Justice League de Joss Whedon, puis pour terminer celle de Zack Snyder, il n'est pas certain que l'opération HBO Max soit un succès pour Warner Bros., qui ne se débarrassera pas non plus d'une partie du fandom malgré leur envie de se faire passer pour les gentils de l'histoire.
Dès lors, quelle conclusion tirer de tout ça ? La "Snyder Cut" est-elle un meilleur film que le Justice League de 2017 ? Oui. Evidemment. Est-ce que le résultat n'a pas tout d'une affreuse stigmate de la part d'un studio dirigé par de malfaisants commanditaires ? Aussi. Une fois déconnectée de son contexte, si elle avait été découverte au moment de sa sortie en salles, telle quelle, quel bilan aurait-on pu en tirer ? Là-dessus, du bien et du moins bien. Un format 1.33 désavantageux, des effets visuels pas forcément toujours réussis et des choix artistiques ou scénaristiques qui tombent à côté. Mais le film comprend aussi de grands moments de bravoure, et surtout une envie de comprendre et d'accompagner ses personnages. L'écriture y est globalement meilleure, tout en n'annulant pas certaines lourdeurs prêtées à tort à Joss Whedon, surtout pour le personnage de Flash ou une ouverture vers l'humour qui semble avoir été imposée aux auteurs. Zack Snyder's Justice League a pour lui de corriger l'affront fait aux fans il y a quatre ans, de restaurer la vision d'un réalisateur, toute discutable qu'elle soit, et a le mérite d'exister comme exemple de renversement des puissances à Hollywood (dès lors qu'Hollywood a trouvé un moyen de vous le refaire payer).
P.S. : le Joker de Jared Leto est dégueulasse et horrible, ça par contre, rien ne pourra le changer.