Le chantier Heavy Metal se poursuit. Quelques années après le rachat par David Boxenbaum et Jeff Krelitz, cette revue, longtemps considérée comme une institution de la contre-culture, se cogne aux réalités entrepreneuriales du présent : le corps dirigeant de Heavy Metal Media LLC pense désormais en termes de franchises, et annonce l'ouverture d'un département consacré au développement de produits pour le cinéma et le multimédia. Tommy Coriale, ancien président du studio DIGA (Teen Wolf) est nommé président de cette nouvelle branche.
Floppy Metal
La stratégie moderne de
Heavy Metal n'a rien d'une surprise - dès l'embauche
de David Erwin au poste de directeur créatif, cet ancien col blanc de la société
Hasbro avançait l'intérêt d'une modernisation et évoquait la possibilité d'étendre la marque vers d'autres secteurs, sans renoncer à l'essence ou à l'esprit du magazine. Une optique qui évoque étrangement
la trajectoire de 2000AD depuis quelques années, lancée sur la même piste d'une ruée vers l'or tardive vers les écrans, comme si l'ensemble des grandes revues contestataires venaient seulement de remarquer le succès des adaptations de BDs de ces quinze dernières années.
Cette ouverture permettrait en revanche
d'expliquer l'expérience Virus, une sous-société dédiée à l'impression de séries originales apparue l'année dernière sur un marché de l'édition indépendante déjà largement saturé. Avec une poignée de séries représentant un début de catalogues pour de possibles adaptations,
Heavy Metal miserait sur une énième imitation du modèle
Image Comics. Pensés au présent, ces projets seraient potentiellement plus compatibles avec les futurs formats d'adaptation envisagés par les responsables de l'entreprise, là où les titres édités dans le magazine en mensuel cherchent de leur côté à respecter la tradition de science-fiction pour adultes emblématique de la marque.
A voir si cette réflexion qui vise à associer comics et adaptations, devenue une sorte de réflexe dans le monde contemporain de la bande-dessinée, se matérialisera concrètement d'ici les années à venir. Pour rappel, Rebellion, propriétaire de 2000AD, avait dépensé 100 millions dans le développement de la série Judge Dredd et du film Rogue Trooper il y a trois ans, des projets dont on n'a pourtant aucune nouvelle et dont l'entreprise attend encore un retour sur investissement.