Les opérations de consolidation dans l'industrie du divertissement domestique sont loin d'être terminées. Après avoir déjà mis les pognes sur le groupe Warner Bros. il y a quelques années, au mépris des lois américaines censées lutter contre les monopoles industriels, l'énorme structure de télécommunications AT&T se sépare de cette branche d'activités, en annonçant une fusion entre WarnerMedia et les propriétés du groupe Discovery Inc.. Le rapprochement était voté dans la journée par les actionnaires des deux groupes, et devrait être effectif d'ici l'an prochain une fois les travaux habituels mis en chantier. Le PDG de Discovery hérite de la gestion de la nouvelle entreprise formée dans cette fusion.
Suite à l'annonce, AT&T livre un communiqué de presse détaillant les avantages de cette nouvelle orientation pour son corps d'actionnaires, pour peux que ceux-ci s'intéressent encore au tracé de la plateforme de vidéo-à-la-demande HBO Max, qui récupérera les canaux de diffusion, l'expertise et le carnet d'adresse de Discovery Inc., géant du canal télévisé aux Etats-Unis. Le partage du pognon, autre source de motivation dans cette opération commerciale, est aussi mis en avant : la mise en commun des resources de WarnerMedia et Discovery permet à AT&T de débloquer un capital de 43 milliards de dollars, avec un partage aux deux tiers/un tiers des actions du nouveau groupe entre les investisseurs d'AT&T et de Discovery.
La traction ne concerne pas le géant de la téléphonie, qui coupe pour de bon les ponts avec les activités du groupe Warner, trois ans après un rachat tumultueux - en résumé, les actionnaires restent propriétaires, mais AT&T ne "détient" plus WarnerMedia au sens propre. Certains évoquent une "vente symbolique", ou de la mise en gestion d'un groupe particulièrement compliqué à manoeuvrer. Les investisseurs d'AT&T restent détenteurs de 71% des parts de la future nouvelle structure Warner/Discovery pour le moment. A voir si ceux-ci choisissent de se débarrasser de leurs actions à terme.
La rédaction du LA Times justifie cette décision par l'échec du géant des télécommunications sur la plateforme HBO Max, incapable de tenir ses premiers objectifs de croissance. Occupés par l'installation des réseaux 5G, un énorme chantier de la téléphonie moderne, AT&T ferait entrer Discovery dans la boucle pour opérer à la gestion de WarnerMedia et se débarrasser d'un pan d'activité particulièrement concurrentiel, sur lesquels s'affrontent déjà Amazon, Disney et Netflix. Certains professionnels parlent d'un fiasco, après la médiatisation du rachat de Warner Bros. et les décisions catastrophiques d'AT&T dans la gestion de l'entité WarnerMedia.
D'autres détails saisissants sur cette énième consolidation à dix chiffres sont à retrouver dans le communiqué officiel. "C'est compliqué ?" "En quoi ça me concerne, moi lecteur de comics qui ne détient pas d'actions ni de crypto-monnaie particulière ?" "Haine des riches en France, vous êtes juste jaloux de la réussite ?" Interrogations légitimes au demeurant, autant résumer pour aller vite : le groupe à la tête de DC Comics a décidé de jeter l'éponge, et de se contenter des téléphones plutôt que de se compliquer la vie. L'éditeur continue donc de passer de mains en mains, du nouveau patron au nouveau patron, avec des cols blancs sans cesse renouvelés, à l'instar du studio responsable des projets DC Films après déjà plusieurs années d'incertitudes et de refonte du corps décisionnel. Des entreprises de poids différents et des responsables aux sensibilités variées, pour exercer de nouvelles pressions sur les différentes branches avec des objectifs financiers ou créatifs à définir. Sur le pan éditorial, les conséquences initiales du rachat de Warner Bros. par AT&T avaient mis un certain temps à se faire sentir, mais sont tout de même intervenues, souvent violemment.
En dehors des habituelles suppressions de postes à prévoir par milliers, compte tenu des salariés en doublons qu'il faudra à terme éliminer (ou "rationnaliser" comme disent vos amis pleins de tunes), pour tirer un bilan à terme, il faudra pour le moment se contenter d'attendre de plus amples nouvelles de Discovery et de la nouvelle direction prévue pour le groupe. Si les grands patrons d'AT&T ne semblaient pas particulièrement attachés à l'idée de conserver DC Comics dans son état actuel, reste à voir combien de temps mettrons les décisions d'en haut et les bilans de fin d'année avant de résulter d'effets concrets sur cette petite part de l'activité d'un énième grand groupe. L'entreprise née de la fusion Warner/Discovery représenterait un socle plus important que la société Netflix en terme de capital.