Quelque part dans les étages de l'épaisse pile de projets de Taika Waititi, le nouveau film consacré au personnage de Flash Gordon passe d'une catégorie à l'autre. Prévu au départ comme un dessin animé, celui-ci serait désormais prévu en images réelles, ce qui tend à gonfler l'importance de cette bizarrerie très à part. En animation, le Flash Gordon de Waititi se plaçait dans la continuité du He-Man de Kevin Smith : des projets de suite par des passionnés qui ont croisé telle ou telle oeuvre désuète étant gamins, et ont les moyens de restituer l'esprit coloré ou charmant de ces univers d'un autre temps.
A l'inverse, en images réelles, le long-métrage risque bien de se heurter à un défi sempiternel au sein de l'empire Disney : la mise à jour des héros du pulp et des grandes icônes de jadis, sur laquelle John Carter ou le Lone Ranger se seront déjà cassés les dents. En plus d'accompagner indirectement le film Starlight de Joe Cornish, pour refleurir cette iconographie de la science-fiction des aventuriers de l'espace.
Gordon Freeman
John Davis, producteur de l'adaptation au cinéma de l'attraction Jungle Cruise pour le compte de Disney, et également en charge du reboot de Flash Gordon, explique que Taika Waititi a manifestement changé d'avis. Pensant au départ porter les aventures du personnage d'Alex Raymond en animation, le metteur en scène, en se reposant peut-être sur l'expérience acquise au fil des deux films Thor de Marvel Studios, espérait maintenant filmer de vrais gens dans de faux décors pour sa lecture du mythe.
Héros de comic strip apparu en 1934 pour faire concurrence à l'autre aventurier de l'espace de l'époque, Buck Rogers, le personnage de Flash Gordon a souvent été considéré comme l'un des ancêtres du super-héros, avec un penchant plus cosmique qui nourrira l'imaginaire d'un certain Jack Kirby, inventeur des Fantastic Four et grand curieux de la chose spatiale. George Lucas s'inspirera également de ses aventures au moment de la conception de la saga Star Wars, en piquant notamment aux premières adaptations de Gordon le fameux générique défilant.
Selon Davis, Waititi aurait été bercé par le film de 1980 adapté de l'oeuvre d'Alex Raymond, dont l'échec financier achèvera de sceller la franchise dans le passé. Après s'être fait la main sur les environnements extra-terrestres hauts en couleurs avec Thor : Ragnarok, le cinéaste se sent assez en confiance pour aborder le projet différemment. A voir si ce-dernier finira enfin par se monter, dans un Hollywood qui n'aura jamais réussi à accoucher de projets sérieux pour Doc Savage et les autres grandes figures du pulp des premiers temps.