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The King's Man : Première Mission, relance sympathique d'une franchise qui se faisait oublier

The King's Man : Première Mission, relance sympathique d'une franchise qui se faisait oublier

ReviewCinéma
On a aimé• Une relecture très comics de l'Histoire
• Un casting dans son ensemble très sympathique
• Des personnages hauts en couleur
• Un vrai twist surprenant
• Matthew Vaughn en a encore sous le coude en termes de réal...
• Une proposition classique et honnête...
On a moins aimé• ... même s'il ne se réinvente jamais
• ... à défaut d'être originale
• Le fan service pas toujours finaud
Notre note

Parcours compliqué pour The King's Man : Première Mission, la préquelle de la franchise établie par Matthew Vaughn, dérivée des comics de Mark Millar, qui avait réussi à dépasser le matériel source dès le premier volet. Ce troisième épisode, pensé pour être une préquelle servant à expliquer les origines de la célèbre agence d'espionnage toute fancy, devait sortir au départ le 12 février 2020. De façon très curieuse, et bien avant qu'une certaine pandémie ne pointe le bout de son nez, Disney avait choisi de décaler le film de sept mois pour une venue automnale, alors que le géant américain était occupé à saper pas mal des projets de feu la 20th Century Fox. Une pandémie plus tard, plusieurs décalages de sorties et un nombre incalculables de bandes-annonces, et The King's Man est prêt à se montrer au grand public en cette fin d'année 2021. Matthew Vaughn est toujours aux commandes et tente par cette préquelle de réattirer l'attention sur une franchise ambitieuse par ses plans de long terme, tout en ayant l'envie de remettre le film d'aventure au goût du jour. Le résultat est au sortir de la salle assez plaisant, on doute simplement de savoir si la franchise Kingsman a encore un intérêt aujourd'hui.

Et si l'Histoire était peuplée de vilains de comics ? 

Puisque le terrain en comics était vierge de tout historique, Matthew Vaughn a toutes les libertés de choisir son terrain pour monter les origines de son agence favorite. Il s'agira donc de suivre les évènements historiques qui ont mené à la Première Guerre Mondiale, en se plaçant du point de vue du Comte Orlando Oxford (Ralph Fiennes, au charisme indéniable), devenu résolument pacifiste après avoir perdu sa femme lors d'une mission. Son fils Conrad (Harris Dickinson, tout autant appréciable) a depuis été élevé loin des affaires du monde ; mais lorsque l'Angleterre s'enlise dans le conflit européen, Conrad n'a qu'une idée en tête : celle de combattre pour son pays. Au fur et à mesure de l'histoire, le spectateur comprend que les grands évènements de l'Histoire ont été fomentés dans l'ombre par un groupuscule politique aux intentions les plus mauvaises, menant à terme, à la formation de l'agence Kingsman. Il s'agit d'un film d'origines, cette conclusion est donc attendue et ce qui importe est ici le voyage, pas la destination.


On démarrera donc le film par un segment se déroulant au cours de la seconde Guerre des Boers avant d'entamer l'intrigue principale, qui remonte le cours du temps au gré des faits historiques les plus importants pour la Première Guerre Mondiale. L'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, les jeux de pouvoir entre Allemagne, Russie et Angleterre, incarnés par un Tom Hollander génial qui interprète à la fois George VI (héritier du trône d'Angleterre), Guillaume II (le Kaiser Wilhelm) et le Tsar Nicholas II, et l'entrée en guerre des Etats-Unis sont tout autant d'évènements qui sont repassés à la loupe sous un angle neuf. Ce qu'en fait Vaughn (à qui on doit l'histoire du film) est tout à fait amusant : et si cette Première Guerre avait été fomentée dans l'ombre par un mystérieux Berger (Shepherd en VO) et tout un tas de figures politiques réimaginées ici en purs vilains de comics (ou de cinéma d'espionnage/aventure d'il y a quelques décennies) ? 


Cette vision de l'Histoire s'amuse à reprendre des éléments bien connus pour les réadapter à sa sauce, avec quelques fulgurances dans ces réinterprétations. On retrouve par exemple le bon Daniel Brühl en Erik Jan Hanussen, figure importante dans la future mise en place du pouvoir nazi en Allemagne, une Valerie Pachner qui campe une Mata Hari complètement fantasque, mais aussi Rhys Ifans qui reprend le rôle d'un Raspoutine qui offre au film l'une de ses séquences les plus allumées - et aussi les plus réjouissantes. Le reste du casting, qui dans son ensemble se montre très appréciable et semble assez content d'être là, participe au capital sympathie général du long métrage. Les alliés du comte Oxford, à savoir Gemma Aterton en Polly, la gouvernante espiègle et bien plus douée que ses collègues masculins dans l'action, ou Djimon Honsou, le majordome et maître d'armes Shola, qui rappelle que l'acteur répond toujours présent dans les adaptations de comics.

 

On se plaît donc à retrouver tout ce beau monde dans des costumes d'époque, à mesure que l'intrigue nous fait littéralement voyager. Afrique, Europe de l'Est, Angleterre et autres contrées nordiques sont au rendez-vous, avec ce qui semble être un bon ensemble de décors naturels (bien que les équipes soient restées principalement en Angleterre et en Italie). L'intrigue s'étalant sur un ensemble de quelques années, l'histoire a de quoi faire évoluer ses protagonistes, et offrira même un twist en son milieu proprement inattendu : un moment choc comme ce genre de cinéma grand public a de moins en moins l'habitude d'en offrir, à l'heure où bien des secrets de ce genre de production fuite avant la venue en salles. Ce qui permet aussi au réalisateur de revenir sur l'obsession héroïque, assez masculiniste, que l'on peut avoir sur les envies nationalistes d'aller au combat pour sa patrie. Rappelons que la première guerre mondiale est connue pour son statut de boucherie, et The King's Man n'hésite pas à en faire l'état à plusieurs reprises, et parfois frontalement, dans une scène de tranchées qui elle aussi fait valoir un côté spectaculaire. Certes, on est pas dans le réalisme façon Soldat Ryan, mais il y a de quoi être décontenancé par certaines fulgurances de violence.


A côté, The King's Man : Première Mission a surtout pour première mission (héhé) d'être divertissant, et de renouer avec le film d'aventure à l'ancienne (Indiana Jones en tête, mais aussi certains vieux James Bond pour le côté espionnage). Le tout est enrobé dans un cocktail de scènes d'action qui rappellent que Matthew Vaughn a encore des choses à dire - ou à montrer. On mentionnait une scène de ballet spectaculaire avec Raspoutine, des combats où la caméra se fixera sur les lames d'épées (ce qui avait déjà été fait sur Kingsman), et d'autres plans séquences sur lesquels le cinéaste s'amuse. En conséquence, le public s'amuse aussi, par les mouvements de caméras, et les décors que l'on prend un malin plaisir à voir être détruits par pur amour du cinéma d'action. Il y a évidemment des gimmicks de Vaughn, à qui on pourra reprocher de ne pas se réinventer compte tenu de ce qui a été fait sur les deux précédents opus de la franchise ; on pourra aussi noter quelques éléments de fan service pas forcément finauds. Pourtant, compte tenu de la production générale du milieu et de tout le parcours du combattant mené par The King's Man pour arriver en salles, on aura tendance à pardonner plus facilement ces écueils face à la proposition dans sa globalité. 


Est-il nécessaire à The King's Man d'exister pour la franchise ? Pas forcément. Mais le film le sait, et ne cherche pas à réinventer la roue, ou à se targuer d'être autre chose qu'une origin story classique, qui préfère jouer sur un classicisme efficace plutôt qu'une originalité là où il commence à être difficile d'en avoir. Le casting, charmant dans son ensemble, accompagne joyeusement cette relecture pop de l'Histoire. On s'amuse, on vibre devant certaines scènes réussies, l'intrigue peut heurter quelques fois : c'est un cocktail au final assez riche, et surtout honnête dans ce qu'il a à proposer. Pas de prétention, mais une envie de bien faire et de faire vivre l'histoire d'une agence qui n'était peut-être pas destinée à devenir une telle franchise, et qui a aujourd'hui besoin qu'on se rappelle d'elle. Matthew Vaughn a des envies de cinéma, et sans se réinventer, montre qu'il y a encore de la place pour Kingsman auprès du public. C'est à ce dernier qu'appartiendra le futur qu'il veut bien lui donner. 

Près de quatre ans ont passé depuis la dernière sortie Kingsman au cinéma. The King's Man : Première Mission a donc contre elle le destin d'une franchise qui a du mal à exister, mais vous auriez tort de passer à côté du film en salles. Certes imparfait, parce qu'il a quelques écueils et ne réinvente pas grand chose, le film de Matthew Vaughn remet en avant le goût de l'aventure et de l'espionnage "à l'ancienne" et séduit par sa vision très "comicbook" des évènements de la Première Guerre Mondiale. Un casting séduisant, une intrigue classique mais qui sait surprendre et de très bonnes scènes d'action permettent d'aboutir à un divertissement bienvenu. Classique, sûrement, mais honnête dans sa proposition - et par les temps qui courent, voir un réalisateur et un studio se montrer réglo vis à vis de son public, c'est quelque chose que l'on apprend à apprécier. Pour l'avenir de Kingsman ? C'est à vous de jouer.

Arno Kikoo
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