Décidément, la semaine ne sera pas tranquille du côté de DC Studios. Alors que le Hollywood Reporter nous rapportait quelques temps plus tôt la mise à mort du projet Wonder Woman 3 de Patty Jenkins (sur lequel il faudra développer), d'autres détails du long papier évoquait la possibilité que le film Black Adam ne connaisse pas de suite. En cause, un échec relatif au box-office qui ferait perdre à Warner Bros. entre 50 et 100M$. Une annulation de la franchise serait donc relativement logique au vu de la logique économique de David Zaslav sur Warner Bros. Discovery, ou l'envie de James Gunn de développer une nouvelle voie pour l'univers DC sur grand écran. Mais la question de la non-rentabilité de Black Adam fait débat au sein des médias américains, Deadline ayant publié un papier contredisant le Reporter - et partagé par un Dwayne Johnson publiquement très enthousiaste. De quoi lever des sourcils interrogateurs sur ce qui s'apparente être une nouvelle bataille d'image publique.
Dans son article, Deadline explique en effet que le film ne devrait pas faire perdre d'argent à Warner Bros, mais réussir en tout et pour tout à être rentable - ce qui induit qu'il ne fera pas non plus gagner d'argent au studio, ce qui a toute son importance également. Le média parie sur le fait que le film pourrait dans le meilleur des cas rapporter entre 50 et 72 M$, mais en prenant tout un tas de facteurs de façon assez curieuse. Il est en effet avancé, au delà des potentiels 400 M$ de dollars au box-office, que le film devrait engranger d'autres revenus avec son arrivée sur HBO Max à compter du 16 décembre - et par la même occasion, sa disponibilité sur d'autres services de VOD payante devrait augmenter les rentrées.
Dans la découpe de son calcul, après avoir enlevé les revenus alloués aux salles de cinéma pour Black Adam, on obtient une rentrée d'argent de S184 M$, à laquelle il faudra donc ajouter tous les revenus liés à l'exploitation du film en VOD, distribution physique (Blu-Ray/DVD) et cessions de droits de diffusion pour la TV - alors que pour le moment, suivant la chronologie propre à chaque pays, tout est encore loin d'être fait. Au bout du compte, et Deadline voulant même rajouter dans l'équation les dollars rapportés avec les produits dérivés, Black Adam ne serait donc pas le flop que d'autres médias ont affirmé. Problème : le tableau a beau donner un résultat positif au film, il ne conteste pas le fait que le film n'a pas fonctionné autant que le studio aurait pu espérer au box-office. Dans l'article, le producteur interrogé, Joe Singer, concède que le film peut être qualifié de "décevant" compte tenu du star power supposé de Dwayne Johnson (qui a fait activement la promotion du long-métrage, notamment avec ses réseaux sociaux), tout en refusant la notion que le film ferait perdre de l'argent. Pour les anglophones, vous pourrez juger l'article par vous-même, il y a une tonalité curieuse au texte, comme celle de vouloir minimiser l'échec, comme une volonté pour The Rock de ne pas "perdre la face" - ou de se vouloir rassurant auprès d'une communauté de fans qui était au coeur de toute sa stratégie de communication.
Waited to confirm with financiers before I shared this excellent #BlackAdam news - our film will PROFIT between $52M-$72M.
— Dwayne Johnson (@TheRock) December 7, 2022
Fact.
At almost $400M worldwide we are building our new franchise step by step (first Captain America did $370M) for the DC future.https://t.co/GBIgsbtnkq
Chose plus surprenante - et cette-fois assez malhonnête, celle de vouloir relativiser le score de Black Adam au box-office en le comparant à celui du premier Captain America. Ce qui n'a aucun sens puisque les contextes de sortie n'ont rien à voir, que le film en question n'a eu un budget de production que de 140 M$ (contre les 195 M$ de Black Adam), et que rapporté à l'inflation qui a eu lieu entre 2011 et 2022, le chiffre de Captain America serait de 490 M$. Alors, on pourra pardonner à Dwayne Johnson de ne pas avoir toutes les connaissances mathématiques et préférer se baser sur des valeurs absolues pour défendre son point de vue - le problème, c'est que l'argument est repris tel quel par Deadline. Un manque de sérieux déroutant qui donne encore plus au papier un angle partisan, ou l'impression d'avoir été commandé par l'acteur lui-même.
La dispute a également lieu sur la question d'une suite à Black Adam puisque l'acteur parle de l'élaboration d'une franchise - en toute logique si, selon son point de vue, le film a en effet été rentable. Pour autant, le Hollywood Reporter avançait plusieurs facteurs allant contre cette idée : d'une part, le box-office qui reste malgré tout décevant pour le studio ; d'autre part, les coûts de production d'une suite forcément plus élevés, alors que le premier film en était déjà à quasi 200 M$ de budget ; enfin, les têtes dirigeantes de DC Studios n'auraient pas forcément apprécié la façon dont l'acteur se sera approprié le retour de Henry Cavill en Superman (alors que pour rappel, l'acteur n'avait signé techniquement aucun contrat). On se rappelle en effet que Johnson était allé voir directement la direction de Warner pour permettre les caméos de Cavill après les refus de Walter Hamada (qui a depuis quitté l'entité filmique).
En somme, du bruit et de la confusion dans un dossier au demeurant passionnant à suivre sur le pur plan de l'actualité et journalistique. James Gunn ayant lui-même pris à parti les réseaux pour expliquer que tout n'était pas forcément exact dans le rapport du Hollywood Reporter (on détaillera sa réaction dans un article séparé), il appartiendra pour l'instant à chacun, on imagine, de se ranger d'un côté ou l'autre de cette bataille médiatique autour de Black Adam. Bien qu'au vu du contexte actuel, il y a sûrement des choses plus importantes auxquelles s'intéresser que des questions de gros sous pour des studios et acteurs multimillionnaires. Vous nous dites.