Généralement, les séquences d'annonces de Panini Comics sont groupées par thème. Prenez Iron Fist récemment : deux gros volumes, une seule "Big News". Mais pour certains autres projets, il est parfois difficile de trouver un dénominateur commun - ce qui semble avoir été le problème historique du personnage Howard the Duck, au point que cette situation le poursuit jusque dans les annonces de sorties en VF. Admettez que c'est pas de chance pour ce pauvre canard. Le constat est en revanche plus flatteur pour les Defenders d'Al Ewing et Javier Rodriguez : être mis côte à côte avec Steve Gerber, même par accident, ça a quand même de l'allure.
Bref, les "inclassables"
Panini Comics a donc enfin décidé de publier l'intégrale de la première série
Howard the Duck de
Steve Gerber, dans les formats "annuels", ces gros albums qui regroupent les
runs historiques par groupes d'années de publication. Un pari risqué, dans la mesure où le personnage
est loin d'être une vedette dans le présent, malgré une riche histoire éditoriale. Création de
Steve Gerber,
Howard the Duck se présente au départ comme une parodie des codes de la bande-dessinée de son époque, personnifiée sous les traits d'un canard apparu sans bonne raison dans les pages d'un comics
Marvel, au détour de structures de fiction communes à d'autres périodiques à la mode de cette période.
Rapidement, le projet devient plus étrange, ou plus riche, avec une approche plus sociale de la problématique de l'individu au détour d'un monde difficile d'accès. Souvent considéré comme un pionnier dans la fiction satirique, Howard the Duck s'adressait ouvertement à un lectorat plus âgé dans un moment où les comics étaient encore à la recherche de leur légitimité en tant que forme d'art. En plus d'avoir posé les premières pierres d'une narration plus ouvertement méta-textuelle. Le héros est aussi connu pour avoir amorcé un genre de rixe inattendue avec la maison Walt Disney, mais ceci est une autre histoire.
Howard the Duck : L'Intégrale 1973-1977 est attendu pour le mois d'avril 2024 avec un premier tome de 368 pages.
Plus récentes,
les deux séries Defenders et Defenders Beyond d'
Al Ewing et
Javier Rodriguez embarquent elles-aussi cette envie de cogner contre les murs de la codification traditionnelle des fictions de super-héros, mais dans un registre plus fou, plus coloré et plus classique. Une école qui évoquerait davantage le travail de
Grant Morrison sur la
Doom Patrol, déplacé dans un environnement à la
Jack Kirby. Psychédélique, amusée, gavées de références et de folles idées de mise en scène, un bel hommage des deux créateurs au cosmique d'autrefois dans une farandole quasi-parodique qui va très vite, et où
Ewing en profite au passage pour poser quelques idées autour de
Loki qui lui serviront, plus tard, pour la série
Immortal Thor.
Panini Comics saute les étapes habituelles en proposant un album complet avec les deux séries (soit dix numéros au total) annoncé pour le mois de mars 2024 en Marvel Deluxe. A noter : c'est beau. La précision est dispensable, mais mettons que tout le monde ne connaît peut-être pas encore le coup de crayon du bon Rodriguez. Il vaut le détour.