Professionnalisation des "hôtes", hausse globale des prix, frais de départ conséquents, corvées imposées, caméras dans les logements, contre-offensive des municipalités : la plateforme Airbnb sort d'une année passablement compliquée. En l'espace de quelques mois, l'image de marque de cette entreprise spécialisée dans le logement à la demande s'est largement détériorée. Face à une longue suite de polémiques, oui, mais surtout, parce que le fonctionnement du service n'a plus grand chose à voir avec son idéal originel - à savoir, une plateforme destinée aux particuliers pour offrir une alternative à l'hôtellerie traditionnelle. Pas de panique : l'enseigne a trouvé une solution pour sauver les meubles, et récupérer la caution.
Miser sur le divertissement
Plutôt que de chercher à retrouver son image d'antan, Airbnb opte pour l'extrême inverse : l'entreprise investit dans le secteur de la location à thème. Du divertissement. De l'expérience. Au point de frôler le secteur du parc à thème. Pour résumer, l'objectif consiste à concevoir des logements précis, inspirés par différentes œuvres de fiction, et les proposer à la visite ou à la location dans le cadre de tournées touristiques. Cette catégorie de "produits" avait déjà pu être testée avec le Manoir Barbie, dans le cadre de la promo' du film de Warner Bros. en partenariat avec Air Bnb l'an dernier. La plateforme va désormais sanctuariser ce genre d'associations avec les grands studios américains en consacrant une page séparée dans son catalogue d'offres de logements.
Ce genre de locations s'accompagnera d'expériences spécialement montées pour l'occasion, avec acteurs, spectacles, visites, etc. La maison de Purple Rain, la maison de Là-Haut avec une grue pour s'envoler dans le ciel... bref : arrêtons nous là-dessus, avant que cet article ne se transforme en une publicité géante pour une compagnie privée (d'autres s'en chargent déjà très bien). Si les détails vous intéressent, vous retrouverez quelque chose de plus fouillé ou de plus détaillé en suivant le lien source.
Pour les fans de comics, l'information à retenir, c'est que les équipes d'Airbnb ont construit le manoir des X-Men, ou l'Institut Charles Xavier, en s'inspirant du dessin animé X-Men '97.
L'entreprise a même décidé de baser cette attraction dans la ville de Westchester, à la périphérie de l'état de New York : dans les comics, c'est bien à cet endroit que la famille Xavier (Graymalkin) a construit la demeure, destinée à devenir le premier centre scolaire spécialisé dans l'éducation des jeunes mutants. A l'intérieur, les murs ont été peints pour évoquer le graphisme d'un dessin animé, dans l'idée de proposer une expérience immersive. Comme si le public visitait réellement les décors de X-Men '97. Certaines pièces ont été construites pour évoquer les environnements vedettes du dessin animé, et la location est fournie avec une visite de plusieurs heures. Des comédiens ont été embauchés pour interpréter les héros de la série (façon Disneyland), un cascadeur fera un petit spectacle de combat dans la Salle des Dangers, et un bar proposera des cocktails exclusifs dans le laboratoire de Beast. Chacune des chambres a été habillée aux couleurs d'un X-Men particulier. La piaule de Wolverine, la piaule de Cyclops, etc.
Ce programme porte un nom : Airbnb l'appelle "Icons", et désigne actuellement onze logements thématiques du même genre, pour des prix qui gravitent autour de cent dollars la nuit. En ce qui concerne la France, l'une des résidences "Icons" propose au public de se réveiller au milieu du Musée d'Orsay, dans une chambre réalisée par Mathieu Lehanneur, designer des Jeux Olympiques de Paris 2024. Et dans ce cas de figure, l'objectif est aussi de fournir une terrasse avec vue sur la cérémonie d'ouverture de l'événement. Vous voyez, la balance karmique, c'est surtout une question d'équilibre.
Pas sûr que ce genre d'initiatives sera de nature à chasser les punaises de lit ou à contrer le problème des logements inoccupés dans les villes en surpopulation, mais faut admettre, le résultat est plutôt sympa. La vraie bonne nouvelle, c'est que l'initiative aura le mérite de figer dans le temps la réussite de X-Men '97. Ce qui reste un peu plus cool que de taper des selfies avec Ant-Man à Disneyland, a priori.