Quel avenir pour la série Resident Alien ? Difficile à dire. La rédaction de Deadline a publié, tout récemment, une tribune détaillée pour revenir sur les derniers soubresauts de cette adaptation de comics (moins en vue que certaines autres grosses machines du répertoire séquentiel, mais tout de même bien notée par la critique au global). La série Resident Alien, basée sur la BD de Peter Hogan et Steve Parkhouse, existe depuis déjà quatre ans, et était jusqu'ici diffusée par la chaîne Syfy, une antenne du câble qui fait partie du conglomérat Comcast. Au même titre que NBC, Universal Pictures, Peacock, etc. Or, c'est là que se situe le point d'interrogation.
En tant que série diffusée sur une chaîne du câble américain, Resident Alien risque bien de faire les frais d'un changement de modèle amorcé depuis l'explosion des services de vidéo-à-la-demande. Dans le présent, la télévision dite "linéaire", autrement dit, en flux direct avec des programmes diffusés à des horaires précis, est en perte de vitesse. Et pour les chaînes qui fonctionnent par abonnement, le parc de consommateur peine à se renouveler : dans la mesure où le public préfère désormais s'abonner à des plateformes de type Netflix, Prime Vidéo, Disney+, etc, les chaînes du câble perdent des spectateurs. Or, à la télévision, moins de spectateurs signifie moins d'investissement de la part des partenaires commerciaux dans les espaces publicitaires. Donc moins de chiffre d'affaire, moins de bénéfices, moins de productions originales, et moins de budget pour soutenir les derniers titres encore debout.
Mai l'espoir subsiste
Pour pouvoir préserver l'ancien système, les diffuseurs ont été obligés de s'adapter. En signant, notamment, toute une batterie de partenariats avec les nouveaux acteurs de la télévision : on pense par exemple aux séries de la CW, en grande partie financées par Netflix. La plateforme avait effectivement accepté de payer (cher) pour l'exclusivité de la diffusion en streaming de séries telles que Arrow, The Flash, Legends of Tomorrow, etc. Dans le cas de Resident Alien, Comcast et NBC Universal s'étaient également entendus avec le service de vidéo-à-la-demande pour un accord du même genre : aux Etats-Unis, les deux premières saisons de la série ont été proposées sur Netflix au début de cette année.
Depuis, la saison trois a été diffusée sur
Syfy, et selon
Deadline, le diffuseur s'interroge sur sa capacité à assurer la production et la diffusion d'une saison quatre en l'état actuel. Pour rappel, la chaîne
avait déjà été obligée de réduire le nombre d'épisodes pour cette dernière fournée, face à une situation économique de plus en plus compliquée. Et si l'on peut déjà ouvrir cette question plus globalement à l'existence même de la chaîne
Syfy, voire à l'avenir de la télévision câblée sur un axe plus général,
NBC Universal ne compte visiblement pas abandonner
Resident Alien dans l'immédiat. Actuellement, on s'interroge en interne sur la possibilité de poursuivre la série... ailleurs.
Les pistes évoquées : continuer en interne, mais sur une autre chaîne du groupe. Deadline évoque la possibilité d'une reprise par le canal USA Network. Et ça tombe bien. La chaîne cherche actuellement à se relancer, pour réinvestir le créneau des feuilletons hebdomadaires en recyclant le label "Blue Sky", une sorte de canal de production monté en pour développer des titres tels que Monk, Suits ou White Collar à l'époque. Des séries basées sur des épisodes d'une heure avec 2 à 3 millions de dollars de budget par tête de pipe. Malheureusement, dans la mesure où Resident Alien est encore considérée comme une série en fin de cycle, dans le cas où celle-ci serait effectivement poursuivie chez USA Today, la production aurait plutôt droit à un budget de 500.000 dollars par épisode. Ce qui reste très peu, surtout pour une série de science-fiction de cette catégorie.
Autre pise : vendre les droits à Netflix, pour cimenter le partenariat déjà entamé en début d'année. Cette théorie aurait l'avantage d'assurer une certaine aisance à Resident Alien, si la plateforme n'était pas elle-même en crise, et arrivée au bout de sa propre logique de rachats, de productions coûteuses ou de films caprices pour les grands metteurs en scène dégoutés d'Hollywood. Le marché du streaming n'est pas au mieux de sa forme, et si Netflix aura longtemps conservé cette réputation de "repreneur idéal", la compagnie préfère aujourd'hui miser sur les nouvelles licences au moment de lancer une bouée de sauvetage (exemple récent : la série Dead Boy Detectives, lâchée par Max et rattrapée par Netflix, pour la concordance des univers avec l'adaptation de Sandman).
Une chose est sûre : les équipes de NBC Universal sont visiblement assez fières du travail accompli sur Resident Alien. La série culmine à 97% sur RottenTomatoes pour ses deux premières saisons, et les chiffres d'audience lors de la diffusion sur Netflix ont aussi été à la faveur du programme. Sur le papier, la compagnie n'a visiblement pas envie d'en rester là, mais les solutions proposées ont autant d'avantages que d'inconvénients. Reste à voir comment le groupe parviendra à démêler cette situation... en parallèle d'une situation économique tendue, et pas seulement pour les chaînes câblées.
