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Interview : Dan Mora, l'enfant prodige de DC Comics !

Interview : Dan Mora, l'enfant prodige de DC Comics !

InterviewDc Comics

Si certains ont déjà pu le découvrir depuis longtemps sur HexedKlaus ou Once and Future chez Boom! Studios, on imagine aisément que la plupart des lecteurs ont découvert le nom de Dan Mora avec ses apports aux titres Power Rangers, ou à son ascension fulgurante chez DC Comics au cours des dernières années. Après avoir démarré le Detective Comics de Mariko Tamaki, Dan a continué de grimper les échelons de l'éditeur à deux lettres, particulièrement en travaillant avec Mark Waid, sur Batman/Superman : World's Finest, Shazam, Absolute Power, et prochainement Justice League Unlimited

Aussi, quand le dessinateur a fait un passage express chez Album Comics Paris, il était impossible de ne pas prendre les micros pour aller lui poser quelques questions. Vous retrouverez ci-dessous la retranscription de l'interview donnée par le dessinateur, que vous pouvez aussi écouter à l'audio via First Print si vous aimez le podcast et n'êtes pas allergique à l'anglais. Nous remercions Gauthier d'Album Comics et vous invitons à partager cette interview si ce travail vous plaît !


Je suis vraiment très content de vous recevoir aujourd'hui Dan Mora, comment allez-vous ?

Tout va très bien merci, je suis aussi content d'être là.

Dans une cave, c'est vraiment le meilleur endroit pour faire une interview (rires). Puisque c'est la première fois que l'on se voit, je dois démarrer par la question basique habituelle. Pouvez-vous vous présenter brièvement et me dire comment vous êtes devenu dessinateur de comics ? 

J'ai 37 ans, j'ai toujours voulu être dessinateur de comics mais je n'ai jamais cru que ce serait possible, jusqu'au moment où les réseaux sociaux m'ont permis d'être remarqué par les éditeurs, et que j'ai publié mon premier comicbook chez Boom Studios!. Je suis ensuite passé chez DC Comics où j'ai travaillé sur Detective Comics, puis sur World's Finest, et à présent je travaille sur Absolute Power, Justice League Unlimited et SupermanUn parcours assez incroyable et on a l'impression que vous explosez en ce moment, mais je me rappelle que vous avez démarré très fort, avec Klaus qui s'est fait en compagnie de Grant Morrison, qui est l'un(e) des meilleur(e)s auteurices et les plus connu(e)s de l'industrie. Comment ça s'est passé ? 


Franchement, j'ai eu beaucoup de chance tout au long de ma carrière. Mon premier titre chez Boom! était Hexed, puis je suis passé avec Grant Morrison, et je ne pouvais croire que j'allais travailler avec Grant. C'est aussi ce qu'il s'est passé avec les projets suivants, j'ai toujours senti que j'avais été très chanceux à chaque fois.

Mais ça ne pouvait pas que être de la chance, vous n'avez jamais postulé pour un seul projet ? 

Non en fait je ne me suis jamais proposé pour un quelconque projet. Les projets sont venus à moi. Pour Grant Morrison, il voulait faire ce Klaus chez Boom!, qui lui a proposé huit artistes différents, et c'est lui/elle qui m'a choisi puisque que j'étais celui qu'iel préférait. Je n'ai jamais demandé à travailler avec Grant Morrison, il s'avère que son choix s'est porté sur moi. Et bien entendu que j'étais partant quand l'occasion s'est présentée.

Vous connaissiez son travail, je suppose ? 

Oui bien sûr, j'étais très au fait de son travail. Je connaissais son Batman, j'avais lu plusieurs de ses titres, et je connaissais son importance dans l'industrie.

Pourquoi avez-vous dit que vous vouliez être depuis le début être un artiste de comics ? Vous en lisiez quand vous étiez plus jeunes, c'est une passion précoce ? 

On avait pas accès aux comics au Costa Rica quand j'étais petit, de là d'où je viens. J'ai toujours aimé les dessins animés et tout ce qui se rapporte aux super-héros, et aux héros de comics en particulier. Mon père m'a donné quelques comics qui m'ont aidé à comprendre ce qu'est la bande dessinée et à aimer ce médium. C'est quelque chose que j'ai toujours aimé et je pense que mon père est la première personne qui m'a présenté tout ce qui en découle, comme le film Batman de Tim Burton, pour que je comprenne ce qu'est cet univers. La série Batman : TAS a aussi été très importante pour moi.


Vous avez un style qui marque, et on peut voir que vous avez été influencé par l'animation (japonaise ou pas), que diriez-vous que sont vos influences ? 

Je dirais que la première chose que j'ai beaucoup dessiné c'était tiré des animés comme Dragon Ball. Tout ça m'a aidé à  comprendre comment dessiner une case, à comprendre la composition, le découpage, les angles de vue, et quand je dessine aujourd'hui de la bande dessinée, c'est toujours à ça que je pense. 

Mais vous avez appris ça par vous-même, sans suivre de cours dans une école ? 

Non, maintenant que vous m'y faites penser (rires), je me rappelle être allé en école d'art. Mais ce n'était pas lié à la bande dessinée, c'était une école de beaux arts, on faisait de la peinture sur huile, des couleurs, ce genre de choses. Lorsque j'étais étudiant, la bande dessinée n'était pas un art considéré comme bon par les professeurs. Si on leur disait qu'on voulait faire des comics, ils nous demandaient de passer à autre chose, que ça ne nous mènerait nulle part. Je me souviens avoir eu une révélation un jour. J'avais mon portfolio avec moi, et mon professeur y jetait un oeil, et il me disait qu'il aimait ce qu'il voyait. Mais tout à la fin, il y avait un petit dessin de Spider-Man, et il m'a dit "si vous continuez de faire ça, vous n'irez nulle part, c'est de la merde, il faut que vous dessiniez autre chose." A partir de ce jour-là, je pense que j'ai arrêté de dessiner de la bande dessinée pendant plusieurs années car ce professeur était important. Mais je pense que j'ai bien fait de continuer à acheter et lire et dessiner des comics, mais ça n'a pas été facile car on ne vous encourageait pas à faire ça.

Il y avait donc une forme d'attraction naturelle pour la bande dessinée...

Oui, je ne pouvais pas y échapper.

Qu'est-ce que vous aimez de ce médium, de cette forme d'art, à supposer que vous l'aimez (rires) ? 

Pour moi, c'est un peu comme quand tu regardes une série animée, on ne peut pas tout voir de ce qu'il se passe. Je ne sais pas comment expliquer, mais le dessin a quelque chose de fort. Le comics, c'est comme un storyboard qu'on pourrait utiliser pour tout autre chose - une publicité, un film, ou tout autre chose. Je pense que c'est donc l'essence de beaucoup de choses.


Pouvez-vous me raconter votre premier contact avec DC Comics et Mark Waid ?

J'ai eu beaucoup de chance.

Mais vous ne faites répéter que ça ! (rires)

DC m'a demandé si je voulais travailler avec eux, et évidemment que ça m'intéressait. Et je pas fait de proposition ou postulé à quoique ce soit. Ils m'ont demandé si je voulais bosser avec Mark waid - là aussi, un évidence - mais là encore, c'est juste quelque chose qui est arrivé, et je ne peux pas expliquer pourquoi.

Vous ne savez donc pas ce qu'il s'est dit dans votre dos...

Non, en effet. 

Mais je pense que votre travail parle pour vous. Les lecteurs sont contents, les éditeurs aussi...

C'est ce que j'aime à penser. Je pense que mon travail m'aide. Mais d'autres artistes sont très bons - 

Oui bien sûr, les autres ne sont pas mauvais, c'est juste que vous êtes bon !

Il y a quelque chose chez moi qui fait que j'ai ces opportunités. Quelque chose qui me réussit sûrement, c'est que je suis capable de dessiner beaucoup. J'essaie toujours d'être aussi utile que je peux, je veux que mes partenaires me fassent confiance, que si on me donne un comicbook à faire en un mois, je peux le faire et qu'on ne se soucie pas de mes capacités à tenir ce rythme. C'est quelque chose qui me sert, mes éditeurs savent qu'ils peuvent me faire confiance, que je peux toujours finir à temps. 

Ce n'est pas quelque chose dont on parle souvent, des deadlines, qui sont cruciales. Vous avez dû apprendre à la dure à les tenir lors de vos premiers boulots, ou c'est quelque chose qui n'a jamais été trop compliqué pour vous ? 

Ce n'est jamais facile, ça ne l'a jamais été, mais j'ai toujours été à l'heure. C'est quelque chose que ma mère ou mon père m'ont appris à la maison. Au début, c'était bien sûr plus difficile qu'aujourd'hui. Je pense que la façon dont j'aime travailler, c'est d'être très ordonné, très organisé avec mon travail. Si je dois faire 22 pages en quatre semaines, ça veut dire que je dois faire cinq pages par semaine, pas plus, pas moins. En travaillant comme ça, je tiens la deadline et dans ce cadre, je ne remets jamais les choses au lendemain, je suis très strict avec ça. C'est comme ça que je réussi à tout tenir.

Que diriez-vous que sont vos personnages favoris chez DC ? Vous en avez dessiné beaucoup, avec Detective Comics, World's Finest ou Absolute Power, qui fait que vous les dessinez tous. Alors, quel est votre préféré ? 

Baaaaah, je pense que c'est Batman et que ça l'a toujours été. Je sais que c'est une réponse banale, mais si vous voyez comment c'est chez moi, c'est assez facile à deviner. Mais si je ne le choisis pas lui, un autre personnage dont je suis vraiment fan aujourd'hui, c'est Superman. Je l'appréciais mais n'en était pas fan, jusqu'au jour où j'ai travaillé sur World's Finest. Et je l'ai dit dès le début à Mark Waid. Je lui ai dit que je n'étais pas le plus grand fan de Superman et qu'il aurait des choses à devoir m'apprendre sur son univers...


Clairement, vous n'auriez pas pu demander meilleur professeur !

Et il a pris ça très à coeur, il a voulu m'enseigner pourquoi Superman est important, et j'ai su capter ça. Et aujourd'hui, c'est un personnage que j'aime beaucoup, grâce à Mark.

Merci Mark Waid ! Mais justement, parlant de lui, comment décririez-vous votre relation de travail ? Est-ce qu'il donne des scripts complets, ou des indications plus vagues sur ce qu'il faut dessiner ? 

Hé bien ça dépend des fois. Il écrit beaucoup de comics, donc la plupart du temps il me donne un script complet de tout le numéro, mais quand il est pris par d'autres titres, il ne m'envoie que par exemple les neuf premières pages, puis il me demande si j'ai besoin de plus pour démarrer - comme pour venir en France aujourd'hui, j'en avais besoin de trois en plus pour pouvoir finir à l'heure. C'est cette sorte de mécanique qu'on a. C'est une chouette relation de travail, tout se fait par mail, j'ai l'impression de le connaître même si je sais que ce n'est pas vrai. On s'est parlés une fois en vrai, mais le reste se fait par échange de mails.

Et il vous laisse pas mal de libertés, sur le découpage, ou est-ce qu'il est vraiment strict sur ses scripts ? 

Je pense que c'est quelque chose qui se fait au fil des numéros, tu apprends à bâtir une forme de confiance. Au départ, je ne faisais que ce que me disait Mark de faire. Puis j'ai commencé à faire mes propres inserts, comme mettre une case de plus si je sentais que ça servirait mieux l'histoire. Il a toujours été très ouvert à mes idées, que je puisse faire mes propres ajouts.

Vous dessinez Absolute Power et vous enchaînez sur Justice League Unlimited. Vous ressentez une forme de pression à être sur la nouvelle locomotive de DC ? 

(rires) Oui, c'est beaucoup de pression de dessiner un event. J'ai été très soulagé de terminer cet event il ya quelques mois, parce que c'était beaucoup de personnages à faire...

Mais il y en aura encore plus dans JLU !

Oui, mais c'est différent. Je ne l'explique pas, mais le ressenti est différent. Absolute Power était un event, donc tout était très important, il y avait beaucoup d'action, il fallait dessiner tous les personnages DC possible. Avec JLU, je trouve que le rythme est un peu plus lent, que pour un numéro, on aura seulement une équipe de quatre-cinq personnages, ce qui est bien plus gérable qu'un Absolute Power avec 25 personnages dedans. 


Vous allez donc rester chez DC quelque temps. Mais à un moment vous pensez revenir au creator owned ? Ou ça dépend peut-être d'un auteur qui vous contacterait ? 

Je pense qu'à un moment j'aurais envie de faire autre chose. Mais pour le moment je suis très content chez DC. Je ne dessine que des choses que j'ai envie de faire, et l'éditeur me traite très bien. 

Oui, il ne veulent vraiment pas que vous alliez chez Marvel (rires)

Oh, eux le veulent, mais ce n'est pas dans mes envies maintenant.

Très bien, merci beaucoup Dan ! 

Merci à vous !

Arno Kikoo
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