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Absolute Batman #1 : et si Scott Snyder avait enfin résolu l'équation ?

Absolute Batman #1 : et si Scott Snyder avait enfin résolu l'équation ?

ReviewDc Comics
On a aimé• Efficace, rythmé, engageant
• Une vraie page blanche
• L'habituel jeu des comparaisons
• Un Batman des rues
• L'impression d'une véritable voie alternative
On a moins aimé• Des designs qui n'iront pas à tout le monde
• Encore un peu de gras dans les idées
• Est-ce encore un Batman ?
Notre note

Vous avez dû remarquer : généralement, ces espaces réservés aux critiques (trop rarement utilisés, malheureusement) se consacrent surtout aux albums disponibles en Français. Et les raisons pour ça sont multiples. Le manque de temps au sein de la rédaction (pour rappel composée de deux personnes), bien sûr, mais aussi la difficulté de brosser une opinion complète sur un numéro de vingt-quatre à trente-deux pages. Et pour l'introduction d'une série, la difficulté est majorée : qu'est-ce que c'est, au fond, un numéro #1 ? Une accroche marketing ? Une note d'intention ? Un dossier de validation pensé pour convaincre le lecteur de s'abonner, de monter à bord ? Sans doute tout ça à la fois, mais la difficulté reste la même. C'est facile de donner envie, c'est facile de poser de nouvelles idées sur la table, c'est facile de bien commencer, mais (comme tout bon fan de Mark Millar le sait) cela ne présage pas de la qualité globale d'une histoire sur le temps long.

Sauf que, voilà. Cette fois, c'est Batman, c'est Scott Snyder, et c'est la ligne Absolute. Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi, DC Comics s'est récemment lancé dans une entreprise de refonte générale très largement inspirée de l'univers Ultimate Comics de Marvel. L'idée est la même : réinventer tout un catalogue en partant de la base, avec des lectures modernes, remises à zéro et complètement inédites des héros et héroïnes du catalogue local. Cette stratégie a fait ses preuves par le passé : les anciens lecteurs ont l'opportunité de redécouvrir leurs personnages préférés sous un angle inédit, tandis que les nouveaux profitent d'une porte d'entrée totalement perméable et qui leur permet de construire leur propre approche des comics sur le temps long. 

C'est surtout cette donnée qui permet de différencier la ligne Absolute DC des New 52 (à l'époque, les vétérans étaient logiquement assez énervés d'avoir perdu toute la continuité préalable) ou de la ligne Earth One (basée sur le même principe, mais conçue comme une  expérience de changement de publication sur le marché, en allant chercher directement l'album sans passer par le single issue, ce qui ne s'est pas avéré être payant). En somme, tout le monde est content. Pour le moment tout du moins. L'exemple des Ultimate Comics nous a aussi appris quelques leçons, et à nous méfier de cette promesse de grand renouveau, mais on reviendra là-dessus plus tard, quand viendra le moment de tirer un premier bilan. Pour l'heure, Scott Snyder est de retour à Gotham City, avec dans ses bagages un nouveau Bruce Wayne, un nouvel Alfred, un nouveau Jim Gordon... Pour toutes celles et ceux qui ont découvert les comics avec le Batman #1 des New 52, cette suite de mots a forcément quelque chose de spectaculaire. Prenez un instant pour considérer l'ironie de cette industrie incapable d'évoluer et qui est obnubilée par l'éternel retour en arrière, mettez de côté toute parabole externe, et faisons le point : oui, vous êtes vieux, mais Batman est éternellement jeune, il était donc temps d'amorcer un nouveau cycle... avec des gros biscottos.

All-New... All-Different... Batman.

Absolute Batman #1 s'ouvre sur une traversée de Gotham City. Un héros solitaire, aux commandes d'un bolide élégant, explore les croisements de la cité légendaire. Celle-ci semble plutôt moderne, dépourvue de ses dirigeables habituels. Et puis, s'il fait sombre, la nuit noire ne semble pas avoir enveloppé les rues au point de masquer les perspectives. En somme, cette version du mythe se passe de tout effet de style gothique, de toute apparence volontairement fantasmagorique. Les gargouilles et les chauves-souris ont laissé place à une rationalisation de l'espacement urbain. Gotham City ressemble à une ville comme les autres, plus proche du cinéma de Michael Mann que de celui de Fritz Lang. Et l'explorateur qui narre toute l'introduction n'est pas un jeune milliardaire de retour d'un long voyage à l'étranger. Lorsque celui-ci se découvre, le public va découvrir un personnage que le scénario introduit sous le nom d'Alfred Pennyworth. Et alors, commence la bascule.
 

 
Dans cette version des faits, Alfred n'est pas le sympathique et serviable majordome de Thomas et Martha Wayne. Scott Snyder a préféré extrapoler sur une idée qui ne fonctionne pas dans le canon traditionnel, mais qui s'applique étonnamment bien dans le cas présent : depuis Batman : Earth One (ou même, en réalité, depuis All-Star Batman & Robin de Frank Miller et Jim Lee), plusieurs scénaristes se sont mis en tête que le domestique de la famille Wayne aurait connu une sorte de passé militaire avant de se ranger, et de troquer les fusils mitrailleurs contre le service à thé. Ancien de l'armée britannique pour certains, ancien des forces spéciales ou des services secrets pour d'autres, tout un tas de scénaristes ont tenté de casser l'image souriante et sarcastique du majordome au profit d'une lecture plus musclée, plus militariste. Dans les séries Gotham et Pennyworth, ou même dans le film The Batman, cette lecture a même pris une certaine importance : on nous explique qu'Alfred serait même à l'origine de l'entraînement de Bruce Wayne, et que ses compétences passées lui ont permis d'apprendre la médecine, le code informatique, le décryptage de signaux, la psychologie, etc. Cette idée, qui permet d'asseoir Alfred comme l'assistant idéal de Batman dans ses aventures, va généralement se cogner contre une incohérence de fond : pourquoi un agent aussi expérimenté aurait-il terminé sa carrière en jouant les maîtres de maison au service d'une riche famille américaine ? 
 
Scott Snyder évacue cette notion d'entrée de jeu. Non, Alfred n'a pas élevé Bruce Wayne. Dans cette réalité, l'agent Pennyworth a poursuivi sa voie sur la même logique. Espion, assassin, militaire, celui-ci est mis sur la piste d'une bande d'assassins qui sévit depuis peu à Gotham City. L'idée du "serviteur" s'applique toujours... sauf que ce personnage là est au service d'un état, ou d'un commanditaire à définir. C'est un soldat, tout simplement. Et un soldat qui va devoir croiser la route de la chauve-souris, dans la mesure où les deux chasseurs se sont lancés sur la même piste.
 

 
Pour aller plus vite et éviter d'énumérer l'ensemble des points de détail de ce premier numéro, cette méthode appliquée à Alfred résume tout le processus d'écriture de Scott Snyder. Depuis ses débuts, le scénariste a pris cette drôle d'habitude de se poser en agent de la rupture. On le lui a suffisamment reproché avec le Bat-LapinZero Year ou la Dark Multiverse : Snyder est incapable de prendre une propriété intellectuelle sans chercher à la transformer de fond en comble. Ses idées surprennent (au mieux), vont généralement à l'encontre de la continuité formelle (la plupart du temps), et n'ont réellement de sens que si on choisit de considérer son travail comme un objet en vase clos, qui ne peut pas réellement fonctionner avec le reste de l'univers canonique. Lorsqu'il débarque sur Batman au moment des New 52, il commence par nous expliquer que toute l'histoire de Gotham City repose en réalité sur une secte secrète que personne n'avait réussi à débusquer jusqu'ici : la Cour des Hiboux. Il nous affirme que le fils de Jim Gordon n'a jamais réellement été effacé du canon, que Bruce Wayne a peut-être un frère caché depuis le point de départ, qu'il existe une version alternative de l'origine du héros, etc. Un obsédé de la recomposition par la destruction : lorsque Scott Snyder débarque sur un projet, il commence par casser une règle immuable, avant de recoller les morceaux pour imposer sa propre façon de faire.
 
Et cette méthode, qui ne fonctionne pas forcément dans un univers comme celui de DC Comics, qui repose justement sur un principe d'entente mutuelle (entre les éditeurs, les logiques au sein de l'univers fictif, la liberté de chaque équipe créative à bâtir sa propre histoire dans un même moule commun), s'applique à la perfection sur un projet comme Absolute Batman. Enfin, Scott Snyder a carte blanche. Enfin, il peut poser toutes les idées folles qui l'obsédaient depuis toujours. Et non seulement cette perspective ne va déranger personne, mais elle permet de rentabiliser enfin l'imagination folle de cet infatigable savant fou des super-héros obsédé par la nouveauté. La promesse est tenue, sur Alfred comme sur le reste de Gotham City : tout paraît immédiatement neuf, original et surprenant. De l'aspect même de la ville à la philosophie générale qui guide cette entrée en matière. Le titre ne s'adresse pas aux fans de telle ou telle version du mythe classique. C'est un autre mythe, une autre histoire, une autre réalité. Tout ce qui fonctionnait déjà sur l'univers Ultimate Comics s'applique à la perfection : on s'amuse à jouer les comparaisons dans ce miroir déformant, avec le principe ludique essentiel aux super-héros et aux logiques de multivers, où on se demande chaque fois comment un environnement aussi immuable serait encore capable de se réinventer. 

A coups de Bat

En définitive, DC Comics a donc finalement eu le nez creux en allant chercher la bête noire de nombreux, nombreux fans de la chauve-souris pour signer cette nouvelle aventure. Maintenant, pour entrer dans le détail : on confisque l'origine et le drame conventionnel en introduisant toute une batterie de variations qui traduisent immédiatement un certain potentiel. D'abord, Bruce Wayne n'est plus un gosse de riche. L'idée est plutôt de le présenter comme un gamin des rues, élevé dans les quartiers pauvres de Gotham City (cet élément introduit quelques conséquences naturelles, comme un effet papillon, sur d'autres têtes connues de la ville maudite). Scott Snyder présence son Bruce comme le produit de différents éléments qu'on s'attend à retrouver chez lui : si Batman est le plus grand détective du monde, on se doute bien qu'il est au moins un peu intelligent. Et c'est cette intelligence qui lui a permis de concevoir ses propres gadgets, son propre costume, d'emprunter une voie faussement banale, faussement discrète, pour se fondre dans la masse. Le numéro est même assez éloquent si on le compare justement au Batman #1 des New 52 : à l'époque, Snyder prend les commandes d'un justicier triomphal, père de famille, bienfaiteur de Gotham City, en smoking dans son manoir et avec le rêve de rebâtir les quartiers délabrés en investissant sa fortune aux bons endroits.
 

 
A l'inverse, cette fois, Batman est littéralement un fier représentant de ces quartiers abandonnés. Il est la définition même du "working class hero" : un enfant qui a grandi sans argent, qui aurait pu s'émanciper par une réussite scolaire ou bien sportive, mais qui choisit de rentrer à la maison, au contact de ses proches, et dont le quotidien se découpe sur des moments à la salle de sport ou au travail. En somme, une réponse à la problématique de la fortune qui occupe les comics Batman depuis de longues générations. Cette fois, on va oublier le millionnaire qui se déguise en chauve-souris pour aller savater des braqueurs de banques, et on découvre un justicier réellement urbain, réellement ancré dans le sol, qui utilise sa connaissance des rues et du génie civil pour entreprendre sa croisade. La narration d'Alfred brosse le portrait complet du personnage depuis ses origines jusqu'à l'invention de son costume avec adresse, même si toute l'écriture passe, bien sûr, pour l'énième stigmate d'un scénariste incapable de pas tomber dans une trombe d'exposition forcée. 
 
Au global, la lecture est plutôt agréable par cet effet de découverte, cette impression de renversement, et aussi, sur un pur plan formel, dans la mise en scène et le rythme de l'écriture. Cette Gotham City plus réaliste comprend son lot de bizarreries, avec un Black Mask tout de suite plus intéressant que sa contrepartie classique, et son Batman massif en hommage conscient aux obsessions de Frank Miller. La plupart des designs de personnages sont aussi diablement efficaces : un Alfred tout droit sorti d'une production Hideo Kojima, un Batman plus imposant que Killer Croc lui-même, des effets de cape au service du découpage de l'action, et une superbe mise en couleurs (signée Frank Martin) qui cerne tout de suite l'atmosphère de chaque scène. 
 
Dans la mesure où Nick Dragotta n'est pas un débutant, la séquentialité globale du numéro est quasi-parfaite : chaque case est utile, et on comprend que l'artiste a dû ruser pour faire tenir cette introduction épaisse sur un seul numéro (malgré une pagination étendue), les sens de lecture sont nets, précis, et structurés comme un jeu de piste pour nous permettre de rentrer doucement cette atmosphère de grande découverte. C'est toute la magie des bons artistes : prendre le lecteur par la main sans donner l'impression qu'on le prend par la main, et entre les pattes de ce dessinateur, on a effectivement l'impression de n'avoir jamais foutu les pieds à Gotham City à la découverte de chaque planche. 
 

 
Pour les quelques reproches d'usage : le Bruce Wayne en civil est malheureusement trop musclé pour imprimer cette notion d'un héros banal et quotidien. C'était le piège dans lequel il fallait éviter de tomber. Créer un Batman qui va à l'encontre du principe furtif, tapi dans les ombres, presque spectral, dans l'idée de casser la routine et de prendre le lecteurs à l'envers ? Oui. L'idée est bonne, efficace une fois que le costume apparaît. Mais dans le même temps, Bruce Wayne n'est pas un Space Marine. Difficile de vendre cette idée du héros des rues, simple salarié discret ou tranquille gamin du quartier lorsqu'on le découvre à la salle, à frapper le sac de sable avec le tour de bras de Marcus Phoenix. Dragotta ruse là-encore, en évitant au maximum de dissimuler le regard du héros, pour rajouter un peu de fragilité, un peu de secret à cette masse surhumaine. 

Pas pour tout le monde !

Alors, bilan ? Si on fait exception de certaines idées un peu trop extrêmes, ou de l'impression de ne plus avoir affaire à un porteur légitime du titre, le projet est, pour l'heure, une franche réussite. Plutôt bien gratté, suffisamment original et innovant pour motiver la lecture, Absolute Batman #1 s'en sort grâce à ses designs, l'esprit fou (cliniquement) de son scénariste, et une bonne tenue générale qui évite au projet de ressembler à un caprice ou à la renégociation d'un contrat dont on connaît par cœur le moindre paragraphe. 
 
Dans le même temps, on perd quelques éléments en route : cette Gotham City ne sera sans doute pas celle de la santé mentale, des emprunts à Lovecraft ou de l'expressionnisme allemand. C'est malheureusement compris dans la formule : de la même façon que les Ultimates se présentaient comme une version plus réaliste, plus froide et plus cynique des Avengers, le Batman de l'univers Absolute va forcément frustrer une partie des lecteurs classiques. Celles et ceux qui aiment aller chercher le héros dans ses éléments les plus complexes, les plus humains ou les plus inhumains. Scott Snyder a misé sur une forme de réalisme, d'ancrage dans le réel... ce qui implique de faire es compromis.
 

 
Dans le même temps, la question de la violence va aussi devoir se poser. Et la question de la bêtise générale également : les gens qui ont suivi la campagne marketing qui a entouré le lancement de cette nouvelle série ont sans doute eu le temps de se faire à l'idée générale de ce nouveau personnage, mais pour les gens qui prennent le train en marche, le choc est réel. Batman a une hache ? Batman peut détacher ses oreilles et s'en servir comme des couteaux ? Batman fait du MMA ? C'est aussi à cet endroit que les lecteurs qui n'apprécient pas l'écriture de Scott Snyder ont pu trouver leur limite par le passé. Le scénariste garde son penchant pour l'anormalement extrême, l'exagération débridée, ce qui n'est généralement pas du goût de tout le monde. A l'inverse, certains trouveront certainement ce pendant un peu idiot, un peu gamin biberonné aux aventures de Spawn et de The Darkness, amusant à contempler. Une chose est sûre : Absolute Batman a du potentiel, un bon dessinateur, et la perspective d'une feuille intégralement blanche qu'il convient désormais de noircir. Dans tous les sens du terme.
 
 
Bienvenue dans l'univers DC Ultima-ah oui, non, pardon. Bienvenue dans l'univers DC Absolute ! Un monde nouveau, un monde qui ne se prétend pas être une simple variation au sein du multivers, un monde qui ne repose pas sur un simple gimmick appliqué à l'ensemble de ses occupants, comme l'essentiel des réalités parallèles actuellement disponibles. Non. Cette fois, l'éditorial a accepté de jouer le jeu. Batman n'a plus de Batman que le nom et le costume, Alfred travaille pour FOXHOUND, et Killer Croc est un humain normal qui collectionne les reptiles. Destinée aux curieux et aux courageux, une introduction efficace, bien structurée et étonnamment intelligente qui a le mérite de répondre à quelques unes des problématiques qui traversent l'histoire même de la chauve-souris. Oubliez le milliardaire qui reçoit ses copains fortunés pour lever des fonds, oubliez le majordome distingué et son fils adoptif obsédé par le crime, oubliez même le collier de perles dans l'immédiat. En résumé : oubliez tout ce que vous savez et laissez vous tenter. Et si c'était ça, la version réussie de Zero Year, finalement ?
Corentin
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