Chez Sony Pictures, on déplie les chapiteaux, on prépare les caravanes et les comédiens se démaquillent en coulisses. En un mot : le cirque, c'est terminé. Récemment, la rédaction du site TheWrap a publié un article pour faire l'état des lieux sur les projets de la marque Spider-Man développés depuis quelques années dans la foulée du premier volet de la trilogie Venom. Un effort supervisé par les deux têtes pensantes de la franchise, Avi Arad et Amy Pascal, et dont l'idée était au départ de bâtir un univers partagé indépendant autour des super-méchants (ou personnages secondaires) de la galerie arachnéenne : Venom, Morbius, Kraven, Madame Web. Au sortir d'une longue série d'échecs au box office, le studio a visiblement décidé de débrancher la machine pour le moment.
Champagne !
La rédaction de
TheWrap avance plusieurs sources chez
Sony Pictures (des producteurs et des agents) pour développer son article, et toutes les déclarations vont dans le même sens. Le constat était somme toute assez logique avec ou sans expertise journalistique : à l'exception de la trilogie
Venom et de son assise conséquente sur le marché asiatique, aucun des films développés sous licence
Spider-Man n'a réussi à trouver son public. Le box office aura fini par forcer la main des actionnaires, probablement las de devoir encaisser les pertes sèches de
Morbius (167 millions sur les entrées en salle),
Madame Web (105 millions) et pas forcément rassurés
par les premières estimations autour du démarrage de Kraven the Hunter. Le film de
J.C. Chandor ne devrait pas réussir à inverser la tendance si l'on se fie aux données récupérées pour le moment.
Et pour cause, celui-ci s'inscrit dans la même logique problématique : un casting compétent, un metteur en scène talentueux... mais une campagne de promo' qui ne prend pas, une promesse de divertissement automatique et sans idée, un vilain pas vraiment vilain, et une longue série de décalages qui aura littéralement cassé toute possibilité de construire une attente réelle dans les rangs du grand public. En parallèle,
Venom : The Last Dance n'a pas aussi bien fonctionné que ses deux prédécesseurs malgré un retour attendu sur le marché chinois. Seul projet capable d'équilibrer les comptes des pertes et profits, celui-ci ne sera toutefois pas en capacité de sauver le bilan financier de
Sony Pictures si
Kraven the Hunter s'effondre dans les prochaines semaines.
Et pour cette fois, pas besoin d'avoir fait de longues études pour comprendre ce qui n'a pas fonctionné : les films produits sous pavillon "Spider-Man sans Spider-Man" ne représentaient pas le moindre intérêt d'un point de vue purement qualitatif, et cette idée de franchises parallèles vendues sur la base d'un lien (factice) avec le Peter Parker de Tom Holland aura fini par épuiser la patience des spectateurs.
Selon les sources de TheWrap :
"Le plus gros problème avec les films Spider-Man de Sony repose surtout sur le manque de contrôle sur la qualité. Les films ne sont simplement pas bons. Et quand ce problème de qualité s'ajoute à un film dont personne n'avait vraiment vie, comme ce fut le cas avec Madame Web, c'est un scénario sans issue. Il est peut-être temps pour Sony de commencer à cultiver d'autres propriétés intellectuelles pour lancer de nouvelles franchises."
Un autre insiste pour dire que Sony Pictures devrait bien poursuivre l'exploitation de la marque Spider-Man... mais en se concentrant exclusivement sur la coproduction de Spider-Man avec Marvel Studios et le film d'animation Beyond the Spider-Verse. Reste encore l'inconnue Spider-Noir, une série basée sur le Spider-Man Noir pour la plateforme Prime Video, une expérience à ciel ouvert qui pourrait éventuellement amorcer de nouvelles idées au sein du studio en cas de succès. Dans l'intervalle, les projets El Muerto et Hypno-Hustler sont à considérer comme annulés pour de bon et sans espoir de retour immédiat.
Cette situation pourrait aussi poser un problème de long terme à Kevin Feige : dans le contrat de "garde partagé" qui lie les deux entités, on sait que Sony Pictures avait aussi accepté de prêter Spider-Man à Marvel Studios en pensant avoir un os à ronger avec ces productions consacrées aux super-vilains. Or, ce n'est pas un secret : d'ici Spider-Man 5, le MCU devrait accueillir son propre Miles Morales en images réelles pour remplacer Peter Parker, puisque Tom Holland commence à se lasser du rôle. Dès lors, est-ce que Sony acceptera de laisser le personnage dormir et de se contenter de coproduire les aventures de l'araignée de Brooklyn (en partageant au passage les bénéfices avec Disney) ? Ou bien, est-ce qu'un nouveau reboot ne serait pas à prévoir pour le Spider-Man originel sous cinq à dix ans ?
Difficile à dire. Mais dans l'immédiat, une chose est sûre. Les chevaux symbiotiques, l'étude des arachnides dans la jungle, les méchants qui dansent torse nu, les gars qui lèchent des téléviseurs ou se préparent des petits-dejs de crasseux... bref, en un mot : la rigolade, c'est terminé.