C'est peut-être, et sûrement, la fin d'un feuilleton démarré en début d'année, qui a mis en haleine toute l'industrie des comics. Au mois de janvier 2025, la structure Diamond Comics Distributors était placée en redressement judiciaire, sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur la faillite. Dans cet état, l'ensemble de ses dettes étaient gelées, le temps que quelqu'un puisse reprendre l'activité, l'ensemble des actifs de Diamond étant mis en vente. Une vente aux enchères a pris place les 24 et 25 mars 2025, et le résultat est désormais connu. Au final, Diamond et la quasi totalité de ses activités de distribution seront reprises... par un autre distributeur. Ce qui normalement devrait être bon signe.
Ainsi, les médias spécialisés sur les comics rapportent tous d'une même voix que Alliance Entertainment Holding Corporation annonce avoir été le gagnant des enchères concernant le rachat des actifs de Diamond Comic Distributors (qui comptait en tout une bonne douzaine d'activités différentes, réparties sur la distribution de comics, de livres, de jeux et produits dérivés, aux États-Unis comme au Royaume-Uni). Le communiqué de presse ne mentionne officiellement pas "tous" les assets, mais se concentre sur Diamond Comic Distributors (U.S.), Alliance Game Distributors (pour les jeux), Diamond Select Toys & Collectibles (pour les produits dérivés) et Collectible Grade Authority (pour l'évaluation des pièces de collection). Parmi les activités manquantes, celle dédiée au Free Comic Book Day fait tâche d'huile : l'initiative sera-t-elle poursuivie par quelqu'un d'autre ou faut-il y voir un abandon complet si Alliance Entertainment ne la reprend pas ?
Alliance Entertainment Holding Corporation aurait, selon ce que rapporte Rich Johnston du site Bleeding Cool, gagné l'enchère en proposant une somme nettement plus élevée que le reste des autres repreneurs potentiels - une bonne chose a priori pour les éditeurs qui devraient profiter indirectement de cette somme (en pouvant récupérer les sommes que Diamond Comics leur devait). La compagnie existe depuis de nombreuses années (elle a été créée en 1990) et est spécialisée dans la distribution de biens culturels : vinyles, films, jeux vidéo, électroménager, etc... et pourra donc ainsi ajouter les comics et produits dérivés à son offre. L'entreprise devrait aussi pouvoir faire profiter aux éditeurs d'un certain nombre de boutiques qu'elle distribue déjà, tandis que les revendeurs auront accès à de nouveaux objets à commander (à supposer que tout ne se mélange pas et que les comic shops restent avant tout des comic shops).
En somme, sur le papier, la fin d'un calvaire annoncé pour la fin du mois d'avril 2025, l'acquisition de Diamond par Alliance Entertainment devant être facilité par un crédit renouvelable de jusqu'à 160 M$. Il ne faut pas oublier où en était la situation de Diamond jusqu'à présent et il apparaît aussi évident que des coupes dans les effectifs du distributeur (les fameuses "redondances" que l'on retrouve à chaque acquisition) seront aussi de la partie. Gageons néanmoins que le rachat permette à l'industrie de garder un tant soit peu de stabilité, au terme de trois mois au cours desquels beaucoup de changements ont eu lieu.