Après
un bref passage de Nick Spencer sur le titre, Warren Ellis prend les
commandes des Secret Avengers de Brubaker. Le génie à l'origine des
titres de légende que sont Transmetropolitan, Planetary ou encore The Authority (pour ne citer que ceux-là), a décidé de reprendre
une formule qu'il a exploré à travers Global Frequency et Fell :
une série de one-shots au lieu de longs arcs arrosés de cliffhangers et de révélations fracassantes. Une nouvelle fois un
pari réussi pour l'auteur britannique !
A
peine arrivé sur le titre, Ellis exploite de façon optimale les
ressources de la série. Brubaker a posé les bases du parfait titre
d'espionnage super-héroïque. Steve Rogers peut faire appel à
n'importe quel personnage de l'univers Marvel pour peu qu'il entende
avoir besoin de lui. Le Shadow Council dispose de ressources dont
nous ne connaissons toujours pas l'étendu, ce qui ouvre la porte à
des histoires de grande envergure. Secret Avengers est une boîte à
outil géante dont l'auteur a su se servir à la perfection. A
commencer par le roster.
Ellis a décidé d'ouvrir le bal avec une
mission d'infiltration. Exit donc les heavy hitters. On se retrouve
avec une équipe de quatre dans laquelle chacun trouve sa place. Le
choix d'un casting limité offre ainsi à chaque membre de l'équipe
des moments mémorables grâce à des dialogues justes et bien
placés. La Veuve Noire reprend du poil de la bête et fait plaisir à
voir après l'épisode sombre que lui avait consacré Spencer. Le Fauve lui aussi connaît un meilleur jour que la dernière fois
qu'il a été aperçu. Steve Rogers en général qui gère sa
petite troupe est tout simplement parfait. Quant à Moonknight, les
remarques faites à travers tout l'épisode sur sa santé mentale
justifient à elles seules sa présence.
Run the mission. Don't get seen. Save the world. Les trois phrases concises affichées en couverture annoncent d'entrée de jeu qu'il y aura de l'action, et de l'action il y a ! Des deux pages qui voient Moonknight massacrer des hommes du Council aux fusillades qui courent le long de l'aventure en passant par la conduite nerveuse de Natasha Romanov, aucune place n'est laissée à l'ennui. S'ajoute à ça l'humour omniprésent. Durant 15 numéros, Secret Avengers n'était pas vraiment le dépositaire de l'humour chez Marvel. Bien au contraire. Fidèle à son habitude, Ellis chamboule tout. La légèreté qui vient contrebalancer l'enjeu de l'épisode est impressionnante. Les personnages assument leurs traits de caractère, ici poussés à l'extrême, et l'effet est des plus plaisants. On a plus l'impression d'assister à une virée entre potes qu'à une mission visant à sauver le monde. Cette légèreté qui achève de faire ce numéro un très bon comic-book pourra néanmoins être pointée du doigt par les fanatiques de continuité. Ainsi, on peut avoir du mal à admettre que cette bande de joyeux lurons sort tout juste des évènements de Fear Itself. C'est à en croire que l'histoire se déroule des années plus tard, ou dans une autre dimension. Mais peu nombreux seront ceux qui sauront bouder leur plaisir pour si peu.
Côté dessin, Jamie McKelvie s'adapte parfaitement au ton. Il rend avec une précision folle l'action et les expressions des personnages. Ceux qui l'ont aimé sur Generation Hope, l'adoreront ici. Seul bémol, l'absence de décor parfois pesante quand on sait ce que le milieu avait à offrir après avoir vu la page 4.
Ellis
a su résumer en trois phrases l'essence de la série. Trois phrases
qu'il a ensuite transformé en 22 pages de bonheur qui nous donnent le meilleur épisode de la série à ce
jour. De l'action. De l'humour. Du Ellis. Si ce n'est déjà fait,
sautez dessus !
Les plus : le roster
l'action
l'humour
Ellis
Les moins : l'absence cruelle de décors
quid de Fear Itself ?
Scénario : 4.5/5
Dessin : 4/5
Globale : 4.5/5