Alors que DC réussit plutôt bien son coup avec les New 52, le relaunch de la ligne Ultimate de Marvel a plus tendance à se prendre les pieds dans le tapis. Si le nouvel Ultimate Spider-Man a globalement convaincu, ça n’a pas été le cas des Ultimates (même si je trouve personnellement ça moins mauvais que ce que Sullivan a pu écrire). Alors que nous réserve cet Ultimate Comics Hawkeye #1 à l’intérieur de son sac plastique tout moche ?
Aux commandes de cette mini-série on retrouve Jonathan Hickman (Fantastic Four, The Red Wing), déjà scénariste d’Ultimates, et Rafa Sandoval (Ultimate Mystery, Ultimate Enemy, Ultimate Doom). Le numéro commence par l’inévitable référence à l’autre série écrite par l’auteur. On a en effet droit à la scène entraperçue dans Ultimates où Clint Barton (alias Hawkeye) contacte Nick Fury depuis Bangkok et où la communication est brutalement rompue. On voit bien sûr ici ladite scène du point de vue d’Hawkeye. Et le plus triste c’est que ce gimmick scénaristique éculé est sans doute ce qu’il y a de plus remarquable dans tout le numéro.
En effet tout le reste de l’histoire est une collection de portes ouvertes allègrement défoncées, à telle point qu’on en vient à se demander si on lit un vrai comic book ou un manuel intitulé « les figures imposées des histoires de super-héros pour les nuls ». Le combat gratuit pour montrer les capacités du héros ? Check. Le programme gouvernemental secret visant à créer des soldats méta-humains auquel le héros va devoir mettre un terme ? Check. Les savants fous et le vil dictateur ? Check. Les répliques badass parce que le héros est vraiment trop cool ? Check. Il ne manque qu’une histoire d’amour et on aura vraiment eu droit à tout.
Et le pire c’est que si Jonathan Hickman enchaîne les clichés sans génie, il ne le fait pas spécialement mal non plus. Il y a bien quelques passages qui font grincer des dents (les vannes d’Hawkeye, les soldats du SHIELD armés qui ne tirent pas pendant l’attaque mais qui trouvent le temps d’aller chercher l’arc du héros,…), mais on est jamais complètement effondré avec l’envie de crier que c’est nul. Non c’est juste médiocre, sans âme, vide. Alors que la mini devait nous permettre de mieux explorer ce « nouvel » univers Ultimate et d’en apprendre plus sur Hawkeye, on a juste droit à une histoire d’action vu et revue digne d’un téléfilm. Pas forcément un mauvais téléfilm, mais un téléfilm quand même. Et pour ce qui est de creuser la personnalité d’Hawkeye, on repassera. Clint Barton est un bloc de granit inexpressif pour lequel les one-liners faciles (ces répliques chocs en une phrase) font office d’émotions.
Les dessins de Rafa Sandoval sont à l’avenant du scénario. Ce n’est pas laid, loin de là. Le trait est propre, les mises en pages claires et les designs des méchants corrects (même s’ils ne font que passer). Les scènes d’action sont chorégraphiées efficacement. Il y a quelques reproches à faire, à commencer par le visage d’Hawkeye, assez laid et qui change un peu trop d’une case à l’autre. Ou les savants aux expressions faciales trop exagérées qui leur donnent un air de psychopathes caricatural. Mais rien de tragique. Seulement tout manque d’âme. On n’est jamais emballé. Les splash pages ne fonctionnent pas. C’est sûrement dû en grande partie au scénario que le dessin ne peut que servir. Mais on a quand même l’impression d’être face à un travail techniquement (presque) impeccable mais qui ne vaut pas grand-chose artistiquement car il ne fait pas vibrer.
Cet Utimate Comics Hawkeye #1 est donc une grosse déception. Et le pire c’est qu’il n’y a rien de catastrophique dedans. C’est juste que c’est une histoire qu’on a déjà vue mille fois, exécutée sans brio, sans âme. Comme si on avait demandé à tout prix à Hickman d’écrire une mini sur Hawkeye alors qu’il n’en avait pas envie, et qu’il l’avait fait honnêtement mais en traînant la patte. Et le dessin de Rafa Sandoval, s’il n’est pas mauvais, est tout aussi terne. Alors oui, ça peut s’améliorer au cours des trois numéros à venir, mais ne retenez pas votre souffle. Un comic book pour rien en fin de compte.
Les plus : Le dessin, propre
Ce n’est pas complètement nul
Les moins : Vide, sans âme et déjà vu
Un héros sans charisme
Le plastic bag c’est moche et casse pied à ouvrir
Notes
Scénario : 2,5/5
Dessin : 3/5
Globale : 2,5/5