À l'automne 2017, nous étions parmi les premiers médias spécialisés à relayer l'existence d'un nouveau festival dédié à la bande dessinée américaine, le Lake Como Comic Art Festival. Une manifestation se déroulant dans un cadre visiblement luxueux - aux bords du célèbre lac de Côme - et qui réunit en son sein plusieurs dizaines des artistes parmi les plus talentueux des comics, qu'il s'agisse de vétérans bien installés ou de nouveaux prodiges. Stoppé pendant la période Covid, le festival est revenu en grande forme depuis 2022, et chaque nouvelle édition fait saliver depuis la France, au vu des noms alignés.
Bien entendu, pour les habitués de salons familiaux comme Paris Fan Festival ou l'ancienne Comic Con Paris, le déplacement jusqu'à Côme et le prix d'entrée au festival peut rebuter, si l'on ne comprend pas bien du moins quel est le public cible du festival et ce que l'on vient y trouver. Pour décrypter la démarche des organisateurs du Lake Como Comic Art Festival, nous sommes allés nous entretenir avec Arno Lapeyre, le co-fondateur de l'évènement. Ce dernier s'occupe également, entre autres activités, des enseignes Pulp's situées à Paris et à Bordeaux, et c'est à lui aussi que l'on devait les différentes éditions de la regrettée Paris Comics Expo. En somme, un amoureux des comics installé depuis pas mal d'années, qui nous a fait le plaisir de répondre à nos questions. Alors que l'édition 2025 du LCCAF doit commencer à la fin de la semaine, nous revenons ensemble sur la conceptualisation de l'évènement - de quoi vous donner envie de faire vos préparatifs pour l'an prochain ?
- La programmation du Lake Como Comic Art Festival 2025 est à retrouver en ligne ici !
Bonjour Arno ! En premier lieu, comment te présenterais- tu ?Ce sera plutôt par le prisme de nos travaux. Nous avons aujourd'hui plein d’activités qui sont toutes liées à la bande dessinée, et principalement aux comics. On a commencé avec une boutique Pulp’s qui touchait un peu à tout - les bandes dessinées en anglais et en français, ainsi qu’une part de toys et de cartes à collectionner. On avait qu’une seule boutique qui réunissait tout, puis elles se sont développées. On a commencé ensuite à faire de la distribution de comics en VO, un peu d’édition avec des artbooks, une partie évènementielle avec la PCE (Paris Comics Expo). En résumé, on s’intéresse à plein d’aspects liés aux comics et aux auteurs. La boutique de produits dérivés a pas mal évolué ; on est moins sur les produits US (action figures, statuettes) qu’on avait fin ‘90/année 2000. On s’est ouvert à la BD française/européenne et les mangas, avec une palette plus large pour les produits dérivés. On a donc plusieurs casquettes.
Pourquoi parmi tes nombreuses activités, tu t’es dit que faire de l’évènementiel autour des comics et de la pop-culture était une bonne idée ?
A l’époque il y avait peu d’évènements comics en France, du moins pas d’envergure ou qui mettent vraiment le comics en avant. Il y avait bien sûr eu d’autres tentatives - la librairie Arkham avait fait un salon il y a des années. La preuve que ce sont surtout la motivation et l'énergie des libraires/retailers qui compte, sinon les comics ne sont pas naturellement mis en avant. Au FIBD, même si ça s’est ouvert, c’est toujours compliqué de faire vivre le comics. La Japan Expo a essayé de construire une Comic Con mais ça ne prenait pas. Peut-être que c’était plus parce qu’ils cherchaient un autre public plutôt que de vraiment mettre cette culture en avant.
Étant donné qu’ici, c’est notre passion et qu’on veut la faire connaître au plus grand monde, un salon qui permette de réunir les artistes et les lecteurs, ça nous faisait envie depuis des années. C’était une évidence pour nous d’organiser quelque chose à Paris. On a toujours voulu insister sur la partie artistes/rencontre, que ce soit à Paris ou ailleurs, parce que c’est ce qui donne du sens, la rencontre, plus que le dessin ou la signature, qui sont la première chose demandée/attendue avec les artistes. C’est plus important d’avoir une relation un peu plus développée, de pouvoir discuter avec eux. Dans une librairie c’est compliqué de le faire, mais un festival peut permettre d’avoir quelque chose de plus long et de meilleure qualité.
Est-ce que tu peux nous expliquer les origines du LCCA et quelles sont les différences d’approche avec la PCE, que tu organisais avant ?
A la dernière édition de PCE [en 2016], sincèrement, je pensais que j’en avais terminé avec l’évènementiel. Par la somme de travail, de tout ce que ça impliquait. Avec toutes les activités qu’on a à côté, il y a un nombre limité d’heures par jour comme pour tout le monde et l’évènementiel est extrêmement chronophage. C’est d’une intensité assez incroyable. Il faut se préoccuper de milliards de choses en continu, sur tous les aspects, c’est épuisant physiquement et mentalement. C’est donc un bon challenge, mais c’est presque du masochisme vu l’investissement personnel (en temps et en énergie) qu'on met. Malgré tout, c’est excitant, et on y revient quand même.
A l’époque il y avait un déséquilibre assez important vis-à-vis du reste de nos activités. Il a fallu qu’on fasse un choix, et comme on avait trop de choses à côté, je n’avais plus envie de consacrer mon temps à l’organisation d’un salon. Mon futur associé, Steven Morger, avait aussi fait un salon similaire aux États-Unis, avec la même évolution et le même constat. Il m’a proposé de refaire quelque chose, mais qui soit uniquement centré sur les artistes.
Son concept était bien plus proche de ce que j’avais envie de faire, étant donné que ça permettait de sortir toute la partie avec laquelle j’avais moins d’accroches. Sur un salon grand public, comme on a beaucoup de monde, on a beaucoup d'activités, de personnes impliquées dans des animation, donc beaucoup de gens et de questions à gérer. Si on ne se concentre que sur les artistes, en soit une partie de ce qu’était PCE, ça simplifie l’ensemble. Il y a toujours un minimum de travail important, mais ça ne prendra pas les mêmes proportions. En partant sur un concept avec beaucoup moins de monde, et seulement une partie qui nous intéresse, le projet devient plus agréable et “plus simple” à gérer. On est pas obligés de s’occuper par exemple d’acteurs de cinéma ou de séries, qui peuvent avoir leurs caprices…
Mais les artistes peuvent aussi avoir des caprices…
Ha non, rien à voir [rires]. Ce sont deux mondes différents. Franchement, je n'ai pas l’impression d’avoir eu vraiment de caprices d’artistes. À Como on a pas mal d’artistes américains, et ils sont assez autonomes, puisque lorsqu’ils vont à New York [à la NYCC], personne ne s’occupe d’eux. Ils se débrouillent, en somme. Vu le nombre d’artistes qu’on a, même ceux qui seraient considérés comme têtes d’affiche ailleurs sont en fait “mélangés” avec les autres, donc tout le monde est en gros sur le même plan, et se gère lui-même. Il y a donc moins de demandes exceptionnelles. Puis d’une manière générale, et on est pas sur les mêmes exigences avec les artistes qu’avec des acteurs. Pour ces derniers, il y en a avec qui ça se passe très bien, mais pour d’autres on est pas loin des caricatures qu’on pourrait s’imaginer [rires]. Je n'ai jamais eu un artiste qui m’a fait de crise pour récupérer un café latte à la pistache qu’on ne trouve qu’à un seul endroit dans la ville ! [rires]
Du moins, pas encore ! Mais trêve de plaisanteries. On comprend donc le concept initial du festival. Comment vous-êtes vous organisé pour la première édition ? Notamment pour trouver le lieu, très important pour vous donner une certaine prestance. C’était une évidence d’aller au lac de Côme ?
Mon associé, Steven, adore cet endroit. Ça faisait longtemps qu’il avait ce rêve d’organiser quelque chose là-bas. Lors d’un voyage il y a quelques années, je crois qu’il en discutait avec certaines personnes, qui lui ont suggéré d'aller voir la Villa Erba. Après avoir visité, il m’a appelé pour me dire qu’il pensait avoir trouvé le bon endroit, et qu’il fallait absolument que je vienne. Il le trouvait parfait pour le projet. C’était plus facile pour moi de m’y rendre (Paris-Milan c’est plus simple que Paris-NYC), et j’ai compris en arrivant pourquoi tout le monde aime cet endroit.
La villa Erba est somptueuse, et la cerise sur le gâteau c’est qu’à côté de la villa il y a un centre moderne, pour organiser des salons. On a donc à la fois un aspect antique, et quelque chose de moderne où on peut moduler les espaces, sans forcément avoir besoin de devoir installer un bloc électrique par exemple. En voyant la villa puis le centre de convention, j’ai vu tout l’aspect pratique du point de vue de l'organisateur. On a donc le côté somptueux avec la villa qui en met plein les yeux, et le centre de convention à taille humaine qui permet de faire ce qu’on veut et qui correspond à ce dont on a besoin. Pour la première édition on est donc partis là-dessus.
L’idée de faire un salon uniquement sur les artistes, sur les planches originales, c’était ce qui m’intéressait vraiment donc ça m’a donné envie de revenir dans l’organisation d’évènementiel. En enlevant tout ce qui est acteurs, associations, cosplay, plein de choses qui ont leur sens dans un évènement familial ou grand public…
Oui car c'est le coeur du sujet : ce n'est pas du tout le même public qui est visé.
Non là on cible vraiment les fans de comics et de bande dessinée européenne, les collectionneurs de planches originales, les gens qui veulent prendre des commissions d’artistes, et des planches auprès de certaines galeries qu’on accueille. C’est un public plus précis, plus pointu, ce n’est pas quelque chose de familial comme l’était Paris Comics Expo. Ce qui permet d’avoir un évènement qui est à taille humaine, d’avoir peu de monde, donc qui favorise de meilleures interactions avec les auteurs.
Quand on voit les artistes à NYCC ou San Diego, avec cinquante personnes qui font la queue devant, on passe simplement pour dire bonjour et avoir une signature, mais on ne peut pas rester trois heures vu que cinquante personnes attendent après. L’idée c’est donc de proposer autre chose, quelque chose de différent. Et s’il y a moins de monde, l’ambiance est forcément plus détendue, pour les festivaliers comme pour les auteurs. Lors de la première édition, ça a été assez compliqué, car je pense que beaucoup de gens pensaient que c’était une arnaque. Parce qu’on ne venait de nulle part, et on annonçait des noms de dingues à un endroit que personne ne connaissait.
D’autant plus avec le prix d’entrée, qui laissait penser que c’était une entourloupe ?
Il y a peut-être eu pas mal d’interrogations autour du caractère "vrai" de l’évènement. On a pas eu beaucoup de monde pour la première, mais je pense qu’ils ont vécu quelque chose d’assez incroyable.
C’était combien de monde ? Comparé à maintenant ?
Une centaine de personnes, alors qu’aujourd’hui on vise plutôt 500-600 personnes sur le weekend. Ce qui reste très peu. Bien sûr certains artistes auront plus de monde - comme un John Romita Jr. - mais ce n’est pas comparable avec les conventions grand public. Un indicateur assez visible de notre différence, c’est qu’on met des chaises en face des artistes, pour que les personnes puissent s’asseoir pour entamer la discussion. Si tu sais que tu n’as personne derrière toi et que tu arrives, tu vois Jim Lee ou n’importe qui en train de dessiner, tu es libre de t’asseoir et de discuter en même temps que tu fais signer tes comics. Personne ne te presse, et tu peux aller voir Frank Quitely qui est juste à côté. Au final, tu peux discuter avec tout le monde, et cette absence de stress, on la ressent, également le cas pour les artistes qui ne sont pas tendus ; d’autant plus qu’ils savent qu’avec le public qui vient, ils n’ont pas de stress à devoir faire des recettes, car le public qui vient ne vient pas juste pour se balader…
Justement c’est la question que j’allais te poser : qu’est-ce qu’on vient faire à Lake Como ? Parce qu’il faut tout de même venir depuis la France, donc quel est le programme s’il n’y a pas de cosplay, de funko pop ou de stand de confiserie ?
Justement, tout est centré sur les artistes, les dessins, les planches originales. Il y a aussi quelques conférences, qui cette année devraient être assurées en majorité par Scott Dunbier. Les artistes en général peuvent avoir quelques sketchbooks ou quelques comics qu’ils ont fait à vendre. Mais il n’y a pas grand chose en plus que les dessins, mais ils ont souvent des planches originales. Certains préfèrent même les vendre en quasi-exclusivité sur le salon (vu qu’ils n’ont pas d’agents). Il est possible de prendre des commissions en avances ou sur place, de prendre des planches aux auteurs ou aux différentes galeries (on a des revendeurs européens et américains), et on peut donc passer du temps avec les artistes. C’est vraiment tout l’intérêt de ne pas être dans la course, de ne pas devoir se demander à quelle heure tel artiste doit dédicacer sur un stand parce qu’il sera appelé sur un panel ou autre chose : là les artistes sont disponibles tout le temps.
Oui, c’est mieux aussi s’il n’y a pas ces foutus journalistes qui viennent prendre du temps aux artistes pour leur poser des questions
[rires]
Mais donc au vu de ce programme, on est d’accord pour dire que les festivaliers du LCCA sont plutôt fortunés ?
Alors plutôt, mais pas exclusivement.
Explique-moi. Je sais qu’un aspect qui peut bloquer les gens, au-delà de l’aspect “non familial”, c'est le prix pour aller à Como, le prix d’entrée, puis le prix évidemment sous-entendu avec toutes les activités puisqu’une planche ne coûte pas 20€. Je ne sais pas quels sont les prix pratiqués par les artistes, mais effectivement dans l'idée on se retrouve avec une sorte d’anti-thèse des festivals de BD français, d’autant plus qu’on a longtemps eu la tradition du free sketch ?
Alors, en partie, mais cette tradition évolue et je pense qu’elle va finir par disparaître.
Ce sont les salons qui paient les artistes pour pouvoir continuer les free sketches, mais il faut rappeler en effet qu’un dessin n’est pas un dû, c’est du travail, quand bien même on a déjà payé la BD… bref, très long débat, mais tu disais que ce ne sont pas forcément des gens très fortunés qui viennent à Lake Como ?
En effet, c’est un salon où plein d’auteurs vont venir avec des planches et des pépites qu’ils n’ont jamais montrées, ou bien parce que ces artistes se déplaçaient peu ; on peut donc trouver des planches incroyables, qui valent très cher, et qui seront en effet pour les plus fortunés ou ceux qui ont fait le plus d’économies.
Mais ça c’est le côté extrême, et la majorité des auteurs prévoient en fait une gamme assez large, avec plein d’options. Que ce soit des petits dessins ou des remarks qui sont abordables. Certains vont préparer des commissions folles en amont du festival, et faire des choses plus simples sur place, qui ne leur prendront pas des heures. Les plus élaborées seront forcément limitées sur le weekend, mais il y aura d’autres options bien moins chères. Tout le monde ne vient pas avec l’idée de vendre des dessins à 4000€, loin de là. Parfois même ça me surprenait de voir des artistes avec les prix les plus cher proposer à côté des petits dessins à moins de cinquante euros.
Bien évidemment ça reste un budget, mais il n’y a pas besoin de débourser des milliers d’euros, et encore une fois si c’est accompagné d’une véritable interaction avec l’artiste, c’est là que se fait la différence et c’est là qu’il y aura un souvenir. Un dessin, c’est bien, mais si tu recherches quelque chose d’autre, un souvenir dont tu te rappelles pendant des années parce que tu auras pu discuter de je ne sais quoi avec ton auteur préféré pendant qu’il te faisait un petit dessin… ce moment-là, il n’aura pas de prix. Et tu ne peux pas l’avoir dans un autre salon. Oui bien sûr à New York l’artist alley est gigantesque et parfois tu peux avoir un coup de chance avec un artiste. Mais la plupart du temps, il y a tellement de monde que t’es stressé, tout le monde court à la table de l’artiste, tu te fais signer ton album et voilà c’est terminé. À Como, tu pourras avoir une autre interaction, car là-bas tout le monde est détendu, même certains artistes qui n’ont pas la notoriété d’être les plus souriants.
Mais donc, si je viens en ayant vendu mon rein, et que j’arrive juste avec mon sac et quelques comics, est-ce qu’il y a quand même des free sketches ou des signatures, ou il faut obligatoirement payer pour repartir avec quelque chose ?
On laisse les artistes décider de ce qu’ils font gratuitement ou non. S’ils font des signatures, en quel nombre, etc, on leur laisse décider de tout. On demande juste à ce que chaque jour, il y ait une demi-heure de signatures gratuites, à trois par personne. Mais si on veut absolument avoir quelque chose sans débourser un euro, c’est donc possible. Après, certains artistes font payer pour des signatures, mais d’autres non, donc cette demi-heure ne compte pas puisqu’ils signent de toute façon. Nous ne rentrons pas dans leurs politiques de tarif.
Vous n’avez pas de droit de regard, vous ne touchez pas de commissions sur leurs ventes ?
Non.
Donc votre modèle économique, ce n’est que la vente de billets ?
Oui, et les sponsors, la vente d’espace aux galeries, et c’est à peu près tout. Pour revenir sur les signatures, certains artistes font aussi des petits dessins si on leur prend un album à leur table. Ce n’est pas forcément quelque chose de très strict pour tout le monde. Si certains ont vendu suffisamment de dessins sur la journée, j’imagine qu’ils sont un peu plus relax.
Une autre chose qui est importante avec ce festival, c’est le fameux portfolio que vous éditez.
Oui, d’autant plus qu’il s’est amélioré - en qualité de fabrication - au fil des ans. Maintenant on a quelque chose de cartonné assez sympa, et on l’offre pour tous les billets deux jours jusqu’à la fin du mois de mars [le festival ayant lieu en mai]. Certains sont vendus sur place, mais pas beaucoup, car on cherche à limiter le tirage au plus près des billets achetés à la date limite.
Quand on a ce portfolio, même si on a rien d’autre, on peut se le faire signer par l’entièreté des artistes présents.
Alors, les 70 artistes ne sont pas tous présents dedans, on demande d’abord à celles et ceux qui ne sont encore jamais venus. Et en effet, les artistes vont signer leurs illustrations sans problème. Ce qui en fait des objets très côtés, et après on les voit classiquement poper sur e-bay ; une version intégralement signée est alors revendue à 400-450€, soit bien plus que le prix du billet d’entrée.
C’est donc une astuce pour se renflouer le voyage ! Il y a aussi une soirée d’ouverture façon gala, qui est aussi ouverte au public qui a pris le billet adéquat. Est-ce qu’on voit les festivaliers oser parler aux artistes à cette soirée ? En vrai, c’est pas évident de claquer la discute à Pepe Larraz ou Bill Sienkiewicz autour d’un verre de vin ?
Très franchement, ça dépend. De si tu viens seul ou non, de ton caractère. On peut essayer d'aider les festivaliers à se présenter, à faire un lien pour qu’ils puissent discuter un peu. L’ambiance est encore plus détendue lors de cette soirée que sur le salon. C’est sûr que si on est très timide, on peut apprécier quand même la soirée, mais ce n’est pas forcément évident.
Dans l’esprit, Como ce n’est pas un festival auquel on va chaque année ? On s'y prépare, on met de côté et on y va plutôt tous les 3-4 ans en fonction du budget ?
Mine de rien, on a pas mal de gens qui reviennent chaque année, et qui sont contents de revenir tous les ans. Quand on a fait plein de salons différents et qu’on vient chez nous, et sans vouloir nous jeter des fleurs, je crois sincèrement qu’on ne retrouve pas la même ambiance ailleurs. Quand on a vécu cette atmosphère si particulière et tranquille, c’est compliqué de retourner dans un salon à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Il y a des gens qui se demandent pourquoi ils s’embêteraient à faire la queue, attendre des heures pour le moindre truc, et où ça coûte tout aussi cher - notamment si tu vas à NY ou à San Diego.
Et donc en ce moment tu planches déjà sur l’édition 2026 ?
Alors oui, on prend toujours de l’avance ; on a une dernière conférence en général le dimanche soir pour faire le bilan, et où on annonce les dates de la prochaine édition avec nos premiers invités. On en a quelques-uns qui devaient venir cette année et qui préfèrent faire 2026, et d’autres qu’on veut faire venir depuis longtemps [ndlr : Arno montre une liste avec déjà une trentaine de très gros noms].
Mais alors, avant de se quitter j’ai une question qui me brûle les lèvres, et sûrement de plein de fans de comics français aussi. Est-ce que la PCE c’est VRAIMENT fini ?
[Arno sourit] Dire que c’est complètement mort, non, ça serait..
Ha, la flamme ne s’est pas complètement éteinte…
Alors à l’heure actuelle ce serait assez improbable, mais complètement complètement mort, je ne dirais pas non. Parce qu’il y a toujours besoin d’un salon à Paris, sur les comics, et la bande dessinée même de manière générale. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas pour demain. Mais tout ça pourrait dépendre de plein de choses…
Donc tu ne veux pas qu’on fasse notre deuil !
[rires]
Merci en tout cas du temps que tu m’as accordé Arno !