On avait pu le constater il y a un numéro de ça, Warren Ellis a su capter l'essence de la série de Brubaker. Le choix d'écrire uniquement des standalones lui permet de faire tourner le roster et d'employer les différents personnages à sa disposition comme bon lui semble. Et des personnages, il en a un bon paquet... De Ant-Man (auquel, de son propre aveux, il ne compte jamais faire appel) à Nova, le spectre d'histoires et de tons que l'auteur britannique peut travailler est large. Ce n'est donc pas une surprise si cet épisode est aux antipodes de ce qu'il nous a offert le mois dernier. Malheureusement, la sauce prend moins bien cette fois.
Ellis
avait ouvert son run tout en finesse. Une mission d'infiltration pour
laquelle il avait choisi quatre personnages parfaits dans leurs
rôles. Il avait touché à la perfection au point d'être parvenu à
résumer son histoire en trois phrases. En neuf mots. Run
the mission. Don't
get seen. Save
the world.
A l'image de son deuxième épisode sur la série, ses trois
catchphrases se sont alourdies. Locate hidden-level threats to
population safety. End threat by any means necessary. Get ou without
being identified. Le ton est donné.
Pour mener à bien cette
nouvelle mission, Steve Rogers fait donc appel à deux heavy hitters. War Machine et Valkyrie. Au vu de la menace, le choix peut paraître
évident. Seulement, il aurait tout de même pu être mieux amené.
Les deux vengeurs secrets se trouvent comme par hasard aux côtés de
Rogers quand il a besoin d'eux. Au-delà de ce détail, l'alchimie
n'opère pas entre les personnages. La légèreté qui faisait le
charme de l'épisode précédent a disparu. Envolées les répliques
bien senties et les pics à tout va. On a affaire au
Commander-balais-dans-le-cul Steve Rogers accompagné de deux grands
malades. Pour le coup, un élément revient, il y a de l'action.
Une nouvelle fois, pas le temps pour le lecteur de récupérer
son souffle. On assiste sur 17 pages a des fusillades et des
courses-poursuites décomplexées et agréables à mater mais sans
âme. Aucune interaction entre les personnages. Chacun y va de son
coup de feu ou de son coup d'épée dans son coin. Dans le feu de
l'action, la nature de la menace n'est pas aussi clairement définie
que dans le dernier numéro, ce qui n'aurait pas été un problème
si elle n'était pas si ridicule. Au passage, il est intéressant de
s'apercevoir qu'entre cette chute et son SVK, l'auteur semble avoir
une dent contre son pays d'origine.
Les dessins de Kev
Walker sont adaptés à l'action nerveuse du numéro. Il rend à la
perfection la tension et maîtrise son découpage. Il nous offre des
passages de pure beauté. Seulement, il n'est pas non plus au top de
sa forme. Sa Sharon Carter en est le meilleur témoin. D'une page à
l'autre ses traits passent de l'actrice porno au visage
d'ange.
2.5/5 ça peut être dur pour un titre qui au demeurant n'est pas totalement ennuyeux. Malheureusement, c'est de Warren Ellis qu'il s'agit. Le même Warren Ellis qui dans le même registre nous a livré une prestation excellente il y a un mois. L'histoire est sympa. Le découpage est dynamique. N'importe qui peut débouler dans son comic-shop, prendre le numéro, le lire et l'apprécier sans jamais avoir entendu parler de War Machine ou de Valkyrie. Seulement, on était en droit d'en attendre plus. La prochaine fois David Aja et un Shang-Chi qui a bouffé du lion nous attendent au tournant. A n'en pas douter il fera de ce Secret Avengers #17 un mauvais souvenir très lointain.