Nous sommes le 26 Mars et tous nos lecteurs Français et Belges ont désormais la possibilité de découvrir Captain America: The Winter Soldier au cinéma une semaine avant nos cousins Américains, qui commencent à ronger leur frein.
L'occasion pour nous, après vous avoir livré une critique totalement sans spoilers, de revenir en détails sur le film des frères Russo une première fois, avant quelques autres rendez-vous au programme de cette semaine spéciale Captain America. Ce qui veut donc dire une chose :
Puisque nous pouvons donc aborder le film sans se soucier de gâcher l'intrigue à quiconque, revenons sur les 5 points qui, à mon sens, font du film l'une des plus belles réussites de Marvel Studios, si ce n'est la plus aboutie artistiquement parlant.
Que le jeune Clarence de 8 Mile a bien grandi ! Après avoir bourlingué à Hollywood, entre Spike Lee et Biopic de Biggie où il jouait Tupac, en passant par Abraham Lincoln : Chasseur de Vampire, Gangster Squad et Real Steel, Anthony Mackie semble s'être trouvé un personnage taillé pour le cinéma d'action depuis l'excellent et surprenant Pain & Gain de Michael Bay.
Dans Captain America - The Winter Soldier, sa performance a beaucoup à voir avec celle d'Adrian Doorbal aux côtés de Marky Mark Wahlberg et Dwayne Johnson, mais bénéficie en plus d'une couche d'écriture bienvenue, faisant de lui le symbole des Vétérans au sein de l'univers Marvel.
"Comme Steve Rogers mais en moins rapide", Sam Wilson alterne entre dialogues bien sentis et scènes d'action colossales, accompagnant à merveille Chris Evans dans son rôle de sidekick de luxe. Tony Stark a son James Rhodes, Cap a désormais lui aussi des personnages qui pourront venir l'appuyer dans ses films solo, à défaut d'être assez importants aux yeux de Kevin Feige et des siens pour intégrer le roster ultime que sont les Vengeurs.
Dernier bon point pour lui : ses origines en tant que Super-Héros, qui le renvoient au contexte guerrier de ses jeunes années en plus de l'ancrer dans un passé commun avec Black Widow et de justifier son costume de manière pragmatique et efficace. Une réussite de la première à la dernière scène.
Anthony Mackie & Sebastian Stan parlent du combat face à Batman VS Superman en 2016 :
Réputés comme des faiseurs à Hollywood (ce genre de réalisateurs que l'on appelle aussi les "Yes-Men", qui acceptent les projets que les producteurs leur tendent, exécutent leur travail et attendent que ça se passe sans donner d'influx artistique particulier à un film), les frères Russo sont pourtant d'avantage des fanboys qu'autre chose.
Les natifs de l'Ohio le clament haut et fort : ils ont grandi avec des Comics et sont des amoureux des personnages qui composent le catalogue Marvel. Impossible de ne pas voir les étoiles dans leurs yeux quand ils évoquent leur rôle de réalisateurs de l'un des meilleurs films de la firme, eux qui n'auraient jamais imaginé trouver le logo Marvel sur leur fiche de paie.
Ajoutez à ça une science de l'écriture et la mise en scène ultra-précise qui leur vient de leur expérience (commune, et solo) sur Arrested Development et Community, deux monstres américains du "méta-humour", et vous obtenez deux artistes bien loin du titre de faiseurs qui leur colle à la peau.
Le résultat de l'équation est aussi simple que ses composantes : les frères Russo ont rendu une copie appliquée, pleine de passion et de sérieux, tout en ayant parfaitement saisi l'essence des différents personnages. Et au vu de leurs références communes en matière de cinéma, on peut s'attendre à un résultat équivalent pour Captain America 3, qu'ils écrivent actuellement avec leur duo de scénaristes Christopher Markus & Stephen McFeely.
Marvel Studios est l'antre des compromis. Capable de pondre d'excellents films comme de moins bons, la maison de Kevin Feige a pris la mauvaise habitude de choisir entre une réalisation de bonne facture et un scénario béton pour ses films, à l'exception de Thor premier du nom qui passe au travers dans ces deux secteurs.
L'excellent Avengers n'échappe pas à la règle et, malgré la structure narrative solide de Joss Whedon, le film pêche parfois par une direction artistique labellisée petit écran, ce qui ne nous empêche pas de porter aux nues un long-métrage en forme de milestone pour les adaptations de Comics au cinéma.
Pour la première fois (depuis Iron Man, qui malgré une scène de fin discutable, réunissait scénario et réalisation de bonne facture), Marvel Studios offre à ses spectateurs les plus tatillons à boire et à manger.
D'un côté le scénario, basé sur le travail fabuleux d'Ed Brubaker évidemment, mais aussi sur l'ignoré Secret Warriors du duo Bendis/Hickman (pour l'idée que l'Hydra a infiltré le S.H.I.E.L.D depuis ses balbutiements).
De l'autre, la réalisation digne des films d'action les plus léchés d'Hollywood, en témoigne - entre autres - la scène de fuite de Nick Fury, où l'ambition artistique nous amène plus loin que dans 90% des productions actuelles. Sans jamais atteindre les sommets de leur modèles, les frères Russo offrent un compromis excellent et assument l'aspect purement comic-book de leur matériau pour mieux y exercer les influences conjuguées d'Ed Brubaker, Brian De Palma et Gareth Evans. Ajoutez à ça des acteurs qui croient dur comme fer à ce qu'on leur demande de jouer, et vous obtenez un film sérieux, capable de conquérir plusieurs publics aux antipodes les uns des autres.
Difficile de vous parler de Chris Evans sans lui adresser le même genre de lettre d'amour que lors de mon dernier édito', mais essayons de nous intéresser ici à la performance de l'acteur.
Parfait dans The First Avenger, quelque peu mis de côté (tout en devenant un leader) dans Avengers, Steve Rogers est de retour au centre de la scène pour mettre en avant tout ce que le personnage a de profond et de profondément éloigné des clichés collés au nom de son alter-ego super-héroïque.
Plus que jamais, l'expression "The Man Out Of Time" que l'on doit à Mark Waid est correctement transposée à l'écran. On y découvre un personnage toujours aussi droit dans ses bottes, toujours aussi fondamentalement bon, mais diablement perdu dans une époque qu'il tente tant bien que mal de comprendre, sans jamais nous livrer le discours réactionnaire du "C'était mieux avant", bien au contraire même dans la scène d'introduction du film.
Loin d'être lisse, le personnage de Steve Rogers doit évoluer au milieu de composantes bien loin des intrigues qui collent à la peau du personnage, où le génie tabasse le méchant sans oublier de glisser un subtil Stars & Stripes en arrière plan. C'est bien cette ambigüité qui permet à Chris Evans d'affiner son jeu, bien loin du Steve Rogers du premier épisode qui, "s'il n'aimait pas les brutes" plutôt que de vouloir tuer des nazis par bataillons, restait un avatar du triomphe du bien contre le mal. Ici, dans la continuité d'Avengers, ce dernier se dresse face au S.H.I.E.L.D de Nick Fury qui, malgré sa prise de conscience, reste le maître en termes de méthodes drastiques, et qui n'a pas attendu l'Hydra pour bâtir trois héliporteurs plus dangereux que des Bombes A pour l'avenir de l'humanité.
C'est toute cette dualité que parvient à jouer Chris Evans avec toute la justesse nécessaire au rôle, bien plus difficile à comprendre et à interpréter qu'il n'y parait. La mauvaise nouvelle dans tout ça, c'est que Kevin Feige semble être un amateur du décevant Sebastian Stan, à qui il confierait bien le bouclier de Cap' dans le futur, pour coller toujours plus à la storyline d'Ed Brubaker et laisser partir un Chris Evans qui semble en avoir assez de jouer aux héros.
< Chapitre précédentIII - Un scénario et une réalisation qui tiennent la route Chapitre suivant >I - Les références et le fan-serviceIl serait inutile de se voiler la face : les adaptations de Comics au cinéma ne sont pas faites pour les fans hardcore que nous sommes, toujours en quête du moindre easter egg pour en discuter des heures et des heures avec les gens autour de nous qui partagent notre passion pour les types en collants.
Pourtant, Marvel Studios n'a jamais été avare avec ses fans de la première heure et a toujours rendu des comptes à ceux qui leur permettent chaque mois (et ce depuis 70 ans) de posséder un catalogue d'histoire absolument phénoménal. La boîte de Kevin Feige nous fait croquer des petits morceaux de bonheur depuis l'apparition de Samuel L. Jackson en scène post-générique d'Iron Man et n'a eu de cesse de nous abreuver depuis.
Point culminant de cette arbre des clins d'œils, Captain America - The Winter Soldier est à la fois l'un des films Marvel Studios les plus ouverts sur le grand public, ainsi que le plus gros cadeau à une armée de fans hystériques à de nombreux moments du film des frères Russo.
Casting surprise du film, George St Pierre s'avère être un cameo de luxe à la franchise. Parmi les plus grands champions de free-fight de tous les temps, le Québecois se paye un combat pour le moins explosif face à Steve Rogers et devient par la suite, sans le montrer très concrètement, un élément majeur du film des frères Russo.
Le combattant "fait le taff" comme on dit, et on peut féliciter Marvel d'avoir osé chercher un tel "acteur", en sacrifiant la qualité de son jeu sur l'autel d'une baston incroyable et qui lance parfaitement bien le film.
Alors que l'on croyait que sous les traits de Robert Redford pouvait se cacher Red Skull (vous pouvez voir le film avec cette idée en tête, ça fonctionne parfaitement), les scénaristes ont pris un virage à 180° et ont fait revenir Arnim Zola des années 40 et du premier Captain America, où l'homme n'était pas encore devenue une Intelligence Artificielle particulièrement perverse.
On tire notre chapeau à celui qui a eu cette idée, qui fait un bien fou au film puisqu'elle permet de rappeler au spectateur que celui-ci assiste à une adaptation de Comics avec tout ce qu'il y a de plus fantasmagorique, tout en ajoutant un background conséquent à l'histoire du S.H.I.E.L.D avec un clin d'oeil à Ed Brubaker.
Et puisqu'on parle du loup, saviez-vous que celui-ci était dans le film ? En effet, il fait partie des chercheurs qui lobotomisent à nouveau Bucky, lorsque celui-ci commence à retrouver quelques vagues souvenirs de son voyage en Europe dans les années 40.
Très bien utilisée dans le film, l'Agent 13 n'est jamais nommée entièrement. Et pourtant, il se cache ici un joli cadeau aux fans, qui connaissent très bien l'identité exacte de la belle Emily VanCamp. Nièce de Peggy Carter (le love interest de Steve Rogers dans le premier film, interprétée par l'excellente Hayley Atwell), celle-ci ne mentionne sa grande tante que devant la porte de chez elle, sans que le grand public ne parvienne à faire le lien entre les deux amours de Steve Rogers.
Une fois de plus issue des histoires d'Ed Brubaker, la belle devrait jouer un rôle prépondérant dans le futur Captain America 3, et livre une copie quasi-parfaite pour sa première apparition.
Impossible de ne pas sourire lorsque Jasper Sitwell (lui même un beau clin d'œil aux fans de continuité) évoque son nom aux côtés de celui de Bruce Banner. Et si Kevin Feige avait déjà levé les doutes sur le côté officiel du projet Doctor Strange, le doute n'est plus permis et Marvel Studios poursuit sur une méthode qui lui a réussi : introduire nommément ses futurs projets auprès du grand public, film après film. Bien joué, on a marché (à fond).
Si l'on regrettera que Marvel ait levé le voile sur l'apparence de ses deux nouvelles recrues quelques jours avant la sortie publique de Captain America - The Winter Soldier, impossible de ne pas trembler devant la scène post-générique réalisée par Joss Whedon.
On soulignera que les producteurs n'ont pas le droit d'utiliser le nom de Mutant avec Pietro et Wanda Maximoff, et que l'appellation "Miracle" remplace comme il faut le gène si particulier des X-Men !
Mention spéciale pour Elizabeth Olsen qui livre une prestation déjà convaincante en l'espace d'une minute et d'un gros plan.
• Les éléments de continuité :
Moins évidents que les gros morceaux de fan-service ci-dessous, voici quelques petits éléments à relever pour les plus hardcore d'entre vous :
• Les réacteurs Stark des Héliporteurs
C'est après l'attaque de Hawkeye dans Avengers que Tony Stark s'aperçoit que le système d'hélices des vaisseaux du S.H.I.E.L.D est obsolète, et décide donc de le remplacer par des réacteurs Arc. On s'aperçoit que ce ne sera finalement pas beaucoup plus efficace...
• Hydra / Secret Warriors
On découvre dans le monologue d'Arnim Zola que c'est l'HYDRA, implantée dans le S.H.I.E.L.D. depuis toujours, qui a fait assassiner Howard Stark, père de Tony. De plus, on retrouve l'idée de cette infestation du SHIELD par l'organisation terroriste tentaculaire dans Secret Warriors, de Brian Bendis, Jonathan Hickman et Stefano Caselli.
• Nick Fury en Europe
Après une scène absolument badass à base de lunettes de soleil et de pierre tombale en référence à Pulp Fiction, Nick Fury annonce un départ en Europe, comme en sont habitués les lecteurs de Comics. Vers où (la Latvérie appartient à la Fox) ? Vers quoi (est-il au courant de l'existence des Twins et des expériences du Baron Von Strucker) ? Toutes ces réponses devraient se trouver dans Avengers : Age Of Ultron, où il nous a confirmé apparaître, avant de déclarer aujourd'hui que son rôle était mineur dans le prochain film de Joss Whedon.
• La chute du S.H.I.E.L.D
Les réalisateurs l'ont confirmé aux plus sceptiques : le S.H.I.E.L.D est bel et bien tombé à l'issue de Captain America - The Winter Soldier. Cela veut-il dire que Marvel annule la médiocre Agents of S.H.I.E.L.D au sein même de son film pour mieux la remplacer par la mini-série Peggy Carter la saison prochaine sur ABC ? Rien n'est moins sûr, mais les réponses devraient arriver le 8 Avril prochain, dans un épisode que l'on annonce décisif pour Coulson et les siens.
< Chapitre précédentII - Chris EvansChapitre suivant >Ce qui fonctionne moins bienParce que Captain America - The Winter Soldier n'est pas parfait, malgré son statut de "meilleur film de Marvel Studios" aux yeux de beaucoup (déjà !), revenons en trois points sur ce qui fâche (un peu) :
Loin d'être fabuleux dans The First Avenger, Bucky Barnes avait au moins le mérite d'être efficace et de ne pas nous rappeler l'héritage de Gossip Girl de son interprète. Et si le problème n'est pas l'acteur à proprement parler, puisque je n'ai rien de personnel contre lui, il est évident que sa direction n'était pas la bonne. Supposé jouer un personnage froid et vide, Sebastian Stan passe à côté de sa performance et offre un bilan à l'image de la mémoire de son alter-ego : sans relief. Certes, le mascara et le masque n'aident pas, mais on aimerait vraiment voir le niveau s'élever dans Captain America 3 (et dans le futur, puisque l'acteur est engagé pour 9 films avec Marvel Studios et pourrait fortement récupérer le costume et le bouclier de Chris Evans).
La belle (et talentueuse) star de la Jeune fille à la perle, Don Jon, Vicky Cristina Barcelona et j'en passe à beau clamer qu'elle souhaiterait un film solo autour de son personnage afin "d'éviter les clichés de la femme au sein de Marvel Studios", on peut difficilement mettre son jeu et ses chewing-gums au crédit de Kevin Feige. Celle qui souhaiterait voir les femmes représentées à leur juste valeur (et nous sommes on-ne-peut-plus d'accord avec elle à ce sujet) semble jouer l'inverse de ce qu'elle désire et nous offre une piètre performance à l'écran, usant d'avantage de ses charmes que de la personnalité de son hypothétique fabuleux personnage. Rien de dramatique, mais définitivement pas le bon casting pour l'héroïne créée par Stan Lee et Don Heck. Mention spéciale à sa doublure en revanche, qui encore une fois assure les cascades à la perfection.
On le sait, Marvel Studios ne sont pas les champions de la minutie, en témoigne les acteurs Québecois engagés pour Iron Man 2 à l'époque, et bien loin de renvoyer la réalité de la ville de Monaco aux millions de spectateurs du film. Si on pouvait passer aisément sur ce détail, on aurait aimé que les producteurs se remobilisent et évitent de reproduire un tel écueil à l'avenir. Loupé, puisque la seconde scène du film qui met en scène les terroristes Français menés par un George St-Pierre tout en puissance nous offre à la fois de mauvais acteurs, et une vraie raison de se marrer pour le public francophone.
Évidemment, ce n'est rien, mais ça démontre ce qui manque encore dans l'état d'esprit de Marvel Studios pour livrer de vrais chefs d'œuvres, peaufinés jusque dans ce genre de détails, tout juste bons à leur taper un peu sur les doigts de temps en temps. Et qui aime bien châtie bien, non ?
Que le jeune Clarence de 8 Mile a bien grandi ! Après avoir bourlingué à Hollywood, entre Spike Lee et Biopic de Biggie où il jouait Tupac, en passant par Abraham Lincoln : Chasseur de Vampire, Gangster Squad et Real Steel, Anthony Mackie semble s'être trouvé un personnage taillé pour le cinéma d'action depuis l'excellent et surprenant Pain & Gain de Michael Bay.
Dans Captain America - The Winter Soldier, sa performance a beaucoup à voir avec celle d'Adrian Doorbal aux côtés de Marky Mark Wahlberg et Dwayne Johnson, mais bénéficie en plus d'une couche d'écriture bienvenue, faisant de lui le symbole des Vétérans au sein de l'univers Marvel.
"Comme Steve Rogers mais en moins rapide", Sam Wilson alterne entre dialogues bien sentis et scènes d'action colossales, accompagnant à merveille Chris Evans dans son rôle de sidekick de luxe. Tony Stark a son James Rhodes, Cap a désormais lui aussi des personnages qui pourront venir l'appuyer dans ses films solo, à défaut d'être assez importants aux yeux de Kevin Feige et des siens pour intégrer le roster ultime que sont les Vengeurs.
Dernier bon point pour lui : ses origines en tant que Super-Héros, qui le renvoient au contexte guerrier de ses jeunes années en plus de l'ancrer dans un passé commun avec Black Widow et de justifier son costume de manière pragmatique et efficace. Une réussite de la première à la dernière scène.
Anthony Mackie & Sebastian Stan parlent du combat face à Batman VS Superman en 2016 :