Note de Republ33k : Pour cette nouvelle itération de Please Hollywood, Fabjove me remplace de la plus belle des manières, en imaginant une adaptation de Joe l'Aventure Intérieure (Urban Comics) !
Dans ce nouveau numéro de votre rubrique préférée, on lie les univers du rival privilégié d'Alan Moore, et celui d’un réalisateur qui m'est très cher. Au programme, voyage intérieur, et mélanges des techniques.
Vous le savez, Joe The Barbarian, ou Joe, l’Aventure Intérieure, est une œuvre majeure, une superbe aventure onirique et correctement référencée au cœur de l’imaginaire d’un adolescent de notre temps. Je pense que, enfants comme adultes, tout le monde peut se retrouver dans cette histoire, aussi bien épique qu'émouvante, qui capte de manière idéale l'essence de ce qu'est cette période fascinante qu'est l’enfance, tout en interrogeant de manière simple notre rapport à la réalité à travers le parcours fantasmé de ce personnage dans un univers de Fantasy qui constitue pour lui une échappatoire.
Joe The Barbarian est donc une œuvre parfaite pour le grand écran. A l’heure où la créativité fout de plus en plus le camp vers le petit écran, une adaptation de la bande dessinée de Grant Morrison constituerait un coup de poker intéressant, déjà car elle exploiterait plusieurs registres trop rares dans le contexte actuel, mais aussi par ces thèmes profondément cinématographiques. Un enfant, qui doit devenir un héros, proche du fameux monomythe (à la mode dans les années 80), une quête presque initiatique dans un univers que nous découvrions peu à peu à travers ses yeux, et une pointe de poésie.
Adolescent en difficulté & diabétique, Joe vit constamment sous la menace de crises d’hypoglycémies. Frappé par l’une d’elle, Joe voit son combat contre la mort être transposé dans un univers fantastique où il doit sauver, à l’aide de ces jouets, transformés en guerriers, le Royaume de Fer des griffes de la mort, et ramener la lumière à Jouetville.
Selon moi, le meilleur réalisateur pour porter à l’écran l’une des meilleures bandes dessinées indé' de ces dernières années, c’est Ari Folman. Le réalisateur des deux chefs d’œuvres absolus que sont Valse avec Bachir et Le Congrès est un maitre en matière d’animation 2D, et saurait parfaitement s’accommoder de l’étrangeté qui se dégage de l’œuvre de Grant Morrison. Ses films, qui comme annoncés, mélangent parfaitement les techniques : de l’animation, en passant par le stop-motion ou la prise de vue réelle, et prennent souvent la forme tantôt de thérapie, tantôt celle d'un trip halluciné mêlant une richesse thématique hallucinante à une certaine forme de poésie, par l’image précieuse, rare aujourd’hui. Si vous ne connaissez pas encore Ari Folman, je vous conseille fortement ses films, mais avant tout, faites l’effort d’imaginer celui que je vous présente aujourd’hui.
Connaissant la vision de l’auteur qu’est Ari Folman, on imagine donc un film qui comme Le Congrès, jouerait sur les niveaux de réalité en alternant des scènes en prises de vues réelles (qui représenterait la lutte réelle de son protagoniste) et des scènes d’animation 2D, qui concilierait l’approche esthétique particulière du réalisateur israélien, avec celle de Sean Murphy et Dave Stewart, notamment par l’intermédiaire de la direction photographique, qui devrait être un hommage aux couleurs magnifiques du dernier cité. L’animation devra malgré tout être un poil plus fluide que dans les autres films d’Ari Folman, notamment en ce qui concerne les scènes d’action. Le film, qui laisserait bien entendu beaucoup de place à la psyché de son personnage principal devra adopter un ton semblable aux films d’aventure de notre enfance, en plus de sa grande liberté au niveau visuel, avant que la réalité ne reprenne ses droits.
Enfin, puisque l’émotion est un élément essentiel de l’œuvre qu’on évoque aujourd’hui, un score du partenaire privilégié d’Ari Folman, Max Richter serait le bienvenue, pour accompagner les images du film. On imagine facilement de sa part un thème principal aussi bien épique que subtil, faisant des standards actuels en la matière quelque chose d’intéressant.
Pour le personnage de Joe, j’appelle Tye Sheridan. Le jeune acteur américain en plus de correspondre physiquement à l’idée de l’adolescent américain typique, possède une palette d’émotions large, et a déjà prouvé à de nombreuses reprises qu’il était capable de porter un film sur ses épaules : Déjà dans Mud, sur les rives du Mississippi, où il vole presque la vedette à Matthew McConaughey, mais surtout dans Joe, où il livre une des meilleures performances récentes pour un acteur débutant.
Le personnage secondaire principale, Jack, (ou Chakk), le rat géant, serait lui un casting de doublage. Et la voix que j’aimerais la plus entendre est celle de Peter Cullen. L’Optimus Prime de Micheal Bay serait absolument parfait dans le rôle de guide qu’a l’animal de compagnie au sein de l’histoire, accompagnant le héros de sa voix grave dégageant un charisme naturel.