Il aura fallu patienter tout l'été pour que l'event Dark Nights : Metal démarre et le mois de septembre marque le véritable coup d'envoi avec la sortie de ce second numéro et l'arrivée progressive de multiple tie-ins et one-shots. Le Dark Multiverse est prêt à ouvrir ses portes. Pour autant, Scott Snyder n'oublie pas certains de ses tics narratifs. Regardons de plus prêt cette nouvelle lancée.
Oubliez le cliffhanger du mois dernier et repartons comme pour le premier numéro avec une scène produite plus pour un côté fan-service que pour une véritable progression narrative. Batman est parti avec "l'arme la plus puissante de l'univers" et toute la Justice League est à sa recherche pour l'empêcher de l'utiliser. Comme il l'avait fait avec le début de son arc Endgame, Snyder montre que le Chevalier Noir a toujours un temps d'avance sur ses collègues justiciers, mais on se retrouve ici avec une action plus maîtrisée, quelque chose d'un peu moins brut que par le passé. Et surtout plus cohérent, à l'inverse de l'idée de Batman comme "one-man army" qui trouve ses limites. On pourra malgré tout soupirer de voir une longue ouverture qui n'apporte pas grand chose à l'histoire. Faites l'essai, lisez le numéro avec ou sans cette première moitié, le résultat reste le même. Et comme dans Dark Nights : Metal #1, on termine la première partie sur un cliffhanger qui ne sera jamais résolu. On pourrait se dire que ça commence mal, mais le propos s'améliore par la suite.
Il ne faut pas croire que Snyder a laissé tomber ses envies de connecter Metal au reste de l'historique de DC, et à son long run de Batman. En témoigne quelques références, certaines nouvelles, qui nous replongent dans une certaine richesse de l'univers DC, et qui viennent appuyer son idée du "tout est lié". On peut soupirer à quelques reprises, d'autant plus qu'un élément est vraiment amené de façon totalement incohérente/gratuite (et qui contredit la fin du précédent numéro). Je serai bien curieux de savoir si Johns a eu son mot à dire là-dessus. Mais si on adhère au principe du "plus c'est gros, plus ça passe", alors le contrat est rempli.
L'idée de raccrocher définitivement les wagons à Final Crisis et Return of Bruce Wayne donne un sentiment de grandeur à cet event qui ne peut qu'exciter le lecteur et fan de longue date. Scott Snyder revient aussi à ses envies d'explorer l'histoire de DC en reprenant sa mythologie appuyée des tribus ancestrales, ou en ré-amenant les fameux Immortal Men. Mais qu'on se rassure, le numéro est plus accessible qu'à ses débuts, et ne devrait pas nécessiter un dossier complet pour le comprendre (je me tâte malgré tout à vous livrer un petit papier pour l'accompagner).
De fait, les évènements s'emballent véritablement dans la dernière partie, avec la venue tant attendue d'une menace dont on n'avait fait qu'effleurer le nom jusqu'à présent. Et c'est là que les envies de Snyder se matérialisent. De Barbatos aux Dark Knights en passant par le Dark Multiverse, on rentre enfin dans le vif du sujet, et les perspectives pour la suite sont véritablement intrigantes. On pourra toujours regretter un certain manque d'inédit, notamment lié au fait que l'utilisation, par exemple, de Dream, reste cryptique, sinon anecdotique, mais le potentiel continue de se faire ressentir, surtout concernant le devenir de trois personnages en particulier. Et s'il fallait dire un mot concernant les personnages en général, ainsi que leur caractérisation, Snyder s'en sort là aussi bien (et ça ne lui a jamais été reproché de toute façon).
Au niveau visuel, Greg Capullo fait véritablement plaisir aux yeux. Je mentionnais une certaine inutilité pour l'histoire de la séquence d'ouverture, mais elle permet à l'artiste de dépeindre les personnages de l'univers DC dans des pages riches avec une action claire, donnant la part belle à la Justice League avant de se concentrer sur quelques nouveautés. Et là aussi on retrouve une certaine force de son trait dans une atmosphère plus étouffante, mystique, et on retrouve également l'inspiration horrifique qui transpirait dans Death of the Family. Les dernières planches, pour ce qu'elles montrent, sont clairement réussies et il tarde de voir tout ce petit monde en mouvement. Il faudra juste faire usage de patience - et c'est là qu'on voit que le rythme bi-mensuel a quelques fois de certains avantages vis-à-vis de la patience du lectorat.
Dark Nights : Metal #2 suit un schéma assez similaire au premier numéro, avec une première moitié juste là pour faire du fan-service, et l'impression encore d'être dans une partie introductive. Mais le numéro est également bien plus accessible, développe enfin concrètement certaines des grandes idées de l'event, et profite de planches d'un Capullo visiblement bien motivé par l'idée de mettre son trait au service du Dark Multiverse. C'est donc bien encourageant même s'il faudra encore attendre pour pouvoir statuer de la réussite de Metal. Mais à cette heure de la lecture, il faut reconnaître un certain enthousiasme. Parce que si Snyder a toujours voulu mettre des idées osées, elles se posent là dans une certaine harmonie. Le rendez-vous au mois prochain est donc assuré.