Si le cinéma s'est emparé de la matière comics et de l'intérieur des pages de super-héros, on ne trouve pas de grands biopics consacrés aux artistes, temps forts et histoires vraies de notre industrie. La musique et le cinéma lui-même font régulièrement l'objet d'adaptations romancées du réel, mais la BD à l'Américaine, elle, n'intéresse que pour sa production.
Le récent Professor Marston, incapable de se trouver une distribution dans les salles d'Europe, met le doigt sur ce problème. Dans cette perspective, difficile d'imaginer un biopic sur Kirby ou la vie passionnante d'artistes comme Wally Wood, Jim Starlin, Stan Lee ou Frank Miller (qui à lui seul mériterait un biopic d'Oliver Stone).
De son côté,
Rob Liefeld n'est pas de cet avis. Incapable d'occuper son temps libre autrement qu'en classant ses nombreux billets de 500 dollars du plus lisse au plus râpeux (ce qui prend du temps,
leur nombre ne faisant qu'augmenter depuis peu), le sympathique
Rob a décidé de montrer un projet de mise en scène. Le sujet ? Raconter l'histoire d'
Image Comics, la vraie.
Le père de Deadpool et des Youngblood explique avoir déjà commencé à travailler sur un scénario, et contacté des "grands" producteurs intéressés. Voilà comment celui-ci décrit son projet :
"Je veux passer derrière la caméra, je veux réaliser, et ce que je veux c'est un petit film sur la création d'Image Comics. Comme The Social Network, comme Le Loup de Wall Street. C'était dingue.
Si on lève le voile sur les années 91 à 96, sept gars qui se sont dits 'on devrait former notre compagnie' et la façon dont ça a changé le monde et le monde de la culture pop'. Littéralement, ça a donné une bande de types qui se débrouillaient bien, et ont aujourd'hui des millions de dollars sur leur compte en banque."
L'idée serait donc de revenir sur la formation d'Image depuis les jeunes talents de Marvel, en prenant le point de vue de Todd McFarlane, Jim Lee, Whilce Portacio, Marc Silvestri, Erik Larsen, Jimmy Valentino et Liefeld lui-même. Là où on ne doute pas qu'il y ait là matière à une bien belle histoire effectivement, on peut raisonnablement douter de la capacité de metteur en scène du père d'Extreme Studios.
En particulier si c'est bien
Liefeld lui-même qui écrit le scénario - il est plus que probable que celui-ci présente une vision plutôt tronquée de l'histoire officielle. Au cours de laquelle, on le rappelle,
Silvestri aura claqué la porte pour ne plus travailler avec lui, avant de revenir et d'obtenir son départ à main levée avec l'accord de tous les autres membres de l'équipe éditoriale.
Liefeld n'évoque pas ce petit détail dans l'élaboration de son projet. Il se contente de parler de l'impact d'Image sur la culture moderne, et de cette époque dorée où tout était à construire. Pour l'heure, on regrettera que cette facette de la société soit la seule qui semble intéresser le travail documentaire, là où les meilleures années d'Image en terme de qualité et d'auteurs d'envergure sont en fait survenues entre la fin des années 2000 et l'ère moderne.
En attendant on est content de voir que
Liefeld a trouvé de quoi s'occuper dans l'immédiat, même si le projet devra attendre qu'il termine le fort en lingots commencé en mars dernier
suite à un sympathique coup de bourse (et pas d'excuses
Bobby, tu commences, tu finis. Qu'est-ce que c'est que cette attitude?).