Alors que la SDCC 2018 nous garantissait de retrouver Chelsea Cain sur un titre The Vision au cours de cet automne, les derniers rebondissements nous auront appris l'annulation de la série - et par la même occasion la fin des relations entre l'autrice et l'éditeur.
Chelsea Cain expliquait récemment que Marvel lui avait demandé de ne pas faire trop de bruit quant à l'annulation de The Vision, fruit d'un travail long de deux ans, alors que quatre numéros étaient déjà achevés. Une directive qui n'a pas plu du tout - on le comprend - à l'autrice, qui aura payé le prix fort en échange de la liberté de s'exprimer.
"Marvel voulait que ce soit discret, avec l'implication - même pas, le sous-entendu qu'ils auraient d'autres projets pour moi dans le futur si l'on pouvait garder ça propre, et ne faire passer personne pour méchant. Je n'ai vraiment pas aimé qu'on me dise de ne pas en parler. Je n'ai pas aimé qu'on me dise qu'ils voulaient simplement le glisser à la presse et ensuite laisser filer, et que personne ne puisse approfondir l'histoire, que ce soit pas des interviews ou en répondant aux questions, même en ligne.
Je n'existe plus pour eux. J'imagine que j'ai au moins la liberté de ne plus avoir à m'en soucier."
Une conséquence de cette prise de position contre les demandes d'un éditeur qui, d'après Cain, n'est pas le seul à agir de la sorte. Elle poursuit en effet sur l'idée que de nombreuses personnes dans l'industrie sont ainsi soumises à un contrôle de leurs propos : "J'ai tellement d'amis dans l'industrie du comics à qui ce genre de choses arrive, d'une façon ou l'autre, et personne ne peut en parler. Ils leur disent toujours quels messages ils peuvent partager, et quelles sont les choses pour lesquelles ils doivent mentir. Et il faut le faire, sinon tu n'auras plus de job."
On comprendra que, comme dans toute industrie, il existe un certain secret professionnel et des choses qu'un éditeur ne souhaite pas communiquer publiquement. Mais la question du droit de réponse des auteurs impliqués dans les projets annulés est autre, d'autant plus lorsqu'un travail est saboté. A titre d'exemple, on pourrait aussi demander à Stejpan Sejic les raisons qui ont poussé DC à lui demander de re-dessiner les premiers numéros de Justice League Odyssey. D'autres exemples ont été mis en lumière récemment via le hashtag "share your rejections".
Déjà harcelée sur les réseaux en 2016 pour le titre Mockingbird, Chelsea Cain est encore loin d'avoir terminé son combat dans l'industrie du comics, en espérant que cette affaire permette de délier les langues par la suite. Cela étant, comme elle le rappelle elle-même, c'est parce que sa carrière ne se limite pas à la bande-dessinée et qu'elle risque donc moins à se brouiller avec l'un des Big Two qu'elle peut se permettre cette déclaration - la plupart des auteurs sont, eux, tenus au secret par le chantage implicite d'être catalogués comme "inemployables" ensuite.
On retrouvera bientôt Chelsea Cain chez Image Comics pour la série Man-Eaters.
