Contrairement aux diffuseurs conventionnels, Netflix pose la difficulté de ne jamais révéler ses chiffres d'audiences. La plateforme se réserve le droit de ne pas communiquer sur sa méthode de validation/renouvellement de programmes, orchestrant parfois un sentiment de dépossession du côté des spectateurs fidèles - comme dans le cas des séries Sense8, ou The Get Down.
Or, tandis que Netflix vient tout juste d'annuler coup sur coup Iron Fist et Luke Cage, d'aucuns se posent des questions quant à l'avenir du modèle collaboratif qui unissait autrefois les proto-Defenders à la marque, au moment où Disney prépare son propre service de streaming concurrent. Et pendant que certains signent des pétitions (ne riez pas du handicap, nous sommes tous responsables), d'autres cherchent surtout à comprendre.
L'observateur Business Insider a ainsi profité d'une enquête mené par le cabinet d'analyse de consommation Crimson Hexagon, qui tente de se référer au "bruit" des réseaux sociaux vis a vis de chaque série, supposé être le reflet des audiences réelles. Le pari est discutable, mais il n'existe, encore une fois, pas d'autres chiffres disponibles.
Le nombre d'interactions sur les réseaux liés à chaque série est plutôt éloquent, sur la vitesse à laquelle Cage et Fist ont réussi à lasser le public. La seconde saison de l'une et l'autre se seront divisées par six en moyenne, démontrant le désintérêt public pour ses séries passées le cap de la découverte.
Des chiffres similaires sont à retrouver pour la diffusion de Daredevil et Jessica Jones, laissant sous-entendre que la situation de ces deux séries pourrait elle-aussi être périlleuse, quoi que les scores soient largement supérieurs. Du côté de Netflix, le bilan est capricieux : avec plus de vingt milliards de dettes accumulées l'année dernière, pour financer un appétit toujours plus vorace de contenu à diffuser, le distributeur s'est récemment fendu d'un emprunt supérieur de deux milliards.
Les deals passés avec de gros studios (telle que la Paramount) pour acquérir les droits de diffusion à l'international de certains projets, voire de diffusions exclusives pour des films rejetés par les majors, auront amené la plateforme à devenir plus sélective. D'un autre côté, Marvel Studios n'entend plus travailler avec sa branche télévision dans la même optique de synergie qu'au départ du projet Defenders (les deux univers ne se répondent presque plus aujourd'hui), et Netflix de son côté n'a peut-être pas intérêt à maintenir un partenariat à sens unique avec Disney. Surtout quand les chiffres n'y sont pas.